Partager la publication "Qui arrêtera la fronde des maires anti-pesticides ?"
C’est un groupe d’irréductibles qui grossit de jour en jour, et fait pression sur le gouvernement. Créé fin août, le collectif des “Maires anti-pesticides” compte aujourd’hui une soixantaine de membres. Tous ont pris des arrêtés interdisant ou restreignant l’usage de ces produits.
Des édiles “hors la loi”, puisque les communes ne sont pas compétentes pour prendre des décisions sur l’utilisation de produits phytosanitaires.
Ces frondeurs viennent de zones rurales mais aussi urbaines, et désormais de grandes villes : Paris, Grenoble, Clermont-Ferrand, Lille et Nantes se sont associées au mouvement jeudi. Le département du Val-de-Marne a même rejoint le collectif.
“Il est de notre devoir de protéger la biodiversité et la santé de nos concitoyens, en application du principe de précaution”, justifie Florence Presson, adjointe au maire de Sceaux (92) en charge de la transition écologique, qui a lancé le site et le compte twitter des maires anti-pesticides.
Elle ajoute : “Avec ce groupe, nous espérons faire entendre notre voix et nous soutenir les uns les autres. Nous montrons que nous ne sommes pas un petit groupe d’illuminés que l’on fait taire d’une pichenette !”
Avant l’été, ils n’étaient pourtant qu’une poignée de frondeurs. Le plus médiatisé a été le maire breton du village de Langouët (Ille-et-Vilaine) dont We Demain vous avait parlé ici, qui a pris dès le 18 mai un arrêté établissant une distance de sécurité de 150 mètres entre les épandages et les habitations. Un arrêté suspendu fin août par le tribunal administratif.
Ce procès suscite un élan de solidarité chez d’autres maires, et pousse le gouvernement à clarifier sa position. Le 7 septembre, il explique vouloir fixer une distance minimum… de cinq à dix mètres entre les épandages de pesticides et les habitations. Mais cette proposition est jugée “très insuffisante” par les associations écologistes et ne fait qu’accroître la polémique.
Il est vrai que ce projet de décret gouvernemental suit a minima un avis de l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) publié en juin. Le document n’a évalué l’exposition de résidents qu’à ces seules distances (2-3, 5 et 10 mètres), qui ont donc été retenues. D’autres régions du monde ont été plus strictes, comme la Wallonie, imposant une distance de 50 mètres près des écoles par exemple.
Irréaliste, dénoncent les agriculteurs de la FNSEA, qui estiment que des distances de sécurité de 100 à 150 mètres les priverait de “15 % à 20 % de la surface agricole française”, et demandent plutôt des décisions au cas par cas. Les écologistes rétorquent que ces espaces resteront cultivables… mais sans pesticides.
Désormais, les maires de grandes agglomérations montent aussi au front. En soutien aux zones rurales. Mais ils se disent aussi concernés. Pour rappel, le glyphosate est aujourd’hui interdit dans les espaces verts publics et les jardins des particuliers, mais “pas dans les copropriétés qui représentent des espaces conséquents, ni dans les espaces privés comme les voies de la SNCF”, explique Florence Presson, de la ville de Sceaux. Ces maires “urbains” réclament donc une interdiction totale sur leur territoire.
Pour trancher la question, le gouvernement a finalement lancé lundi une consultation en ligne, ouverte à tous jusqu’au 1er octobre. Faut-il établir des règles plus strictes partout en France ? Laisser les maires prendre des décisions selon les situations locales ?
Tous les citoyens sont appelés à s’exprimer. Le gouvernement devrait trancher d’ici le mois de novembre.
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