Bière, frites, chocolat : 3 aliments menacés par le réchauffement climatique

Imaginez un monde sans bière, sans frite et sans chocolat… rendus trop rares et chers par le réchauffement climatique. Ce scénario est moins catastrophiste qu’il n’y paraît.

Les rapports qui pointent la hausse globale des températures, due aux rejets de gaz à effet de serre, se succèdent. Le réchauffement climatique pourrait atteindre +5°C d’ici la fin du siècle (par rapport à l’ère préindustrielle) si rien n’est fait pour le limiter. Les conséquences, bien réelles, sont déjà visibles : sécheresses, canicules, inondations, catastrophes naturelles… De quoi affecter durablement les cultures et les habitudes alimentaires. La preuve par trois. 

LA BIÈRE

C’est une des boissons alcoolisées les plus populaires au monde. Un Français en consomme en moyenne 31 litres par an. Or, la production de bière pourrait se retrouver très sérieusement menacée par le réchauffement climatique, avertit un article paru dans la revue scientifique Nature en 2018.

En cause, les vagues de chaleur et l’assèchement des sols néfastes à la culture de l’orge, dont est tiré le malt, un des ingrédients principaux de la bière. Le rendement moyen pourrait accuser une perte de 3 % à 17 % selon les auteurs de l’étude. Et les prix grimper en flèche : jusqu’à +93% en Irlande, s’alarme le quotidien The Irish Independant .

LE CHOCOLAT

Allons-nous devoir nous passer de chocolat ? s’interroge Michon Scott dans un article publié en 2016 sur le site de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique.

Les cacaoyers, souligne l’article, poussent dans des zones restreintes de part et d’autre de l’équateur, et nécessitent de grandes quantités d’eau pour s’épanouir. Une hausse des températures globale de plus de 2°C favoriserait l’évapotranspiration des plantes, les assècherait et diminuerait les rendements. 

Les producteurs étudient différentes options pour éviter la catastrophe, comme l’adaptation des méthodes de culture ou la sélection de spécimens résistants à la sécheresse. Le groupe Mars, qui commercialise les célèbres barres chocolatées, a même lancé un projet de modification génétique des graines de cacaoyers afin de les adapter à un climat plus chaud et sec, rapporte le site Business Insider.

LES FRITES

La pomme de terre supporte mal la chaleur. Au Royaume-Uni, l’été caniculaire de 2018 a décimé les récoltes, entraînant une multiplication par trois du prix des tubercules, souligne une publication de Climate Coalition, un collectif qui regroupe 130 ONG britanniques. Même scénario en France, où le prix de la tonne a bondi de 30 euros à plus de 250 euros en 2018.

Le manque d’eau freine le développement des plants, plus petits, moins savoureux, et impacte aussi les frites : “Avec des pommes de terre de plus petit calibre, les frites sont légèrement plus courtes”, explique Nicolas Schmitt, responsable marketing retail France de McCain, au quotidien Le Parisien . En 2018, les fameuses “chips” britanniques ont déjà perdu 3 centimètres en moyenne !

Demain, la frite sera-t-elle un produit de luxe ? “C’est inimaginable pour nous mais cela pourrait bien devenir une réalité”, estime le WWF.

Interrogé par le Guardian, le cuisinier britannique Hugh Fearnley-Whittingstall partage ses conseils pour continuer à manger des frites généreuses  : “Mangez local et de saison, et vous ferez déjà un peu. Des produits issus de l’agriculture biologique autant que possible. Et limitez les produits carnés, vous ferez encore plus !”  Un conseil qui vaut également pour continuer à consommer des frites et de la bière.

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