Mettre des panneaux solaires sur un toit est une bonne idée. Cultiver des aliments dans une serre en est une autre. Mais la réunion de ces deux idées est généralement très mauvaise, car les panneaux solaires bloquent la lumière et empêchent les plantes de pousser.
C’est pourtant le défi que s’est lancé une équipe de chercheurs de l’Université de Californie à Santa Cruz. Leur but : rendre l’agriculture moins dépendante du réseau électrique et des énergies fossiles. Car les serres sont en effet très consommatrices en énergie : que ce soit pour l’irrigation, la ventilation ou encore le contrôle de la température de la température ou de l’humidité de l’air.
Pour réussir ce défi technique, les scientifiques menés par le professeur Michel Loik ont mis au point un panneau solaire semi-transparent dont le matériau ne laisse passer que certaines longueurs d’ondes du spectre lumineux indispensables aux plantes. Et bloque les autres pour produire de l’électricité. Résultat : on obtient une serre d’une couleur rose très tape-à-l’œil !
Pour tester leur prototype, les chercheurs ont cultivé 20 variétés de tomates, de concombres, de citrons, de poivrons, de fraises et de basilic. Selon leur
publication, 80% des plantes n’ont eu aucune modification de leur croissance, tandis que 20 % ont même mieux poussé. À savoir les fraises, les poivrons et les tomates. Et bonus : la consommation d’eau a même diminué de 5 %.
Seul limite : le rendement de ces panneaux n’est que de 4 %, alors que les modèles conventionnels oscillent autour de 15 % d’énergie solaire convertie en électricité. Et certains prototypes en laboratoire atteignent même 22%.
Les panneaux inventés à l’université de Californie pourraient néanmoins trouver acheteurs. Selon Michel Loik, le coût par Watt du système n’est que de 40 cents américains. Soit 40% moins que le coût des cellules traditionnelles à base de silicium. “Si les serres produisent de l’électricité sur le site, cela réduit le besoin d’une source extérieure, ce qui contribue à réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre”, ajoute-t-il. “Nous allons vers des serres autosuffisantes.”