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Des ateliers d’upcycling pour retrouver confiance en soi

Une scie sauteuse, une scie égoïne, une visseuse-perceuse. Voilà ce qu’on trouve dans la camionnette d’Anne Cavart quand elle se déplace pour animer un atelier pour l’association “On n’est pas que des cageots ” dont elle est la coordinatrice. Ces outils, qui peuvent faire un peu peur au début, sont rapidement apprivoisés par les participants au fil des ateliers.

Depuis sa création en 2013 à Saint-Brieuc (Côtes-d’Amor), On n’est pas que des cageots encourage la récupération et la valorisation créative de déchets – dit “upcyling” – dans la région. En cette fin d’année, l’association a par exemple organisé des ateliers de construction de sapins de Noël décoratifs à partir de palettes et de cageots. C’est bien ce matériau, et une bonne dose d’humour, qui a donné son nom à l’association, mais bien d’autres détritus sont récupérés pour créer bancs, salons de jardins, étagères, jardinières…

“L’idée est de montrer aux gens qu’il n’est pas si compliqué d’utiliser les matières qui existent déjà, d’encourager à réparer plutôt que de jeter et d’acheter du neuf”, explique Anne, ancienne animatrice jeunesse qui a l’habitude de “faire plein de choses avec trois fois rien”.

Encourager les femmes à oser

Concrètement, l’association propose régulièrement des ateliers d’environ deux heures dans ses locaux pour apprendre à fabriquer de petits objets, gratuits ou à petit prix (20 euros): “Pour d’abord donner le goût du bricolage, pour que les gens se sentent un peu plus autonomes et continuent tout seuls”.

Et l’association propose aussi des ateliers payants dans des entreprises, des magasins de bricolage, des écoles, des centres sociaux ou des foyers pour personnes âgées. Le public est composé à 80 % de femmes, âgées en majorité de 30 à 50 ans, “qui ont envie, mais qui n’osent pas”.

Car c’est là aussi l’un des objectifs de l’association : redonner confiance aux participants. Si au départ le projet était assez ludique et écologique, Anne s’est vite rendu compte “que ça travaillait plein d’autres choses, notamment l’estime de soi”.  
 
Selon Anne, “un atelier, c’est l’occasion d’essayer des choses”. Elle évoque la fierté des stagiaires de travailler avec leurs mains, de maîtriser un outil, d’avoir réalisé quelque chose de tangible. “En fin de journée, on voit ce qu’on a fait.”

Changer le regard sur les déchets

Et le projet prend de l’ampleur. L’association compte aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents bénévoles, qui “viennent donner des coups de main en amont pour préparer, démonter, récupérer, stocker”. Résultat, 150 heures d’ateliers ont été organisées cette année, auprès de plus de 2000 participants.

Au fil des ateliers et des années d’existence, Anne Cavart se réjouit aussi d’un changement de regard sur le déchet. Comme chez ces enfants qu’elle croise dans la rue après une intervention, et qui lui disent: “J’ai vu des cageots, j’ai pensé à toi”.

Ou encore avec Claire, cette bénévole qui voulait travailler sur des enjoliveurs abandonnés pour en faire des objets de décoration. Anne sourit en racontant comment les autres bénévoles, enthousiastes, ont commencé eux aussi à ramasser des enjoliveurs pour Claire: “maintenant, on en a une quantité, on pourrait ouvrir un garage!”

L’association continue de développer ses activités : elle propose maintenant des rencontres Zéro Déchet, permettant aux participants d’échanger recettes et astuces, et envisage un partenariat avec une nouvelle déchetterie qui doit voir le jour près de St-Brieuc, afin de récupérer plus de déchets, et d’encourager les habitants à recycler toujours davantage au lieu d’acheter du neuf.

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