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Ces migrations géantes qui se produisent en secret (ce n’est pas ce que vous croyez)

En matière de transhumances et de migrations, on connaît le retour des vaches en alpage aux beaux jours ou encore les gnous en Afrique. Chaque année, entre un et deux millions de ces bovidés traversent le parc du Serengeti, en Tanzanie, pour trouver de quoi se nourrir. Mais tout cela n’est rien à côté de ce qu’il se passe dans les profondeurs aquatiques. Dans les océans, il existe un phénomène fascinant connu sous le nom de “migration verticale du zooplancton”. Il s’agit de la migration nocturne des organismes planctoniques dans les océans. Et ici on ne parle pas en millions mais plutôt en milliards. À un rythme quotidien. Et dans tous les océans du monde.

Chaque nuit, des milliards de minuscules créatures marines, comme les krill, les copépodes et certains poissons, effectuent une migration verticale massive des profondeurs océaniques vers la surface pour se nourrir, avant de replonger dans les eaux plus sombres à l’aube. Ces migrations quotidiennes impliqunte probablement la plus grande biomasse migratrice sur Terre, dépassant – de loin – celle des grandes migrations terrestres d’animaux, gnous y compris. On estime en effet que des milliards de tonnes de zooplancton participent à ce mouvement vertical synchronisé chaque jour.

Des migrations verticales quotidiennes avec une réelle importance écologique

Pourquoi les organismes planctoniques migrent-ils vers la surface la nuit ? C’est une nécessité vitale puisqu’ils remontent des profondeurs – parfois quelque 1 000 mètres sous la surface – pour se nourrir du phytoplancton présent dans les eaux supérieures riches en lumière. Pour une larve de poisson d”un quart d’environ 6mm , effectuer un voyage vertical ne serait-ce que de 300 mètres, cela équivaut à un être humain nageant plus de 80 km, en seulement une heure environ. Quotidiennement.

Ces petits organismes agissent de nuit afin d’éviter les prédateurs visuels pendant la journée. Ils restent dans les profondeurs plus sombres lorsque le soleil les expose trop. Cette migration représente un compromis entre se nourrir et éviter d’être mangé. Ce vaste mouvement migratoire joue un rôle crucial dans le cycle du carbone et des nutriments dans les océans, souligne le journal Scientific American. En transportant le carbone des eaux de surface vers les profondeurs, le zooplancton contribue à la séquestration du dioxyde de carbone et à la régulation du climat.

Un phénomène méconnu mais essentiel

Bien que ce phénomène de migration verticale du zooplancton soit l’un des plus importants sur Terre, il reste largement méconnu du grand public. Pourtant, sans cette migration quotidienne, l’équilibre fragile des écosystèmes marins serait gravement perturbé. Le zooplancton joue un rôle crucial en tant que principale source de nourriture pour de nombreuses espèces de poissons, de baleines et d’autres prédateurs marins.

De plus, cette migration verticale massive contribue à la circulation des nutriments dans les océans. Lorsque le zooplancton remonte la nuit pour se nourrir, il libère des déjections riches en nutriments dans les eaux de surface, favorisant ainsi la croissance du phytoplancton. Inversement, lorsqu’il replonge le jour, il transporte ces nutriments vers les profondeurs, permettant ainsi un cycle continu de recyclage des éléments nutritifs essentiels à la vie marine.

Malgré son importance vitale, ce phénomène naturel reste fragile face aux menaces telles que le changement climatique, la pollution et la surpêche. Protéger cette migration verticale du zooplancton est donc crucial pour préserver l’équilibre délicat des océans et, de là, notre planète tout entière.

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