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Web3 : à quoi va ressembler le nouvel Internet ?

Le Web3, c’est la souveraineté numérique pour les individus, les entreprises et les États. C’est ne plus laisser quiconque décider pour tout le monde de ce à quoi doit ressembler Internet. Tel est, en résumé, le principe du Web3. Annoncé comme la révolution d’Internet, basé sur les cryptomonnaies, les NFT, les metaverse et la blockchain, c’est une nouvelle vision Web. Celle-ci veut révolutionner nos habitudes de navigation et transformer le concept actuel du Net. Au-delà de ces technologies de rupture, c’est un nouveau paradigme qui pourrait bien s’imposer rapidement à nous. D’où l’importance de comprendre ce qu’est – ou va être – le Web3.

A rebours du Net actuel, dominé par des géants tels que Facebook, Google ou Amazon qui imposent leur système et ont tout pouvoir sur nos données, le Web3 est une révolution profonde des mentalités sur la notion de propriété. Selon ce nouveau principe, qui s’appuie sur la blockchain décentralisée, les utilisateurs s’approprient et possèdent vraiment leurs données. C’est donc une nouvelle architecture, une nouvelle manière de concevoir l’interconnexion et la propriété. Même si, pour l’heure, cela reste encore davantage une idée marketing qu’un système fonctionnel.

Web3 : un monde décentralisé qui redonne le pouvoir aux utilisateurs

La décentralisation, pierre angulaire du Web3, signifie que plus personne n’est tributaire d’un réseau en particulier ou d’une entité centrale. Par exemple, Facebook est un système centralisé dans lequel on va venir poster du contenu, chercher des informations, etc. Mais, à tout moment, le réseau social de Mark Zuckerberg peut prendre des décisions unilatérales drastiques. Supprimer notre compte, censurer tel ou tel sujet, etc. Facebook applique la législation américaine, collabore avec les autorités américaines… De plus, le modèle économique de ces géants du Web se fait bien souvent au détriment de l’utilisateur. Leur valeur repose sur la possession de nos données et la connaissance intime de nos faits et gestes.

Le principe du Web3 est d’inverser cette tendance et de redonner le pouvoir aux utilisateurs. L’idée est de décentraliser la notion de services et de contenus et de faire en sorte que chacun ait la main-mise sur ses données et tout ce qu’il crée sur Internet. Chaque individu possède sa data et choisit s’il souhaite se connecter à d’autres services et s’interconnecter à d’autres individus pour publier du contenu, échanger, etc. Tout cela est permis par la blockchain, des protocoles décentralisés aujourd’hui majoritairement utilisés par les cryptomonnaies.

Un modèle inarrêtable

Tout comme la plupart des protocoles blockchain sont aujourd’hui “unstoppable”, le Web3 est inarrêtable. La philosophie est la même : elle repose sur un réseau touffu de serveurs et d’ordinateurs, plusieurs centaines de millions de machines interconnectées. Et pour cela, le succès de Bitcoin y est pour beaucoup. Pour que cette cryptomonnaie fonctionne, il fallait créer des conditions pour faire en sorte que personne ne puisse arrêter ce réseau. Sinon, le premier régulateur ou État venu aurait pu décider de démanteler complètement le Bitcoin.

D’où cette idée de décentraliser tout le système et d’imaginer un minage de la cryptomonnaie (méthode de calcul algorithmique qui valide et enregistre les transactions) distribué aux quatre coins du monde. Impossible alors de s’attaquer à un système central puisqu’il n’y en a pas. Personne, pas même les fondateurs du Bitcoin eux-mêmes ne peuvent empêcher le réseau de valider de nouvelles transactions et échanges. Le Web3 est calqué sur ce principe.

Des milliards pour donner vie au Web3

Au regard des investissements en faveur du Web3, la question n’est plus de savoir s’il verra le jour mais quand. En 2021, ce ne sont pas moins de 27 milliards de dollars qui ont été investis dans des start-up travaillant de manière directe ou indirecte sur la blockchain, les NFT ou encore les cryptomonnaies. Cette année, les dépenses mondiales rien que dans les solutions de blockchain pourraient atteindre 11,7 milliards de dollars.

