Partager la publication "Primaire écologiste : Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, deux nuances de vert"
Qui sera le candidat des Verts à la présidentielle de 2022 ? Dimanche 19 septembre, deux candidats se sont qualifiés pour le second tour de la primaire écologiste, prévue du 25 au 28 septembre : Yannick Jadot et Sandrine Rousseau. Deux candidats aux convictions bien vertes, mais sensiblement différents.
En première place, le favori Yannick Jadot a rassemblé 27,7% des suffrages exprimés, avec seulement 3000 voix d’écart face à Sandrine Rousseau (25,14%). L’écoféministe crée donc la surprise, devant la décroissante Delphine Batho (22,38 %) et surtout le maire de Grenoble Eric Piolle (22,29 %), longtemps donné gagnant au côté de Yannick Jadot. Le centriste Jean-Marc Governatori réalise lui un score modeste (2,35 % des voix), comme attendu.
Si ce dernier a immédiatement appelé à voter Yannick Jadot, les autres candidats qui disposent d’un réservoir de votes conséquent n’ont pas souhaité donner de consigne pour le deuxième tour. Autant dire que le jeu reste très ouvert. D’ici le 28 septembre, les deux gagnants vont donc chercher à séduire au-delà de leur propre chapelle tout en affirmant leur spécificité.
L’eurodéputé Yannick Jadot (depuis 2009) aime ainsi se présenter comme un écologiste pragmatique, ouvert, seul capable de rassembler les différentes sensibilités du mouvement, et plus largement les Français. Lundi matin sur France Inter, il s’est ainsi dit le seul candidat “présidentiable”, vantant son “écologie de gouvernement“. Sans jamais tacler frontalement Sandrine Rousseau, il a préféré attaquer le président, se situant à son niveau. “On ne peut pas s’offrir un quinquennat de plus d’Emmanuel Macron.”
De son côté, Sandrine Rousseau, connue pour avoir dénoncé les agressions sexuelles commises par l’ex-député Denis Baupin, joue la carte d’un écoféminisme radical. L’ex numéro 2 d’EELV se pose en représentante “d’un mouvement de fond qui veut une transformation radicale, qui veut que les questions sociales et sociétales soient à l’agenda”. Une radicalité souvent tranchante, sur l’accueil des Afghans ou les “sorcières”, et qui lui a valu une volée de critiques ces dernières semaines. Mais aussi le soutien croissant de militants.
Au point que Yannick Jadot en vient à se revendiquer lui-même de cette radicalité. “La radicalité ce ne sont pas des mots : ça fait 30 ans que je suis écolo, j’ai été avec les paysans pour lutter contre le libre-échange, j’ai été avec les femmes opprimées au Bangladesh, j’ai été espionné par EDF, j’ai arraché des OGM”, a rappelé l’ancien directeur de Greenpeace sur France Inter.
A lire aussi sur le parcours des deux candidats : Ce qu’il faut savoir sur la primaire écologiste
Indéniablement, les deux candidats partagent donc de fortes convictions écologiques, militent pour la fin des pesticides, la sortie du nucléaire ou le développement de l’agriculture bio. Mais l’économiste Sandrine Rousseau dépasse néanmoins Yannick Jadeau sur sa gauche. Lui n’a pas hésité à assister à une manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale par exemple. Souhaite réformer l’économie de marché sans la renier. Elle défend une économie beaucoup plus régulée, promeut la semaine de quatre jours et un revenu d’existence de 850 euros. Lui un “revenu citoyen” de 665 euros fusionnant le RSA et la prime d’activité.
Autre différence : sur les institutions, Sandrine Rousseau propose de réunir une convention citoyenne pour changer de République, un peu comme Jean-Luc Mélenchon. Yannick Jadot entend ouvrir le débat sur davantage de proportionnelle aux législatives, le vote à 16 ans et le passage au septennat non-renouvelable.
Enfin, Yannick Jadot, vainqueur de la primaire écologiste en 2012 avant de laisser la place à Benoît Hamon, semble cette fois moins prêt à s’effacer derrière un candidat de gauche que Sandrine Rousseau.
Autant de nuances de vert que les deux candidats continueront à détailler dans les jours qui viennent, notamment lors d’un débat mercredi soir à 20h45 sur LCI.
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