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Derrière Bitcoin et Ethereum, ces cryptomonnaies au succès fou

Poussé par les tweets d’Elon Musk, le patron de Tesla, le Dogecoin affole les investisseurs. Alors qu’une unité ne valait que 0,002 euros il y a un an, elle vaut désormais environ 0,5 euros, soit 250 fois plus ! Un succès inattendu pour cette cryptomonnaie improbable créée en 2013 qui a pour emblème un mème célèbre d’internet, Doge, un chien Shiba Inu. 

“Un soir après le travail, je me suis pris une bière, puis, comme j’avais trop de temps libre, j’ai acheté Dogecoin.com. Ensuite, j’ai photoshoppé le logo sur la pièce et je l’ai placé”, expliquait à Vice.com l’un des initiateurs de cette blague qui pèse désormais des milliards. En pleine euphorie autour de la blockchain, ce n’est cependant pas la seule valeur numérique à afficher une envolée innatendue de son cours. Et certains de ces nouveaux cryptoactifs semblent aussi bien loufoques.

Des cryptomonnaies fantaisistes au succès très variable

Dans le sillage du Dogecoin, il existe ainsi une série de cryptomonnaies toutes fraîches incarnées par le thème du chien, comme le Shiba Inu ou le Akita Inu. “Ces crypto sans fondamentaux surfent sur l’actualité et sur la personnalité d’Elon Musk, note Renaud Lifchitz, un expert de la blockchain. C’est à peu près clair qu’il s’agit d’une bulle et d’une mode passagère qui va se dégonfler.” 

À l’image de ces nombreuses monnaies numériques humoristiques reprenant dans leur intitulé le nom de personnalités (Donald Trump ou Vladimir Poutine) ou d’aliments populaires (le pain à l’ail, ou Garlicoin en anglais), qui ont connu un certain écho avant de retomber dans les profondeurs de la blockchain. Des blagues dont la portée doit être relativisée. “Regardez le Garlicoin : ces derniers jours, les échanges se limitent à quelques dizaines de milliers de dollars”, observe Laurent Leloup, auteur d’un livre sur la blockchain.

Bake, Omi, Cryptokitties… plus c’est loufoque, mieux ça marche

Le logo de la cryptomonnaie Bake

Les cryptomonnaies autour du thème du chien ne sont cependant pas les seules à afficher de fortes progressions. Tricotant la métaphore boulangère, la valeur du Bake, un jeton (token en anglais), lié à la place de marché Bakeryswap a elle aussi explosé en quelques mois. Tout comme le jeton Omi de la plateforme VeVe. Deux places de marchés qui misent sur l’essor des jetons non fongibles (NFT en anglais), une sorte de titre de propriété infalsifiable, qu’on peut dès lors utiliser pour authentifier tout et n’importe quoi. 

Et les internautes, jamais à court d’imagination, ne s’en sont pas privés. Exemple avec la vente de chats animés – les Cryptokitties – numériques certifiés, il y a trois ans. Plus sérieusement, le monde de l’art s’est également emparé des NFT. En mars 2021, il s’est vendu une œuvre de l’artiste Beeple, un collage numérique, pour 69,3 millions de dollars. Un phénomène qui explique aussi l’essor de l’Enjin coin. Cette monnaie doit servir à générer des jetons non fongibles dans le monde du jeu vidéo. L’objectif ? Que les gamers puissent acheter et revendre des objets transférés d’un jeu à un autre avec cette cryptomonnaie.

BitTorrent aussi a sa cryptomonnaie

Plus classique, le BitTorrent a également le vent en poupe. Sur le papier, cette cryptomonnaie est censée permettre aux internautes d’acheter davantage de bande passante pour le téléchargement de leurs fichiers. Dans la réalité, son type de minage – la rémunération en cryptomonnaie des internautes participant au système –, basé sur le stockage, “a entraîné une hausse des prix des supports mémoire alors qu’elle n’a pas encore vraiment de cas d’usage”, signale Renaud Lifchitz.

Il y a plus de sept mille cryptomonnaies et chacun peut créer son coin chez soi.

Alexandre Stachtchenko

Autant de créations potaches qui ne doivent pas masquer la vraie révolution en cours, avertit Alexandre Stachtchenko, directeur blockchain et cryptos chez KPMG France, “Dans les années 1990, ceux qui réduisaient Internet aux blogs se sont trompés, rappelle-t-il. Si tout un chacun peut créer aujourd’hui son blog, cela ne veut pas dire que tout le monde a quelque chose d’intéressant à dire. C’est la même chose avec la blockchain : il y a plus de sept mille cryptomonnaies et chacun peut créer son coin chez soi. Mais si personne n’en veut, elle vaut zéro.”

Exemple avec le projet Terra et sa monnaie native, le Luna. Derrière ces dénominations poétiques se cache tout un écosystème qui permet à la fois de se protéger de l’inflation ou encore d’investir des très petits montants dans la finance. “Une solution pour la moitié des habitants de la planète qui n’ont pas de compte en banque”, rappelle Renaud Lifchitz.

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