80 % des piles vendues sont jetables : ce collectif travaille à les rendre rechargeables

Les piles jetables seront-elles rechargeables demain ? L’atelier 21 , un collectif qui œuvre pour la recherche et l’éducation populaire au développement durable, veut y croire. Mieux, il y travaille ! En association avec de nombreux partenaires (1), il a lancé la Regen Box , un dispositif permettant de recharger tous types de piles. S’il y parvient, même les piles alcalines jetables pourront être rechargées une dizaine de fois. Une façon, pour ces chercheurs et développeurs, de sensibiliser l’opinion à une utilisation plus raisonnée de l’énergie.

Si vous ignorez le fonctionnement d’une pile alcaline, sachez qu’elle produit de l’électricité grâce à une réaction chimique “d’oxydation-réduction” qui provoque un transfert d’électrons entre deux matériaux. Une fois la réaction terminée, la pile est usagée. Pour leur donner une deuxième vie, une troisième, voire dix vies, les créateurs de la Regen Box travaillent sur des micro-impulsions électriques qui permettraient d’inverser ce processus chimique.

Paléo-énergétique

Cette expérimentation est le fruit d’un long travail de recherche. À l’origine du projet, on retrouve Cédric Carles, le fondateur de l’atelier 21, également membre du mouvement de recherche paléo-énergétique , qui étudie des innovations oubliées dans le domaine de l’énergie pour accélérer la transition énergétique.

Mais l’idée est encore plus ancienne. Initialement brevetée par le concepteur de la pile alcaline Karl Kordesch en 1980, la Regen Box provient d’un dispositif qui avait été mis sur le marché, avant de tomber dans le domaine public, mais aussi dans la désuétude… quelques années après sa conception seulement. En cause : les piles rechargeables que nous connaissons aujourd’hui, plus performantes en matière de durée de vie.

Pourtant, ces dernières demeurent coûteuses, ce qui explique l’utilisation massive des piles jetables : en 2014, plus de 80 % des piles vendues en France sont jetables selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie  (ADEME). Et ce, malgré le fait qu’elles génèrent beaucoup de déchets.

Pour en réduire l’impact, les membres de l’atelier 21 ont créé mi-septembre une communauté de bêta-testeurs, les futurs premiers utilisateurs de l’appareil. Leur mission : récolter des données essentielles à son développement, par exemple en mesurant les niveaux de compatibilité des différents modèles de piles. À leur charge, plus largement : la fabrication des prototypes et le développement d’une base de données coopérative, consultable et modifiable par toute personne souhaitant participer au projet.

Afin de le financer, une campagne de crowdfunding lancée sur Ulule a permis de récolter plus de 9 000 euros à ce jour. Moyennant une contribution de soixante euros, chaque donateur peut recevoir un prototype, et ainsi aider les développeurs de la communauté à tester l’outil. L’association devrait commencer ses premières livraisons à la rentrée 2017.

L’enjeu est de taille : si le projet se concrétise, il permettra de réduire considérablement les déchets issus des piles jetables, les plus nocives pour l’environnement : Une étude de 2007, menée par la société de conseil en développement durable Bio Intelligence Service en partenariat avec l’ADEME, concluait que les piles jetables sont jusqu’à 32 fois plus polluantes que les piles rechargeables !

Toujours selon l’ADEME, 33 000 tonnes de “piles et d’accumulateurs portables” sont jetés chaque année en France… Et à peine un tiers d’entre eux est collecté par les organismes de traitement. Avec la commercialisation de la Regen Box, une partie de cette pollution pourrait disparaître. 

1. :  Électrocycle, Halte à l’obsolescence programmée, Make it Happen, La Paillasse, WoMa et Zerowaste

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