Partager la publication "Réchauffement climatique : les pays du G7 plus proches des +2,7 °C que des +1,5 °C de l’Accord de Paris"
Le rapport sur les entreprises du G7 et le changement climatique réalisé par le CDP est sans appel. L’ONG scrute chaque année les faits et gestes des plus grandes entreprises dans le monde (environ 4 000 firmes à date). L’objectif est d’en savoir davantage sur leurs initiatives mises en place face au changement climatique. Dans son dernier rapport, publié en septembre 2022, le CDP dresse un constat pour le moins pessimiste à l’approche de la COP27, qui aura lieu en Égypte à Charm el-Cheikh du 6 au 18 novembre prochain.
“Dans un contexte mondial difficile d’insécurité énergétique, de hausse de l’inflation et de conditions météorologiques extrêmes dans de nombreuses régions, la vision de la COP27 de maintenir en vie l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris est plus critique que jamais. Pourtant, notre analyse montre que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) divulgués publiquement par les entreprises des économies du G7 sont encore suffisamment ambitieux pour s’aligner sur une trajectoire de décarbonation de 2,7 °C”, explique le CDP.
“Sur la base des objectifs actuels de réduction des émissions fixés par les entreprises, aucun pays du G7 n’a de secteur d’entreprise susceptible de se décarboner assez rapidement pour atteindre l’objectif de 1,5 °C”, note le CDP dans un communiqué. Les deux pays les mieux placés du G7, l’Allemagne et l’Italie, sont sur une trajectoire de +2,2 °C. S’en suivent la France (+2,3 °C selon la tendance actuelle), le Royaume-Uni (+2.6 °C) et les États-Unis (+2.8 °C). Les entreprises canadiennes sont, de très loin, les pires avec des émissions de GES alignées sur une hausse de 3,1 °C des températures.
“Il est inacceptable pour n’importe quel pays, et encore moins pour les économies les plus avancées du monde, d’avoir des industries affichant si peu d’ambition collective, dénonce Laurent Babikian, directeur monde des marchés de capitaux du CDP. Forts de ces informations, les gouvernements, les régulateurs, les investisseurs et le public doivent exiger davantage des entreprises à fort impact sans objectifs climatiques.”
Même si les pays de l’Union européenne (UE) ne sont pas en conformité avec l’Accord de Paris de 2015, le CDP souligne néanmoins que l’ensemble des secteurs industriels européens font davantage d’efforts que leurs homologues nord-américains et asiatiques.
“Par exemple, le secteur européen de la production d’électricité est en avance sur tous les secteurs du monde avec un réchauffement de 1,9 °C. À titre de comparaison, la trajectoire est de 2,1 °C pour les entreprises nord-américaines et de 3 °C pour les entreprises asiatiques. La fixation d’objectifs dans l’industrie en Europe est beaucoup plus avancée, avec environ 80 % de toutes les émissions couvertes par un objectif de 2°C ou mieux.”
Le CDP révèle entre outre que les entreprises européennes dans leur ensemble ont fait de vrais efforts en termes de lutte contre le réchauffement climatique ces dernières années. Mais cela ne sera pas suffisant pour autant, sans une véritable accélération vers la transition écologique. Dans l’ensemble, le secteur des entreprises européennes est passé d’une trajectoire de 2,7 °C en 2020 à 2,4 °C en 2022. Une amélioration que le CDP attribue au fait que le nombre d’entreprises mettant en place des mesures de lutte basées sur les objectifs scientifiques (Science-based targets ou SBTs) a bondi de 85 % sur cette période.
“Collectivement, les entreprises ayant des objectifs scientifiques ont réduit leurs émissions de 25 % depuis 2015, contre une augmentation de 3,4 % des émissions mondiales provenant de l’énergie et de l’industrie” qui, elles, n’appliquent pas ces SBTs dans la plupart des cas.
Mais, selon un projet de document consulté par Reuters, l’Union européenne envisagerait de relever son objectif de lutte contre le réchauffement climatique dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat. Une réévaluation qui pourrait avoir lieu lors de la COP27. À l’heure actuelle, l’UE s’est engagée à réduire ses émissions nettes de 55 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Il est possible que les pays membres ne décident de relever de quelques points cet objectif. Un véritable scénario catastrophe pour la planète si tel est le cas. Et une décision qui irait en totale contradiction avec le dernier rapport du GIEC qui rappelle que “c’est maintenant ou jamais”.
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