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Bienvenue dans l’ère de l’économie légère

À l’occasion du Premier Forum de l’Économie Légère, le paléoclimatologue Jean jouzel, le co-auteur du 6e rapport du GIEC François Gemenne et Julia Faure, fondatrice de la marque de mode Loom et co-présidente du mouvement Impact France, ont échangé sur l’émergence de ce mouvement et l’urgence d’agir au plus vite. « On me demande souvent pourquoi, à mon âge avancé, je continue à témoigner, a indiqué Jean Jouzel. Je persiste parce que je sais à quel point chaque dixième de degré compte dans le réchauffement climatique. »

Et d’ajouter : « Pour moi, il y a trois termes indispensables pour préparer la vie à venir à travers les jeunes aujourd’hui. Il y a la solidarité, l’égalité et enfin la sobriété choisie. C’est autour de tout ça qu’il faut construire l’économie légère. » Si, à l’heure actuelle, il y a une anticipation collective par rapport au changement climatique, il existe aussi une frustration palpable face à la lenteur des actions concrètes.

Changer les indicateurs et s’emparer de la CSRD

« Le grand défi de l’économie du XXIe siècle, c’est de changer de paradigme, de passer d’indicateurs du luxe vers des indicateurs du mieux, affirme François Gemenne. Il existe déjà des entreprises qui font des choix d’économie circulaire, des entreprises régénératives. Ou, sans aller jusque-là, des entreprises qui, au moins, ont entamé une réflexion sur leur modèle d’affaires. »

Il y a aussi l’évolution de la réglementation. « J’attends avec impatience l’arrivée de la CSRD. Cette Directive européenne sur la responsabilité sociale des entreprises va introduire un nouveau système de comptabilité. On va désormais demander aux entreprises de faire rapport non seulement de leurs résultats financiers, mais aussi de leur épargne, de leur impact sur l’économie et la société. Ça me paraît être une avancée majeure dont nous devons absolument nous saisir. »

Lutter contre notre pessimisme et aller de l’avant

François Gemenne a également fait une analogie intéressante lors du forum : « J’ai parfois l’impression que, par rapport à la transition et à l’avènement de cette économie légère, nous sommes dans la même situation que les Parisiens début juillet dernier. Tout le monde pensait que les Jeux Olympiques allaient être un fiasco monumental. »

Il continue : « Et puis la cérémonie d’ouverture avait à peine commencé que tout le monde a réalisé que ces Jeux allaient être un succès retentissant. J’ai l’impression que nous sommes aujourd’hui dans cette situation, et que nous avons besoin de faire la démonstration que ça fonctionne, cette économie légère. » Selon lui, plutôt que de passer notre temps et notre énergie à pointer du doigt les responsables, ceux qui ne font rien, il vaudrait mieux
valoriser et encourager ceux qui font.

Une nécessité de réguler pour imposer aux entreprises d’adopter des pratiques soutenables

Julia Faure souligne néanmoins la difficulté de la tâche. « En France, sur dix vêtements achetés, il y en a sept qui sont du low cost. C’est-à-dire fabriqués dans des conditions de production bien souvent effroyables. Alors, oui, on a aussi des entreprises engagées, en économie circulaire, mais c’est extrêmement dur pour elles de survivre. Notamment dans le secteur du textile, quasiment monopolisé par des entreprises avec des pratiques non soutenables. La réalité aujourd’hui, c’est que, en tant qu’entreprise, plus vous faites mal, moins ça vous coûte cher, plus vous êtes compétitif. »

Pour elle, si on veut une économie légère, c’est-à-dire une économie qui a le moins d’impact possible sur l’environnement, qui garantit un système social équitable, qui n’a pas la croissance comme seul objectif… il faut des règles et des taxes. Sans de telles mesures, les entreprises engagées dans des pratiques éthiques restent désavantagées sur le plan concurrentiel.

« Créer une économie qui reflète les valeurs que nous souhaitons pour notre société »

Des réglementations qui nivellent le terrain de jeu sont cruciales. Elles doivent pénaliser non seulement les pratiques néfastes, mais encourager également les entreprises à innover et à adopter des modèles durables.

Pour François Gemenne, « Il s’agit de donner une direction au marché et de créer une économie qui reflète les valeurs que nous souhaitons pour notre société. » Une chose est sûre, le chemin vers une économie légère nécessite des efforts concertés de la part des individus, des entreprises et des gouvernements.

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