Après des débats intenses et des nuits de négociation à Cali (Colombie), près de 200 délégations réunies pour la COP16 ont conclu sur une avancée notable : la création d’un fonds destiné à redistribuer une partie des profits générés par l’exploitation des séquences génétiques du vivant. Ce fonds est destiné à soutenir la conservation mondiale, notamment via les domaines pharmaceutiques, biotechnologiques, et cosmétiques. Cette innovation répond en partie aux ambitions fixées lors de la COP15 à Montréal en 2022, mais reste insuffisante face aux enjeux de financement global de la biodiversité.
Certes, les entreprises qui profitent de la biodiversité contribueront également à sa préservation. Toutefois, ce fonds demeure facultatif, invitant les entreprises à verser 1 % de leurs profits ou 0,1 % de leur chiffre d’affaires pour ce soutien. Le montant attendu de ce fonds pourrait atteindre un milliard de dollars par an, mais reste totalement hypothétique sans une obligation de contribution.
Malgré l’enthousiasme initial pour ce fonds innovant, les négociations ont buté sur la question cruciale de la mobilisation annuelle de 200 milliards de dollars d’ici 2030 pour soutenir la biodiversité. Cette feuille de route, soutenue notamment par la présidence colombienne de Susana Muhamad, incluait un fonds pour la nature que les pays en développement attendaient avec impatience. Ils devront prendre leur mal en patience.
Les discussions acharnées n’ont pas abouti, notamment en raison de l’opposition de plusieurs nations riches, opposées à la multiplication des fonds multilatéraux. Le Brésil et la Colombie, acteurs influents de la conférence, ont plaidé pour une solution rapide, mais les positions de blocs comme l’Union européenne et le Japon ont figé les discussions jusqu’à l’épuisement des participants. Ce samedi 2 novembre, après une nuit blanche en plénière, Susana Muhamad a annoncé que la COP16 était terminée. La raison ? Le quorum n’était plus réuni, puisque nombre de délégués avaient quitté la table des négociations pour rentrer chez eux.
L’un des points positifs de cette COP16 réside dans la reconnaissance accrue des peuples autochtones et afrodescendants en tant que gardiens de la biodiversité. Une partie du nouveau fonds de conservation est dédiée à ces populations, qui jouent un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes mais demeurent souvent en première ligne des menaces environnementales. La Colombie, pays le plus meurtrier pour les défenseurs de l’environnement, avait fait de ce statut renforcé pour les peuples autochtones une priorité de cette COP16.
Le bilan de la COP16 montre un pas timide mais important vers une répartition plus équitable des bénéfices tirés de la biodiversité. Cependant, la suspension des négociations sur le financement global laisse en suspens des objectifs critiques pour le renversement de la dégradation de la nature. Un prochain round de négociations sera nécessaire pour clarifier les engagements financiers et atteindre les cibles ambitieuses fixées par l’accord de Montréal.
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