Partager la publication "Sobriété, frugalité… et si on vivait mieux avec moins ?"
Surconsommation, gaspillage, gabegie… si les derniers rapports du GIEC et les effets incontestables du réchauffement climatique cet été incitent à la sobriété et à la frugalité, ces notions restent parfois floues pour bon nombre d’entre nous. Le sujet est pourtant particulièrement à l’ordre du jour actuellement, tant le pouvoir d’achat est mis à mal ces derniers mois. Or, la réduction de son impact environnemental a cela d’intéressant qu’elle est à la fois bonne pour la planète mais aussi intéressante pour le portefeuille puisqu’elle permet de faire des économies. Ce n’est pas tant de la décroissance que de la consommation responsable.
Cette philosophie, Philippe Lévêque l’a fait sienne il y a plus de dix ans. C’est en effet en 2012 qu’il a publié son Guide Ecofrugal dans lequel il décrit les solutions économiques et écologiques à adopter sans plus tarder dans son quotidien. Cet ouvrage, réédité plusieurs fois depuis, est disponible en téléchargement libre depuis la page d’accueil de son site. Il propose, en complément, des ateliers de formation à l’éco-frugalité. Des sessions à réaliser chez soi, avec ses proches, ou par le biais de son entreprise.
Sobriété, frugalité… quelle différence ?
Selon le Petit Robert, le terme de sobriété vient du latin sobrietas qui signifie “tempérance dans l’usage du vin”. “C’est le comportement d’une personne, d’un animal qui boit et mange avec modération”, explique le dictionnaire. Depuis, le mot a été étendu au-delà de l’alimentation pour toucher l’ensemble des facettes de la vie. Et notamment la consommation au sens large. C’est le terme de modération qu’il faut retenir ici. L’idée n’est pas de se priver mais de ne pas exagérer en utilisant davantage de ressources que ce dont on a besoin pour bien vivre. C’est l’idée de la tempérance, de la simplicité et de mesure qui s’impose ici. Une sorte d’austérité heureuse, sans réelle privation ni frustration mais sans excès non plus. “La sobriété c’est l’économie des ressources dans une logique de remise en cause volontaire de la société de consommation”, explique Hervé Chaygneaud-Dupuy, spécialiste des changement des modes de vie.
Quant à la frugalité, le terme vient du latin frugalis signifiant “bonne récolte de fruits”. Ici, on évoque la qualité de quelqu’un qui ne se goinfre pas. Mais, au contraire, va consommer des aliments simples, peu recherchés et avec modération. Quelqu’un de frugal est quelqu’un qui se contente de nourriture simple. Cela touche presque à l’ascétisme mais sans l’idée de privation qui y est associée. Ici, c’est l’idée du “juste ce qu’il faut” qui domine. “La frugalité c’est la capacité à faire fructifier les ressources dont on dispose sans en abuser”, résume Hervé Chaygneaud-Dupuy.
Concrètement, l’éco-frugalité touche tous les aspects du quotidien
Si l’alimentation arrive rapidement en tête, adopter une vie éco-frugale peut se traduire de bien des manières. On peut bien évidemment remplacer les bouteilles d’eau en plastique par des gourdes réutilisables, des carafes filtrantes ou encore une machine à eau gazeuse. Il est aussi possible de faire la chasse au gaspillage alimentaire. De privilégier les aliments non transformés et d’opter pour une alimentation locale et de saison, avec un minimum d’emballage.
Mais l’éco-frugalité se traduit aussi dans sa consommation au sens large. Réfléchir à deux fois avant d’acheter ce nouveau T-shirt ou cette robe. Opter pour la seconde main en première intention. Privilégier la récup’, l’économie du partage ou faire réparer ses objets avant de les remplacer… et traquer les dépenses énergétiques inutiles (oui, on débranche sa box Internet quand on part en vacances).
Cela peut également passer par l’utilisation d’ampoules à LED, d’un programmateur de chauffage (et le fait de baisser un peu la température moyenne pour porter un pull chez soi en hiver). C’est aussi le fait de rénover son logement pour qu’il soit moins gourmand en énergie, d’utiliser des produits d’entretien faits maison, d’opter pour des loisirs éco-friendly (jardinage, randonnée, etc.). Ou encore de limiter ses commandes en ligne pour un oui ou pour un non (au moins les regrouper pour une grosse commande) et le fait de se faire livrer ses repas à domicile très régulièrement.
En matière de transport, les options partagées (bus, train, covoiturage, etc.) ou les mobilités douces (vélo) sont à privilégier. Enfin, au travail aussi, on prend le réflexe de la sobriété (limiter l’usage de l’imprimante, ne pas mettre la climatisation quand il fait moins de 26-28 degrés, etc.). Bref, tout cela est bon pour la planète, bon pour la santé… et pour le porte-monnaie.
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