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Réparer est-il toujours bénéfique ? Décryptage avec une veste outdoor

Acheter du neuf ou réparer, quel est l’impact environnemental de chaque démarche et quelle est donc celle à privilégier ? Une question que l’on se pose souvent quand un accroc apparaît ou que les qualités intrinsèques du vêtement se dégradent. Pour en avoir le cœur net, le fabricant français Millet Mountain Group (MMG) et le spécialiste de la réparation de vêtements de sport outdoor Goodloop ont mené l’enquête en prenant l’exemple d’une veste Gore-Tex.

Ils ont porté leur attention sur la Kamet Light Gore-Tex de Millet. Avec l’aide d’AIR Coop, spécialiste dans l’analyse du cycle de vie, ils ont réalisé l’analyse du cycle de vie du produit. Les résultats de cette étude ont été présentés dans le cadre d’OSV Explore, ce jeudi 12 octobre 2023, à Chamonix. Cet événement, organisé par Outdoor Sports Valley, accélérateur de la filière outdoor, est l’occasion d’explorer les différentes pistes pour un avenir durable du secteur.

Des composants qui font l’essentiel de l’impact carbone de la veste

“Cette veste a été fabriquée dans nos usines en Hongrie, explique Bénédicte Desreux, CSR & Quality Manager chez MMG. Destinée aux activités outdoor, elle est dotée d’une membrane Gore-Tex. Elle n’a bénéficié d’aucun effort d’écoconception et tous les composants ou presque viennent d’Asie. Elle a donc un impact carbone certain lors de sa création.” Première étape : évaluer cette empreinte environnementale avec l’aide d’AIR Coop. Il en ressort que 96 % de l’impact de la veste sur le réchauffement climatique provient de la phase de production.

La veste Kamet Light de Millet est un de leurs best-seller. Crédit : Millet.

Les composants représentent la plus grosse part du total de l’impact carbone. “On parle ici de l’extraction des matières premières nécessaires pour fabriquer le matériau principal de la veste. Cela représente 82 à 89 % de l’impact des composants. À titre de comparaison, le zip central représente 1 à 4 % de l’impact total des composants”, détaille Bénédicte Desreux. C’est pourtant lui qui est en cause dans 40 % des retours pour réparation.

Différentes pistes pour limiter l’impact carbone de la veste étudiée

Pour le bien de la planète, une piste est d’allonger la durée de vie de cette veste, vendue 430€ sur le site de Millet, (qualité des composants, soin lors du montage…). Autre possibilité : opter pour des composants moins polluants. Mais il faudrait conserver le même niveau de performance, ce qui n’est pas simple. “Le troisième levier, c’est aller chercher au niveau des mix énergétiques des usines qui fabriquent la veste afin d’opter pour davantage de renouvelables. Mais tout cela est chronophage et onéreux. Or, il y a un dernier levier plus simple et rapide à mettre en oeuvre : la réparation, pointe Bénédicte Desreux.

“Si au bout de quelques années, le zip principale casse, vous avez deux solutions. La première, c’est d’aller acheter une nouvelle veste. La seconde, c’est de la faire réparer. Nous avons voulu voir laquelle de ces deux options serait la moins impactante pour la planète. Et dans quelle mesure”, déclare Solenne Bécart, cofondatrice de Goodloop.

Les deux scénarios étudiés par l’étude. Crédit : MMG/Goodloop.

La réparation, option la plus bénéfique, et de loin

Les résultats de l’étude sont sans appel : la réparation – donc l’allongement de la durée de vie de la veste – permet de contenir l’impact environnemental de la veste. Par rapport à l’achat d’une veste neuve, réparer un modèle déjà utilisé permettra de baisser d’au moins 44 % quatre catégories d’impact. Celles-ci sont les suivantes : le changement climatique, l’utilisation des ressources fossiles, l’eutrophisation des eaux douces et les particules fines.

La réparation permet de réduire l’impact
environnemental de la veste d’au moins 44%
sur quatre catégories d’impact.

“Les calculs réalisés dans notre étude démontrent par ailleurs que la réparation telle qu’étudiée reste bénéfique si elle est réalisée dans un périmètre de 1 175 kilomètres autour de l’utilisateur, ajoute Solenne Bécart. Au-delà de cette distance, bien que l’impact reste positif sur trois catégories d’impact, on observe un effet nul voire négatif sur l’eutrophisation des eaux douces. Cela démontre l’importance de multiplier des solutions de réparation à l’échelle la plus locale possible, au maximum à l’échelle française.

Il est nécessaire de multiplier des solutions de réparation à l’échelle la plus locale possible, au maximum à l’échelle française.

Créer des solutions hybrides de réparation

Bénédicte Desreux est formelle : “Cette étude permet d’affirmer de manière formelle que la réparation de la veste réduit significativement son empreinte. En prolongeant de plusieurs années sa durée d’utilisation, on évite ainsi son remplacement par une veste neuve, dont la fabrication a un important impact environnemental.”

Mais réparer n’est pas une solution à mettre en place pour les entreprises. C’est pour cela que Goodloop propose ses services, soit directement auprès du grand public via son application ou en marque blanche pour le compte de marques. L’étude a permis au service d’affiner sa stratégie : “Nous allons aller vers un modèle hybride : un à trois ateliers centralisés complétés par des antennes locales là où nous avons le plus de demandes (Chamonix, Chambéry et Annecy actuellement). Cela sera complété par des activations physiques pour faire connaître la démarche”, résume Solenne Bécart.

De son côté, le Millet Mountain Group gère déjà la réparation en interne. Il dispose en effet d’un atelier de réparation historique dans le Nord de la France. À noter enfin que Lafuma, marque outdoor appartenant au même groupe, vient même d’annoncer ce lundi 9 octobre qu’elle lançait la réparation gratuite à vie de tous ses produits. Un vrai pas en avant.

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