Partager la publication "BeeOdiversity : des abeilles et de l’intelligence artificielle contre les pesticides"
En ce 20 mai 2022, journée mondiale des abeilles, difficile de passer à côté de cette start-up. Elle est actuellement présente au salon ChangeNOW dédié à la transition écologique (à Paris du 19 au 21 mai). BeeOdiversity est une entreprise belge qui, depuis 2014, mise sur les abeilles pour surveiller la qualité de la biodiversité et les niveaux de pollution de zones précises. Cette biosurveillance, ou monitoring de l’environnement par les abeilles, a été imaginé par le Dr Bach Kim Nguyen, co-fondateur de BeeOdiversity.
Il a eu l’idée d’analyser le pollen transportés par ces insectes pour déterminer la qualité de l’écosystème alentour. “Les abeilles se posent sur les fleurs, détaille à WE DEMAIN Michael van Cutsem, co-fondateur de BeeOdiversity. Lorsqu’elles sont en contact avec la fleur, de petits grains de pollen se coincent dans leurs poils et sur leurs pattes. Peu à peu, les abeilles vont agglutiner ces petits grains et les mettre sous forme de pelotes. Notre idée est d’en récupérer un échantillon lorsqu’elles rentrent à la colonie puis d’analyser ces pollens.”
“Les abeilles sont un peu comme des drones naturels qui quadrillent une zone, ajoute Michael van Cutsem. Et le pollen révèle des données uniques : chaque grain de pollen correspond à une espèce végétale. On peut donc en déduire la diversité de la flore. Mais aussi détecter le niveau de pollution dans le secteur, quels pesticides sont utilisés et dans quelles proportions.”
BeeOdiversity sait détecter pas moins de 500 pesticides différents. Une fois les analyses réalisées, cela permet d’agir pour limiter l’impact sur la planète. “Nos clients sont des entreprises, des institutions publiques ou des municipalités. Elles veulent d‘une part connaître l’impact de leur activité sur les environs afin de pouvoir modifier leurs processus de production. D’autre part, cela aide à détecter d’éventuelles pollutions afin de protéger la qualité de vie ou leur activité”, détaille Michael van Cutsem.
Pour compléter ses analyses, BeeOdiversity collabore avec Microsoft via son programme ShareIA qui soutient les entrepreneurs sociaux. “Nous leur fournissons notre savoir-faire en matière d’intelligence artificielle afin d’extrapoler les résultats obtenus et de détecter plus précisément les sources de pollution”, explique Eneric Lopez, Directeur Intelligence Artificielle chez Microsoft France. Par exemple, une entreprise spécialisée dans l’eau a tout intérêt à connaître la qualité des sols environnants. Car cela aura des conséquences directes sur son activité, si les nappes phréatiques et les cours d’eau sont pollués.
En découvrant quel est le niveau de pollution et quels pesticides sont présents grâce aux abeilles, il est possible d’en déduire l’origine de la contamination des sols. De même, l’intelligence artificielle peut extrapoler les données afin de cerner les zones à risque selon l’écoulement de l’eau. Selon le pesticide utilisé, on peut identifier la culture agricole et donc trouver quels champs sont sans doute problématiques.
“Cet outil de prédiction basé sur l’intelligence artificielle est encore en cours de développement. Il faut beaucoup de données pour s’assurer que l’algorithme sera performant et fiable. C’est un long apprentissage et il faut la prise en compte de nombreux paramètres pour y parvenir”, résume Eneric Lopez. La start-up prévoit néanmoins de proposer une première solution du genre en 2023 en Belgique et en France.
A lire aussi : PHOTOS – Quand les abeilles piquent la curiosité de Charlotte Abramow
“Les agriculteurs sont très demandeurs de ces données car ils ignorent bien souvent précisément quel impact a leurs traitements phytosanitaires sur les sols, note Michael van Cutsem. Le but, derrière, est de les aider à changer leurs pratiques pour mettre en place des processus moins néfastes. On peut par exemple les aider à passer au bio.”
En 2021, les abeilles de BeeOdiversity ont ainsi détecté pas moins de 150 pesticides différents utilisés sur les lieux analysés. “Dans beaucoup de cas, les niveaux étaient au-dessus des niveaux européens autorisés. Et nous avons détecté 25 à 30 pesticides officiellement interdits”, révèle le co-fondateur.
Grâce aux données prélevées et analysées, les collectivités, entreprises et agriculteurs mettent ensuite en place des mesures pour rectifier la donne et réduire drastiquement la pollution afin de régénérer la biodiversité. BeeOdiversity travaille ainsi avec la ville de Knokke-Heist en Belgique.
“En 8 ans de collaboration, nous avons réussi à changer l’écosystème. Nous avons constaté une multiplication de 400 % de la biodiversité grâce au passage au bio ou à des méthodes régénératives par les agriculteurs locaux”, affirme Michael van Cutsem.
Des résultats très encourageants et qui motivent la start-up de 18 employés à accentuer ses efforts. Elle monitore d’ores et déjà une surface totale de 100 000 hectares avec l’aide d’une centaine d’apiculteurs (et 50 millions d’abeilles). Ces derniers sont eux aussi très intéressés par la solution de BeeOdiversity.
En effet, en moyenne un apiculteur compte 30 % de pertes parmi ses colonies. Avec le tracking des polluants et les mesures prises derrières pour améliorer la biodiversité, les pertes chutent en général à 7 %. Pas de doute, ce projet à impact positif fait la différence, une abeille après l’autre.
Le biomimétisme, ou l'art d'innover en s'inspirant du vivant, offre des solutions aussi ingénieuses qu'économes…
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…