Partager la publication "Bonus Réparation : l’industrie du textile et de la chaussure passe à l’action"
Réparer pour éviter d’acheter de nouveau ou de jeter. Avec le Bonus Réparation, annoncé ce mardi 7 novembre 2023, l’État – avec l’aide de l’éco-organisme Refashion qui pilote le Fonds Réparation – veut inciter le grand public à sauter le pas. Quand on sait que l’essentiel de l’impact environnemental d’un vêtement, d’une paire de chaussures ou d’un accessoire de maroquinerie intervient lors de sa fabrication, passer par la case réparation pour allonger la durée de vie d’un produit n’est pas anecdotique. Un coup de pouce financier “bon pour l’environnement mais aussi pour le pouvoir d’achat”, a salué le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.
En France, 820 000 tonnes de textile et chaussures sont achetées chaque année, selon Refashion. Et seulement 260 000 tonnes sont collectées. Le reste s’entasse donc dans les placards ou finit à la poubelle. Pour ne plus surconsommer ou jeter inutilement, il faut donc développer la filière réparation. Pour cela, l’État s’est engagé à investir 154 millions d’euros d’ici 2028. Non seulement pour financer le Bonus Réparation mais aussi pour favoriser des formations, faire de la pédagogie dans les écoles, développer la connaissance des métiers, etc.
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Comment fonctionne le Bonus Réparation ? Les réductions peuvent aller de 6 à 25 euros par type de réparation et sont cumulables sur une même pièce usagée (dans la limite de 60% du prix de la réparation). En revanche, des “améliorations” comme la retouche et l’upcycling ne sont pas éligibles. De même, sous-vêtements et linge de maison sont exclus du dispositif.
Pour avoir droit au Bonus Réparation, il faut s’adresser à une réparatrice ou un réparateur labellisé par Refashion. À date, quelque 593 artisans ont été répertoriés et sont disponibles sur une carte (et bientôt via un moteur de recherche) sur le site bonusreparation.fr. Comme on peut le constater ci-dessous, les réparateurs sont répartis un peu partout dans l’Hexagone.
Le consommateur, lui, n'a aucune démarche particulière à réaliser, c'est du côté des professionnels que tout se passe. Ces derniers, une fois agréés par Refashion, devront transmettre une photo du vêtement ou des chaussures à réparer ainsi que la facture via une application ad hoc pour toucher le Bonus Réparation.
2 minutes suffisent, affirme l'éco-organisme. Reste une inconnue : le délai réel du remboursement une fois la réparation effectuée. S'il est trop important, les artisans pourraient ne pas jouer le jeu…
"Ce n'est qu'à partir d'environ 30 % de remise sur la réparation que les citoyens disent qu'ils pourraient envisager de sauter le pas", indique Frédéric Dabi, directeur général de l'institut IFOP, qui a réalisé une étude sur les Français et la réparation de vêtements et chaussures. Le Bonus Réparation pourrait donc changer la donne.
Considérant que les Français consomment en moyenne 12,2 kg de vêtements par an, détourner 1kg/personne de textile et linge de maison des ordures ménagères permettrait d’éviter 25 kg d’émissions de CO2 par personne.
Refashion
"Alors que trois Français sur quatre avouent s’être déjà débarrassés de vêtements ou chaussures qui auraient pu être réparés, ce Bonus Réparation vise à les encourager à adopter des gestes plus responsables tout en préservant le pouvoir d’achat et en soutenant l’artisanat de proximité", explique Sandra Baldini, directrice du pôle Consommation chez Refashion. Et d'ajouter : "La flemme est le levier le plus important à adresser quand il est question de réparation. Il faut donc rendre la démarche la plus simple possible pour que ce geste soit adopté par une large part des Français."
En 2019, selon l'ADEME, 16 millions de vêtements ou chaussures ont été réparés. Refashion espère porter ce chiffre à 21,6 millions d’ici 2028 grâce à l’instauration du Bonus Réparation. Une hausse de 35 % du volume qui devra s'accompagner d'un développement de la filière pour répondre à une demande en hausse.
En 2019, ils n'étaient plus que 3 400 en France. Le métier de cordonnier est en perdition depuis quelques années. Avec des chaussures de plus en plus abordables, l'emploi très fréquent du plastique… la réparation des chaussures et baskets a drastiquement chuté en France. Entre 1995 et 2000, l'Hexagone a perdu la moitié de ses cordonneries. Le Bonus Réparation doit justement endiguer le phénomène du "jeter plutôt que réparer".
Du côté des retoucheurs, si la situation est moins catastrophique, le métier peine cependant à se structurer. Et reste précaire pour une partie de la profession. Le Bonus Réparation pourrait aider à changer la donne. "Ce métier n'a pas besoin de strass et de paillettes, c'est un ensemble de savoir-faire. Il est réalisé par des passionnés et est passionnant", conclut Elsa Chassagnette, responsable du Fonds de Réparation Refashion.
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