Partager la publication "À New York, on soigne l’hypertension avec des fruits et légumes gratuits"
Traiter l’hypertension nécessite souvent de prendre des médicaments adaptés mais aussi changer ses habitudes vie : réduire sa consommation d’alcool, bouger plus, adopter une alimentation pauvre en sel et riche en fruits et légumes. Les inégalités de revenus peuvent cependant freiner l’adoption de ces bonnes pratiques. Le New York City Health Department l’a bien compris, et a décidé de réagir en lançant en mai 2017 le programme “Pharmacy to Farm”.
Concrètement, les New-Yorkais atteints d’hypertension et bénéficiaires du Supplemental Nutrition Assistance Program (un programme d’aide alimentaire) peuvent recevoir chaque mois un bon d’achat pour des fruits et légumes en se rendant dans les pharmacies partenaires.
Les coupons d’une valeur de 30 dollars sont ensuite échangeables gratuitement contre des produits frais chez 142 producteurs locaux.
L’objectif : aider les moins favorisés à adopter un régime alimentaire sain et pauvre en sel, alors qu’un adulte américain sur trois serait touché par cette maladie chronique. “Ce que nous mangeons peut changer notre santé. C’est une vraie injustice que l’accès à une nourriture saine soit conditionné par le niveau de revenus des personnes”, explique le Commissaire à la santé Oxiris Barbot sur le site du New York City Health Department.
“Nous voulons que les produits frais deviennent plus abordables pour les New-Yorkais qui en ont le plus besoin. C’est à la fois bon pour leurs portefeuille, et pour leur santé.”
Les fruits et légumes frais, un nouveau marqueur social
En France, l’hypertension artérielle touche un adulte sur trois et arrive en tête des causes évitables d’accident vasculaire cérébral.
Le respect des recommandations nutritionnelles (dont les fameux cinq fruits et légumes par jour) dépend aussi fortement de l’âge, du niveau d’étude et du niveau de revenu. Ceux appartenant à des familles de niveau socio-économique bas consomment moins de fruits et légumes que les ménages les plus aisés. Ainsi, selon des travaux menés par l’INRA, les 15 % les plus riches consomment 12 kg/UC (UC : unité de consommation) de légumes et fruits frais en plus par an que les plus modestes.
L’éducation aux enjeux nutritionnels, mais aussi le facteur prix, peuvent expliquer cette disparité. Comme le relève le baromètre annuel publié ce lundi par l’association Familles rurales, si le prix moyen des fruits a baissé en 2019, celui des légumes a continué d’augmenter sur la même période. “L’injonction de ‘manger sain’ coûte entre 10 et 18 % d’un SMIC net mensuel”, constate le rapport, qui souligne que consommer des produits frais reste “difficile” pour les petits budgets.