Partager la publication "À quand une grande rénovation énergétique des bâtiments ?"
Si vous souhaitez y participer, voici les enjeux liés à l’une des questions clés de ce débat : la rénovation énergétique des bâtiments, cruciale, autant sur le plan social qu’environnemental.
Un enjeu écologique prioritaire
Un secteur très gourmand et sur lequel il est possible de réaliser des économies spectaculaires : en effet, 7 des 35 millions de logements que compte la France sont des “passoires thermiques”, avec un diagnostic énergétique F ou G, les plus mauvais. Et même dans les logements mieux équipés, des progrès sont souvent possibles. “Il y a un sur-gaspillage ! Techniquement, on peut diviser par quatre ou cinq la consommation d’énergie du secteur d’ici 2050”, estime Romain Riollet du Cler – Réseau pour la transition énergétique.
Si le passage à des énergies décarbonées – électricité plutôt que fioul par exemple – est important, la priorité doit rester la baisse de la consommation. La transition écologique ne pouvant se faire avec des logements mal isolés (chauffés à l’électricité grâce au nucléaire…).
L’enjeu est aussi social
Des moyens insuffisants
Et en dépit de nombreux plans d’actions annoncés – dont le dernier en 2018 – les moyens ne sont pas à la hauteur. Le budget alloué devrait s’élever à 7 milliards d’euros annuels – soit le double des financements actuels, estime l’Institute for Climate Economics (un think tank fondé par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement).
Des aides à simplifier
Citons le programme Habiter mieux de l’Anah (Agence nationale de l’habitat), le chèque énergie qui vient d’être augmenté et élargi, les combles à un euro, la prime à la conversion des chaudières au fioul, les aides à l’installation de double vitrage… Auxquelles s’ajoutent de nombreuses aides régionales.
Problème :”Les plans se succèdent, il y a des pas en avant et en arrière. On construit et on déconstruit. Nous avons besoin de cohérence !”, souligne un représentant de la Fédération française du bâtiment (FFB).“Il faut aussi faire de la pédagogie et aider le particulier de se retrouver dans le maquis des aides”, ajoute Romain Riollet du Cler.
Un service public de la performance énergétique ?
Car un meilleur accompagnement est nécessaire : faute de suivi, de nombreux travaux, faits petits bouts par petits bouts, se révèlent inefficaces : selon une enquête de Ademe, 30% seulement des travaux entrepris par des ménages sur leur logement entre 2014 et 2016 ont eu un impact énergétique positif…
Autre réforme à débattre, plus polémique : obliger les propriétaires à respecter un seuil de performance thermique minimum pour louer leur logement.
Un investissement rentable à long terme
Des financements à trouver
Mais compte tenu de la faible rentabilité à court terme de ces travaux, le climatologue Jean Jouzel et l’économiste Pierre Larrouturou proposent plutôt la création d’une banque du climat européenne, qui financerait la transition écologique dans tous les pays membres. “Si l’on sait que l’on a 7 milliards juste pour le logement, cela change tout. On recrute, on règle les problèmes de compétence et d’ici 20 ans tous les bâtiments sont isolés !”
Le grand débat débouchera-t-il sur le “le grand plan Marshall” de la rénovation énergétique des bâtiments promis en vain depuis François Hollande ? Réponse, a priori, au mois d’avril.