Contre la surpêche, il crée une plateforme de vente de poisson en circuit court

Des poissons, Charles Guirriec a commencé par en troquer sur Facebook avec ses amis parisiens. Amoureux de la pêche, il embarque à bord de bateaux en tant qu’ingénieur halieute pour évaluer les stocks.
 

“J’ai été frappé par l’épuisement des ressources. De nombreuses espèces sont en voie d’extinction comme le bar dans la Manche.”

Un autre constat le choque : le prix d’achat du poisson, au moins quatre fois inférieur à celui payé par le consommateur. “À moins de 3 euros le kilo, les pêcheurs sont toujours au bord de la faillite. Une bonne journée, ils font 100 kilos. Quand un chalutier Intermarché, lui, pêche plus de deux tonnes.”

Pêche raisonnée

Décidé à agir, il lance mi-2015 le site Poiscaille. Une plateforme permettant de vendre en circuit court des produits issus de la pêche raisonnée. 
 

“Il n’y a aucun intermédiaire autre que nous. Le poisson est capturé, transporté directement à Paris et distribué en moins de 48 heures dans l’une de nos douze adresses partenaires.”

Pour approvisionner ses clients, le site s’appuie sur une quarantaine de pêcheurs basés sur chaque côte. “Pratique, notamment quand la météo empêche les bateaux d’une région de sortir.” Car les bateaux en question sont de frêles esquifs. Longs de 12 m, ils n’embarquent tout au plus que trois marins.

Fonds marins

“On défend une certaine vision de la pêche traditionnelle, qui ne s’encombre pas forcément des labels”, explique le jeune entrepreneur.
 

“Les poissons ne sont pêchés qu’avec des techniques douces : à la ligne, filets droits et trémails, casier, pêche à pied ou en plongée. Pas de chalut qui détruit les fonds marins !”

En échange, les pêcheurs sont payés au moins 20 % de plus que par la grande distribution. Le prix des casiers, lui, est fixe. “Il est accompagné de recettes et permet de cuisiner pour trois personnes. Nous les vendons 27,90 euros, ou 19,90 en abonnement.” Un prix plutôt élevé mais qui permet de se régaler de poissons, crustacés et coquillages “à la fraîcheur incomparable”, assure Charles Guirriec.

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