Partager la publication "Après le frelon asiatique, voici le “ver géant”"
Il ressemble à un serpent d’un mètre avec une tête de requin marteau. Ils se nourrit de vers de terre… et en plus il est toxique. Le plathelminthe est une nouvelle espèce invasive qui a de quoi inquiéter les jardiniers et les agriculteurs.
D’une taille allant de quelques millimètres à un mètre, il est arrivé en France il y a une vingtaine d’années mais n’a été officiellement identifié qu’en mai dernier, dans un article scientifique publié dans le journal PeerJ.
Tout a commencé en 2013 par des commentaires d’internautes, dans lesquels des passionnés de la nature, des jardiniers ou des pêcheurs cherchaient désespérément des vers de terre en France métropolitaine.
Des interrogations sur d’étranges vers, allant jusqu’à plusieurs dizaines de centimètres de long, ont vu le jour sur des forums Internet comme celui de Insecte.org. Les témoignages se sont ensuite multipliés, ce qui a interpellé des spécialistes du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) comme Jean-Lou Justine. Ces derniers ont démontré qu’il s’agissait bien d’une espèce invasive, le plathelminthe, dont la proie préférée est le ver de terre.
Si certaines espèces de plathelminthes sont natives d’Europe, les plus invasives auraient été importées involontairement avec des plantes.
Certains spécialistes n’hésitent pas à parler de “catastrophe écologique majeure”. Les plathelminthes terrestres ont en effet développé un goût particulier pour les vers de terre… Dont la disparition mettrait en péril les écosystèmes. Le ver de terre est au sol ce que l’abeille est à la pollinisation.
Maigre consolation : l’espèce de plathelminthes dite “marron plate”, présente en France, reste moins nuisible que celle présente en Grande-Bretagne et nommée “Arthurdendyus trianglulatu”.
En revanche, tous les plathelminthes sont chargés en divers produits chimiques toxiques. La tétrodotoxine notamment, qui est une toxine puissante et qui a été signalée chez les Bipalium Kewense (on ignore si elle existe chez les autres espèces). Ces vers peuvent être ingérés par de nombreux petits animaux comme les oiseaux, les taupes ou les hérissons, ce qui pourrait nuire à toute la chaine alimentaire.
Autre problème : ils se reproduisent par simple “clonage”. Une fois qu’ils ont atteint 20 cm, un petit morceau se détache de la queue pour que celle-ci redonne au bout de deux semaines un adulte parfaitement fonctionnel.
Est-il possible de se débarrasser de cette espèce ? Selon le parasitologue Jean-Lou Justine, spécialiste de ces animaux, il y a de l’espoir : “Nous pouvons encore espérer l’éradiquer, parce qu’il n’est présent que dans une zone confinée”, déclare-t-il à Libération. Reste à déterminer les moyens de cette éradication…
Les plathelminthes ne sont pas la seule menace pour les vers de terre. Un fongicide appelé Picoxystrobine, utilisé en culture céréalière, est connu pour avoir décimé des populations de vers de terre. L’utilisation de pesticides comme les néonicotinoïdes et le fipronil, insecticide de la famille des phénylpyrazoles, ainsi que d’autres produits chimiques sur les terres sont aussi en cause.
Sans oublier le passage d’engins de plus en plus lourds pour l’agriculture. Cela provoque l’entassement des terres. En clair, un sol compacté qui ne laisse passer ni l’eau, ni l’air, ni faune des animaux recycleurs du sol… comme les vers de terre.
Mais revenons aux plathelminthes. Il est conseillé, si vous en trouvez dans votre jardin ou ailleurs, de ne pas s’emparer de ces vers à mains nues. Mieux vaut porter des gants et faire grimper l’animal sur un support, comme une allumette ou un morceau de carton.
Ensuite, comme Jean-Lou Justine expliquait à Libération, la meilleure solution reste, soit de les écraser, soit de les brûler. Quand ils sont présents dans des pots, il est possible d’inonder ces pots avec de l’eau bouillante.
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