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Bitcoin vs écologie : et si un Carbon coin sauvait le climat ?

L’avenir du Bitcoin, et plus largement des cryptomonnaies, réside-il dans un ouvrage de science-fiction ? Dans son dernier roman, paru en 2020, The Ministry for the Future, l’auteur multi-primé Kim Stanley Robinson met en scène une cryptomonnaie baptisée Carbon coin. Une devise virtuelle qui permet de rétribuer toutes les initiatives de réduction des gaz à effet de serre. Aussi bien la reforestation, l’éco-construction que l’agriculture urbaine.

Dans le roman, alors que la planète est confrontée à un épisode de chaleur extrême, le chef d’une agence internationale convainc les responsables des banques centrales de soutenir cette nouvelle monnaie. Un “coin” est produit dès qu’une tonne de carbone est éliminée de l’atmosphère. Le tout afin d’inciter les citoyens et tous les acteurs économiques à lutter contre le réchauffement. Les pétro-États ou les compagnies pétrolières sont même rémunérés pour arrêter de forer…

“Tout le monde sur Terre pourrait être payé pour faire du bon travail pour la biosphère.”

Kim Stanley Robinson, dans une tribune publiée par Bloomberg

Une telle idée ne serait-elle pas adaptable au monde actuel, alors que l’impact écologique de Bitcoin, n°1 des cryptomonnaie, fait débat ? La semaine passée, le patron de Tesla Elon Musk annonçait même que son entreprise n’accepterait plus cette cryptomonnaie pour l’achat de ses voitures électriques. Le “minage” de Bitcoin nécessite en effet beaucoup d’électricité (0,5 % de la consommation mondiale selon les estimations), dont la plus grande part est issue de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz…).

Un Carbon coin aussi sûr que le dollar

Pour l’heure ce Carbon coin reste bien sûr une idée romanesque. Pour qu’elle se concrétise, comme dans l’ouvrage, il faudrait que les banques centrales du monde entier acceptent de soutenir la monnaie, créant de l’argent neuf ou émettant des obligations pour les projets de développement durable. Le Carbon coin devenant une valeur aussi sûre que le dollar. Ce qui n’est clairement pas à l’ordre du jour.

Néanmoins l’idée n’est pas si farfelue, du moins pas plus que certains projets de géo-ingénierie. Dans des situations de crise, les États ont par exemple réussi à sauver des banques, souligne l’auteur. Au vu de l’urgence climatique, ajoute-t-il, nous n’aurions même pas grand chose à perdre à expérimenter une telle solution.

“Ce serait compliqué et désordonné, bien sûr, mais pas aussi compliqué et désordonné qu’un événement d’extinction de masse.”

Kim Stanley Robinson, dans une tribune publiée par Bloomberg.

À LIRE AUSSI : Impact écologique de Bitcoin, quel est le problème ?

D’autres cryptos plus écolos que le Bitcoin

L’ouvrage de Kim Stanley Robinson est d’ailleurs inspiré d’une proposition bien réelle de Delton Chen, ingénieur civil et géo-hydrologue australien, à l’origine du Global Carbon Reward. Ce dernier imagine aussi une monnaie rétribuant les efforts de réduction des émissions. Un organisme international serait chargé de créer la devise et de vérifier les séquestrations de carbone. À l’avenir, Delton Chen espère bien expérimenter son idée avec un gouvernement volontaire, souligne le site Popular Science. Par exemple, un État insulaire directement menacé par le réchauffement climatique.

Cette idée de Carbon coin intéresse aussi d’autres économistes. Le Centre aérospatial allemand (DLR) imagine par exemple une surtaxe sur le dioxyde de carbone, via une monnaie virtuelle. Plus largement, des auteurs plaident pour une récompense positive des efforts de réduction du risque climatique, bien plus incitative qu’une taxe carbone ou un simple crédit carbone.

Si une autorité centrale soutenait cette monnaie carbone, on pourrait même imaginer quelle existe sans blockchain. Il n’est pas interdit de rêver. En attendant, d’autres cryptomonnaies un peu plus écologiques que le Bitcoin, elles, existent déjà. Nous vous en parlerons prochainement…

À LIRE AUSSI : Comment j’ai créé ma cryptomonnaie

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