Partager la publication "Architecture durable : les 5 projets gagnants de 2022"
Comment allier architecture et protection de la planète ? Pour mettre en avant le travail des architectes, constructeurs et paysagistes qui ont à coeur de préserver l’habitabilité du monde, le Global Award for Sustainable Architecture présente chaque année depuis 15 ans cinq lauréats à la démarche intéressante. Fondé en 2006 par l’architecte et professeur Jana Revedin, en partenariat avec la Cité de l’architecture & du patrimoine, ce prix vient interroger la possibilité d’une architecture durable.
Construire sans détruire la planète est-il possible ? Comment penser cette nouvelle relation au territoire ? Réfléchir à l’impact des nouvelles constructions sur la biodiversité, privilégier le réemploi des matériaux, le recours à des produits naturels (bois, chaume, ardoise, terre, etc.)… autant d’étapes qui doivent devenir un réflexe.
“Nous analysons toujours le cycle de vie des matériaux et nous privilégions les matériaux neutres en CO2. Nous aspirons aussi à ce que les bâtiments durent longtemps ; aussi nous accordons une grande importance à la flexibilité de l’usage, afin qu’ils puissent être transformés ou réaffectés à l’avenir, en fonction de l’évolution des demandes ou des besoins”, explique l’architecte Dorte Mandrup, une des lauréates de 2022.
Elle a gagné une renommée mondiale par la beauté des projets qu’elle édifie, dans des climats extrêmes et sur des sites qui, comme les glaciers du Groenland, ont une valeur universelle et qu’elle-même qualifie d’”irremplaçables”.
Architecte indienne d’origine bengali, Anupama Kundoo a fait ses études à Bombay puis à Berlin. Aujourd’hui, son agence est notamment basée à Auroville, la célèbre ville expérimentale construite en Inde par Roger Anger et dont elle assume la fonction d’urbaniste en chef. “Elle refuse que l’innovation ne soit accessible qu’à une minorité. Elle invente pour cela des matériaux et des techniques, bien pensés et robustes, right-tech plutôt que high-tech, avec des entreprises locales et pour les faire progresser car elle est une partisane résolue du micro-développement”, explique le Global Award for Sustainable Architecture dans un communiqué.
Concernant Auroville, Anupama Kundoo raconte : “Je suis en train de définir les lignes directrices de cette ville indienne futuriste où tout est radicalement repensé. Ici, le sol est un bien commun et il n’y a pas de propriété privée. La ville est basée sur le transport pédestre et l’objectif est d’éliminer la voiture individuelle et sa pollution. Je m’intéresse particulièrement au projet ‘Line of Goodwill’ : un modèle d’habitat mixte dense qui est une alternative à la typologie de la ‘tour’. Il est formé de ‘collines de cœxistence’, un ensemble d’habitats en clusters, avec des équipements partagés et des infrastructures vertes qui font partie intrinsèque du projet et sa construction : récupération de l’eau de pluie, traitement des eaux usées, agriculture urbaine et énergie renouvelable.”
Céramiste de formation, l’Autrichier Martin Rauch a évolué vers l’architecture et la construction après s’être découvert une passion pour la terre lors d’un séjour en Afrique. Les huttes d’argile ont scellé son destin. Sa société Lehm-Ton-Erde (Argile-Limon-Terre) se consacre depuis à la construction en terre.
“La terre, ce matériau que jʼaime, est – comme le bois et la pierre – un matériau de construction très ancien et qui nʼa pas son pareil en termes de durabilité. Le Global Award va accroître sa reconnaissance et je mʼen réjouis. Mes nombreuses années de travail avec la terre ont été un voyage de découverte continuel, à travers ce que jʼai nommé le ‘continent de lʼévidence’. Il était autrefois une évidence, par exemple, que nous devions construire nos outils et nos habitations en utilisant les matériaux qui étaient disponibles au plus près. Je pense quʼil en va de même aujourdʼhui pour la construction en terre. Mon objectif nʼest pas dʼaltérer lʼessence de ce matériau, mais de développer pour lui des techniques constructives, un langage architectural et des outils appropriés.”
Le Français Gilles Clément est à la fois ingénieur horticole, botaniste et paysagiste. Sa philosophie repose sur la libre évolution des espèces plutôt que leur asservissement. Un des ses chevaux de bataille, c’est la réparation écologique et sociale de la ville ordinaire, ses friches et ses délaissés. Il a travaillé notamment, en collaboration avec Allain Provost, sur le projet du parc André Citroën, à Paris. Et imaginé un jardin en mouvement. Il a également dessiné le jardin du Quai Branly.
“Mes savoir-faire sont issus des techniques artisanales qui se redécouvrent facilement. Il suffit de prendre la décision de ‘faire’. C’est ce que j’ai fait en construisant ma maison [un jardin-maison en Creuse, ndlr] alors que je n’avais jamais rien construit auparavant.” Et d’ajouter : “On ne peut envisager aucun au-delà stable à partir du moment où l’on travaille avec du vivant car toujours la vie invente. L’avenir est pour moi une affaire du ‘partage de la signature’, entre les personnes en
charge de l’entretien des jardins et les aléas imprévisibles des changements : climatiques, économiques et politiques.”
En turc, Yalin signifie simplicité, humilité. Ce cabinet, fondé par l’architecte Ömer Selçuk
Baz et l’urbaniste Okan Bal, s’est donné pour mission de combattre les “crimes urbains”. Ils refusent que l’on rase la ville ancienne au profit d’une “architecture de vitrine”, tandis que la périphérie tourne au chaos. À l’absence de règles et d’éthique, les deux hommes répondent par des projets qui s’enracinent dans leur territoire, lequel est aussi un milieu humain. “Car pour construire les édifices, Yalin visite les carrières et les briqueteries avoisinantes, ravive des métiers et des façons de bien faire”, souligne le Global Award for Sustainable Architecture dans un communiqué.
“Même si nos projets sont le plus souvent très complexes, nous essayons que leur architecture soit simple et compréhensible pour tous, assure Ömer Selçuk Baz. Nous attachons une grande
importance au lien que les édifices établissent avec le lieu et le territoire dans lequel ils se trouvent. Nous renforçons ce lien en utilisant au maximum les matériaux disponibles dans ce lieu ou dans ses environs. Dans le musée que nous avons conçu pour commémorer une tragédie survenue à Manisa pendant la Guerre d’indépendance, nous utilisons par exemple les briques que Manisa produit traditionnellement et pour laquelle elle est connue. Nous étudions une bibliothèque à Konya, en pierre et en bois, sans que le projet endommage un seul arbre des bosquets environnants.“
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…
Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…