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Vague de chaleur : la climatisation, cette fausse bonne idée

Redoutable contre la chaleur, le climatiseur contribue pourtant significativement au réchauffement climatique. Comment ? L’appareil, qui fonctionne à l’électricité, va davantage consommer lors de pics de chaleur. Cette consommation va alors générer des îlots de chaleur urbains en raison de l’ai chaud expulsé vers l’extérieur. Cela représente 5 % des émissions d’équivalent CO2 du secteur bâtiment, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

En périodes de vagues de chaleur, désormais plus fréquentes et longues, la tentation du climatiseur est plus forte Et de nombreux Français y cèdent. En 2020, encore d’après l’Ademe, et pour la première fois, le nombre d’équipements vendus a dépassé les 800 000 unités. Plus d’un quart des ménages français. Une tendance qui s’inscrit à la hausse dans le monde entier, d’après l’Agence internationale de l’énergie et l’ONU.

Un climatiseur consomme 11 fois plus qu’un ventilateur

Face au constat d’un réchauffement climatique entretenu par l’usage excessif des climatiseurs,  l’Ademe appelle d’abord à changer de comportement. Elle invite pour cela les utilisateurs professionnels comme les particuliers à en faire un usage sobre. Comme par exemple mettre en route la climatisation à partir de 30 °C en extérieur au lieu de 27 °C, comme c’est souvent le cas. Ce simple geste divise par trois la consommation d’énergie. Dans cette optique, l’Italie a récemment voté une loi qui interdit désormais l’usage de la climatisation en dessous de 25 degrés dans tous les lieux accueillant du public.

Pour garder son logement frais sans avoir recours à la climatisation, ou alors avec parcimonie, l’Ademe rappelle les bonnes pratiques. Afin de ne pas faire entrer la chaleur dans son logement, il est conseillé de fermer fenêtres, volets et portes intérieures dans la journée et de s’équiper de volets et stores de couleur claire. Et, si possible, de privilégier le ventilateur. En effet, un climatiseur mobile standard destiné à refroidir une surface de 34 m² a permis d’évaluer que sa puissance de refroidissement équivalait à 11 ventilateurs à pleine puissance pendant une heure.

Des solutions existent en alternative à la climatisation classique

Pour limiter l’impact de la climatisation sur l’environnement des solutions alternatives émergent. L’Ademe mentionne en effet le développement d’innovations technologiques en cours, notamment sur les fluides ou l’amélioration des bâtiments eux-mêmes. Actuellement un grand nombre de solutions voient le jour comme le refroidissement par évaporation par exemple.
Dans le sud de la France, Marie Nghiem une ingénieure et cofondatrice de la société Hélioclim a également crée un système pour le moins original : la climatisation solaire. L’idée ? Produire du froid par récupération de la chaleur du soleil.

Le système de climatisation solaire est testé à petite échelle sur le site d’Hélioclim.

Assistée par d’une petite poignée d’ingénieurs en aérospatial, elle développe depuis 2011 un système réversible de climatisation-chauffage solaire. Selon un principe simple : de l’eau est chauffée par l’intermédiaire de grands miroirs de trois mètres de long qui captent l’énergie solaire. Ensuite “simultanément, comme dans un frigo, on produit du chaud et du froid”, résume la scientifique. Le système, testé à petite échelle sur le site d’Hélioclim, sera installé pour la première fois sur un data center des Alpes Maritimes d’ici la fin de l’année.

« Simultanément, comme dans un frigo, on produit du chaud et du froid »

Marie Nghiem, ingénieure et cofondatrice de la société Hélioclim

Ces solutions alternatives contribuent à la réduction de l’empreinte environnementale de la climatisation. Mais restent insuffisantes si nos comportements n’évoluent pas durablement.

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