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Changearth Project : l’Interrail au service de la planète

Rencontrer 38 acteurs du changement à travers neuf pays en à peine 30 jours : voilà le pari insolite de deux étudiantes de 22 ans de l’école de commerce EM Lyon. De cet Interrail endiablé – elles ont utilisé le célèbre pass ferroviaire pour voyager dans toute l’Europe à l’été 2021 – est née une galerie de portraits, le Changearth Project.

Il s’agit de femmes et d’hommes âgés de 19 à 32 ans qui, chacun à leur façon, militent en faveur d’une société plus vertueuse et écologiquement responsable. Militants, experts, scientifiques… autant de profils qui méritent le détour. Au fil de l’été, WE DEMAIN présentera chaque semaine l’un de ces portraits engagés afin de les découvrir plus en détail. Mais rencontrons d’abord Carla Dominique et Astrid de Rengervé, les deux jeunes femmes à l’initiative du projet. 

WE DEMAIN : Comment est né Changearth Project et quel était l’objectif ?

Astrid de Rengervé : C’est quelque chose d’assez courant dans notre école de faire des “learning expeditions” sur les thèmes de l’éducation et du voyage responsable. Nous avons donc aussi eu envie de partir et rencontrer des jeunes engagés pour l’environnement. L’idée était de montrer que, partout en Europe et dans le monde, des gens agissent, se mettent ensemble et luttent pour préserver notre planète.

Carla Dominique : On voulait creuser ces thématiques-là. On a trouvé ça génial de pouvoir rencontrer des gens qui agissent dans des domaines aussi variés que la biodiversité, le climat, la mode durable, le militantisme ou encore le droit de l’environnement. Et au fur et à mesure, ça s’est concrétisé sous la forme de Changearth Project, une série de portraits engagés.

Comment vous êtes-vous organisées ?

Carla : D’abord, on a voulu partir en Interrail parce que c’était logique de faire ce voyage en train, l’avion n’aurait pas été écoresponsable ! Ça nous a permis de nous essayer au slow travel. Ensuite, sur place, on a privilégié les auberges de jeunesse, on a été hébergé par des connaissances lorsque c’était possible et lorsqu’il n’y avait pas d’autre option, on a pris un Airbnb. Mais il fallait que ça reste dans notre budget qui était de 1000 euros par personne, sans le pass Interrail. Et cette façon de voyager nous a permis de rencontrer plein de gens différents.

Astrid : Ensuite, on a dû se renseigner sur chaque personne et la thématique sur laquelle elle travaille pour pouvoir mener correctement les interviews. C’était beaucoup de travail mais c’était passionnant. On a tellement appris et forcément, ça a changé notre rapport à l’écologie. Nous n’en sommes que plus engagées ! On a également voulu se créer une identité visuelle sur les réseaux sociaux pour partager notre projet, ce qui a été possible grâce au soutien de Marie Ferran. C’était un challenge mais on a aussi pu compter sur l’aide d’Alix Amerein, François Mons, et Camille Claude, notamment pour retranscrire les interviews.

Comment avez-vous sélectionné les profils de la série de portraits ?

Astrid : L’objectif était d’avoir des profils aussi variés que possible pour montrer la diversité des combats en faveur de l’écologie : chercheurs, entrepreneurs, activistes, salariés, associatifs… On a cherché les différentes personnes sur LinkedIn. Soit à partir des comptes de start-up ou d’ONG (Organisations Non Gouvernementales) qui nous intéressaient, soit en tapant des mots-clés dans un moteur de recherche. On a eu plus d’une centaine de réponses favorables. Il a ensuite fallu s’organiser et voir ceux qu’il nous était possible de rencontrer sur notre route. Et donc on a sélectionné 38 personnes avec des profils variés pour traiter de thématiques différentes.

Profil Instagram du Changearth Project. Capture d’écran : @changearth_

Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement marqué ?

Carla : On a rencontré tellement de personnes passionnantes et passionnées mais j’ai vraiment apprécié Anna Bang Kvorning. Elle a 27 ans et elle est Danoise. On l’a rencontrée à Copenhague. Elle est géologue et chercheuse spécialisée dans l’étude des climats marins en arctique, et a participé à plusieurs expéditions au Svalbard et au Groenland. Elle nous a beaucoup appris sur la fonte des glaciers et ses conséquences, tout en nous partageant sa vision de jeune maman engagée. C’était très enrichissant !

Astrid : C’est vraiment difficile de choisir mais je me souviens particulièrement de Halliki Kreinin, une chercheuse de 29 ans en économie environnementale à l’université de WU [Wirtschaftsuniversität Wien, en Autriche, ndlr]. On l’a rencontrée à Vienne au moment de la sortie du premier volet du rapport du GIEC. Voir à quel point elle prenait ça à cœur tout en restant très positive, c’était touchant. Elle nous a parlé des alternatives au modèle économique actuel qui nous permettraient de respecter les limites planétaires, sans en parler comme un sujet tabou…

Est-ce une expérience que vous souhaitez renouveler ?

Astrid : On pense à compléter ces portraits en reproduisant la même expérience, pourquoi pas en France cette fois-ci. Mais pour l’instant, on n’a pas encore eu l’occasion.

Carla : Et même dans les villes où on a déjà été, il y a tellement de personnes qu’on aurait aimé rencontrer qu’on préfère ne se fermer aucune porte pour le moment. Mais c’était une très belle expérience. Si on peut la renouveler, on le fera !

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