Alors que les
affrontements à Kiev virent à la guérilla urbaine, le gouvernement ukrainien tente d’intimider avec des méthodes dignes de 1984. Les manifestants et les journalistes qui se trouvaient proche du face-à-face avec la police ont reçu mercredi un drôle de message sur leur téléphone : « Cher abonné, vous êtes enregistré comme participant à un trouble massif à l’ordre public. » Il a immédiatement fait le tour des réseaux sociaux et des médias en Ukraine et au-delà.
Big Brother Bien qu’il soit anonyme et que toutes les compagnies de téléphones locales nient l’avoir fait transité, l’identité de l’expéditeur ne fait guère de doute. Trois jours plus tôt, le parlement ukrainien a adopté expéditivement une loi permettant d’envoyer en prison les participants aux protestations. Avec ce SMS, le pouvoir en place espère effrayer les dizaines de milliers de personnes rassemblées autour de « Maïdan », la Place de l’Indépendance au centre de Kiev.
«
Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement fait un emploi massif des messages téléphoniques », explique Eva Galperin, analyste politique à la
Electronic Frontier Foundation, association de défense des droits numériques des citoyens. La plupart des téléphones possèdent une puce permettant de les géolocaliser au démarrage.
En Égypte, Hosni Mubarak avait déjà employé la méthode lors des émeutes qui devaient précipiter sa chute. «
Mais si les expéditeurs ont réussi à réduire les destinataires aux seuls individus présents sur la place, au moment ou la violence est à son comble, il s’agit du message le plus ciblé que j’ai jamais vu ! » Victimes collatérales, quelques grands-mères auraient néanmoins reçu les menaces pendant leur sieste, rapporte le
New York Times.
Depuis plusieurs mois, ni le froid glacial (jusqu’à -20° la nuit), ni les assauts répétés des forces anti-émeutes n’ont découragé les manifestants. Le rassemblement a commencé suite au gel d’un
accord de libre échange UE-Ukraine par le président Ianoukovitch, suspect aux yeux de beaucoup de vouloir faire retourner l’ex-bloc de l’Est dans le giron de la Russie. Les
lois répressives,
les morts et les blessés récents ont depuis fait redoubler de violence les affrontements. Pas sûr que le texto ait l’effet pacificateur escompté…