Amiens : 4000 foyers chauffés grâce aux feuilles mortes

C’est l’automne. Le temps s’est rafraîchi à Amiens, le ciel est gris, la pluie tombe sur la Cathédrale Notre-Dame, les arbres perdent leurs feuilles… Tant mieux ! Depuis 2015, le service Espaces verts et nettoiement d’Amiens ramasse les feuilles mortes des 50 000 arbres de la ville afin de produire du compost et de générer de l’électricité. L’énergie produite peut alimenter entre 4000 et 5000 foyers pendant une année entière.

Le danger des feuilles mortes

“Le ramassage des feuilles est d’abord une mesure de sécurité,” explique Patrick Desseaux, chargé du développement durable et de la politique des déchets d’Amiens Métropole. En effet, quand plus d’un milliard de feuilles tombent pendant l’automne, les chaussées et trottoirs sont encombrés. Elles bouchent les avaloirs ce qui, en cas de fortes pluies, peut entraîner des inondations. La loi interdit de les brûler (450 € d’amendes) car la fumée peut être nocive. La ville a donc décidé de les exploiter.

Les particuliers qui souhaitent s’en débarrasser peuvent aussi les déposer dans l’une des trois déchetteries vertes de la ville. Les camions du service Espaces verts et nettoiement les collectent et les envoient à l’usine de méthanisation d’Amiens Nord, plus vieille usine de méthanisation d’Europe. Selon les chiffres officiels, 15 000 tonnes de déchets verts sont collectés chaque année à Amiens, dont 500 tonnes de feuilles mortes.

Une énergie renouvelable et un engrais efficace

“Toutes les feuilles collectées sont utilisées dans une démarche environnementale,” précise Patrick Desseaux. Les feuilles les moins sales, celles qui n’ont pas été mélangées aux déchets humains (plastiques, bouteilles de verre,…), sont broyées et envoyées au compostage. Ce qui est souillé est trié est destiné à la méthanisation. Dans des digesteurs, des cuves sans oxygène, la matière fermente pendant 40 jours et produit un gaz essentiellement composé de méthane : le biogaz 

Ce biogaz est récupéré et transformé en électricité envoyé sur le réseau EDF. Au total, l’usine produit près de 18 000 MWH d’électricité par an, soit la consommation de près de 4000 foyers. Les feuilles fermentées produisent aussi de l’engrais, un excellent fertilisant, moins odorant que le fumier.

Ecologique et sécuritaire, cette démarche est aussi économique pour la région. “On ne l’aurait pas adoptée si on ne faisait aucune recette” souligne Patrick Desseaux. “La ville d’Amiens a même réduit de 10 % la taxe des ordures ménagères.” D’autres villes, comme Metz, ramassent également les feuilles mortes, mais uniquement pour le compost.

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