Combustible, isolant, bio-béton… connaissez-vous le miscanthus ?

À première vue, on pourrait le confondre avec un immense roseau. Le miscanthus giganteus a pourtant son propre caractère. Cette plante graminée originaire d’Asie, à l’aspect de cannes souples d’environ 4 mètres de hauteur, suscite un intérêt croissant en France depuis dix ans.

Sa culture s’étend aujourd’hui sur 5 500 à 6 000 hectares, avec quelques centaines de plus chaque année.

Le miscanthus peut être récolté tous les ans et ne nécessite pas d’engrais ou de produits phytosanitaires, à l’exception de la première année“, nous explique Caroline Wathy, ingénieur agronome et responsable cultures chez Novabiom. “Sa culture prévient l’érosion du sol, limite le ruissellement, filtre l’eau et favorise la biodiversité.

Le miscanthus est aujourd’hui utilisé principalement comme paillage horticole, mais également comme litière pour animaux (sous forme de copeaux ou granulés 100 % naturels et compostables) ainsi que de bio-combustible.

Cette source d’énergie renouvelable permet aussi aux propriétaires d’une chaudière biomasse de se chauffer à moindre coût en soutenant les cultures locales. L’association France Miscanthus, dont fait partie Novabiom, recense 14 initiatives de chauffage au miscanthus sur tout le territoire, dont l’alimentation en énergie du château de Vauventriers (Eure-et-Loir) ou encore de 1000 m2 de bâtiments communaux à Hangest-sur-Somme (Somme).

Le miscanthus nous sert à chauffer la bibliothèque, la cantine, 5 salles de classe et la mairie“, confirme Gérard Bailleul, maire du village de 750 habitants. La commune utilisait auparavant un chauffage classique au fuel qui revenait environ à 25 000 euros par an. Sa chaudière biomasse alimente la même superficie toute l’année pour 10 000 euros/an, et réalise ainsi une belle économie.

Le développement d’un béton bio-sourcé

Le miscanthus est également utilisé pour servir d’isolant ou de composant de bio-béton.

Le miscanthus pur, ou mélangé avec de la chaux, forme une matière spongieuse et aérée, aussi isolante que le chanvre ou la laine de bois“, souligne Caroline Wathy. Les tiges sont utilisables immédiatement après récolte sans besoin de transformation.

Mélangé à du sable, de l’eau et du ciment, il permet concevoir un “béton vert”, local et plus respectueux de l’environnement. Les entreprises Ciments Calcia et Alkern ont déposé en 2017 un brevet pour un béton bio-sourcé à base de miscanthus. Les tiges sont intégrées à la préparation du béton à hauteur de 60 % pour remplacer les granulats de construction. L’avantage ? Elles allègent significativement le matériau et réduisent son bilan carbone en substituant une ressource non renouvelable, le granulat, par une ressource naturelle. 
 

À lire aussi : Le ciment, trop polluant ? Deux Français inventent une argile aussi solide que du béton

 

Une solution intéressante, alors que le béton représente 80 % du patrimoine bâti en France et s’avère être un matériau très polluant. Tout comme le lin et le chanvre, la fibre de miscanthus semble donc promis à un bel avenir dans le secteur de la construction.

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