Les principaux objectifs du revenu de base ou revenus d’existence ? Éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités et les injustices sociales, émanciper l’individu. Il s’agit d’un véritable changement de paradigme visant à sortir du cauchemar d’une « société de travail sans travail ». De faire un pas de côté pour tenter de trouver une issue au cycle fou de la croissance – véritable syndrome du hamster tournant en rond dans sa cage – pour réduire notre empreinte écologique et cesser de détruire les hommes et les écosystèmes. « Dans un pays riche comme le nôtre, chaque individu doit avoir accès aux biens et services essentiels », insiste Baptiste Mylondo, essayiste et enseignant en économie et philosophie politique.
Émancipation des individus
Pour que ce revenu ait un sens et libère de la misère, il faut qu’il soit suffisant, insiste le philosophe écologiste André Gorz, qui s’est rallié à l’idée à la fin des années 1990. Car seul un revenu suffisant permet de refuser les emplois indignes et pénibles tout en donnant aux individus « les moyens de se prendre en charge ». Des chiffres? Yoland Bresson, fondateur de l’Association pour l’instauration du revenu d’existence, propose 330 euros par personne et par mois ; le collectif Pour un revenu social, universel et inconditionnel (Pours), un montant de 1000 euros; tandis que Bernard Friot, héraut du salaire à vie, réclame, lui, 1500 euros mensuels minimum.
Depuis quelques années, l’idée du revenu de base essaime un peu partout à la surface du globe : au Brésil, en Inde, en Namibie, mais aussi en Europe, où des banderilles ont été plantées avec plus ou moins de succès en Finlande, en Espagne et en Suisse. « Et si la révolution du revenu de base venait de Suisse? », s’interrogeait, en mai dernier, le journaliste et activiste Stanislas Jourdan sur le site Internet Revenudebase.info. Une initiative populaire pour un revenu de base y a été lancée en avril 2012. Le but ? Assurer à tout citoyen un revenu mensuel de 2500 francs suisses (environ 2000 euros). En juillet dernier, un mois avant la clôture de la phase de collecte, les organisateurs avaient recueilli 125000 signatures, plus que le seuil des 100 000 paraphes requis.
Le projet de loi qui naîtra de cette pétition sera soumis, dans un second temps, au peuple suisse par voie de référendum dans un délai d’un à cinq ans. L’introduction d’un revenu de base au sein d’une des économies les plus riches et les plus développées de la planète peut surprendre. Pied de nez de la démocratie directe ? « La Suisse joue un peu le rôle de thermomètre en Europe où les citoyens sont privés d’outils démocratiques équivalents. La question d’un revenu de base se pose aussi en Suisse parce qu’il existe d’importantes disparités de revenus », note Ralph Kundig. De 7 % à 8 % des citoyens enviro y vivent en effet sous le seuil de pauvreté.
Réaffecter les dépenses sociales
L’initiative a-t-elle des chances d’aboutir ? …
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