En juin 2021, le fonds de capital-risque a16z a annoncé la création d’une nouvelle structure d’investissement. Baptisée Crypto Fund III et dotée de 2,2 milliards de dollars, elle est entièrement dédiée au Web3. Pour rappel, a16z a été créé par Marc Andreessen et Ben Horowitz, deux anciens de Netscape qui ont investi par le passé dans des start-up commeFacebook, Twitter, Airbnb, Groupon, etc. Aujourd’hui, Andreessen Horowitz a pris des part dans OpenSea (NFT) ou encore Roblox (metaverse). Bref, le Web3 a toute leur attention.

Une ruée vers l’or (et les opportunités)

En novembre 2021, un autre fonds d’investissement majeur, Paradigm, a levé 2,5 milliards de dollars pour soutenir le développement d’entreprises destinées développer Web3. Son portefeuille d’investissements fourmille de solutions crypto, de protocoles blockchain et de services décentralisés. L’époque n’est pas loin de rappeler la période de la bulle Internet de la “nouvelle économie” – entre 1998 et 2001. Mais l’histoire qui s’écrit actuellement semble bien différente. Cette montagne de capital disponible pour créer le Web3 et assurer le passage du Web 2.0 à ce nouveau monde semble “too big too fail”.

Dernièrement, Katie Haun, une ancienne de a16z, a levé fin mars 2022 1,5 milliard de dollars pour la création de son propre fonds d’investissement, Haun Ventures. Ce dernier compte investir dans différents projets crypto, dans les NFT et le Web3. 1,5 milliard, c’est le double de ce qu’elle espérait. Le Web3 est la nouvelle ère d’Internet, et il mérite une nouvelle ère d’investisseurs”, a-t-elle déclaré à CNBC. En Europe, on voit apparaître des capitaux-risqueurs comme Maven 11, Tioga Capital Patners, BlueYard, Greenfield One, Semantic ou encore Fabric Ventures. Ce dernier a pris en juillet 2021 le virage du Web3 en créant Fabric X, un fonds dédié doté de 109 millions d’euros.

Le capitalisme revu et corrigé ?

Au lancement de Fabric X, les trois co-fondateurs de Fabric VC ont partagé leur vision du Web3 dans un post sur medium : “Les nouvelles technologies de l’open web, telles que les cryptomonnaies, la blockchain, les NFT et le metaverse, soutiennent la libre circulation des utilisateurs, des données et de la valeur. Cela incite à la collaboration en facilitant une économie ouverte avec des rendements économiques globaux plus élevés pour tous les acteurs. Et, en fin de compte, une société plus juste, plus stable et durable. Fabric Ventures y voit une mise à niveau du capitalisme lui-même.”

A ceux qui y verraient un système anti-capitaliste, ils ne pourraient pas être plus éloignés de la vérité. La grande majorité des technologies liées au Web3 est destinée à produire davantage de valeur (avant tout sonnante et trébuchante). Surtout, le principe de décentralisation est loin de signifier que l’argent sera redistribué à parts égales entre toutes et tous. Une majorité des pionniers du Web3 est clairement là pour faire fortune.

Une solution technologique à un problème politique

In fine, ce Web3 est avant tout une solution technologique à un problème politique. Sous-jacente depuis longtemps, une question cruciale a éclaté durant l’ère Trump : “Qui possède Internet ?”. Pourquoi Facebook, Twitter ou un autre aurait-il un droit de censure aussi fort, sans recours possible ? Ce nouveau système décentralisé est une réponse à cette problématique.

Mais il risque d’introduire un autre biais : la marchandisation de tous les aspects de nos vies, via les token (jetons numériques) et autres NFT. A moins peut-être d’instaurer, en parallèle, des outils gratuits et en libre accès. A l’image de ce que sont les licences Creative Commons. Des projets ouverts et collaboratifs pour tous. Pour que le Web3 ne devienne pas juste un nouvel eldorado pour investisseurs mais soit, aussi, un service public en revenant à la philosophie du World Wide Web tel qu’imaginé par Sir Tim Bernes-Lee et le W3C (qui vient de fêter ses 33 ans) : rendre le Web accessible à tous.

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