Des logements étudiants à petit prix : c’est possible à la ferme !

“Studio de 30 m2 tout équipé avec mezzanine et grand jardin, pour moins de 300 euros”… Cette petite annonce vous fait rêver ? C’est ce qu’a déniché Julien, 20 ans, étudiant pilote d’avions à la fac de Béthune, dans une ferme des environs.
 
Julien a fait appel à Campus Vert, une association qui met en relation chaque année plus de 800 étudiants ou jeunes en formation avec des agriculteurs désireux de les héberger. Né il y a vingt ans dans les Hauts-de-France, le dispositif s’est peu à peu étendu en Ile-de-France, en Bretagne, et arrive en Normandie. “C’est du gagnant-gagnant pour les deux parties. L’objectif est de créer des échanges entre villes et campagnes, des mondes qui ont beaucoup à s’apporter”, souligne Odile Colin, directrice de l’association.

Étudiants en quête de nature

Pour les étudiants, ces logements sont toujours bon marché : entre 250 euros par mois pour un studio et 550 euros pour un trois-pièces de 60 m2, soit 20 à 30 % moins cher qu’en ville. La grille des loyers est fixée par l’association en fonction de la superficie et de la localisation.
 
“Le cadre est aussi bien plus sympa que dans les petites chambres du campus, je peux cuisiner, prendre l’air, je déconnecte vraiment le week end !”, estime Julien, originaire de Paris. “Plus de 50 % de nos locataires viennent de la ville. On sent un désir de retour à la terre, un besoin d’espace”, note la présidente de Campus Vert.
 
Seule contrainte, les jeunes doivent posséder une voiture. Les logements sont situés à maximum 15-20 minutes des écoles. “On est toujours plusieurs étudiants à la ferme donc on s’organise pour faire du covoiturage, d’autres déposent leur auto au pied des transports en commun”, explique Clara, élève en 3e année d’école d’infirmière logée dans une ferme de Quelmes, près de l’université de Saint-Omer.

Un complément de revenu pour les agriculteurs

Pour les agriculteurs, le dispositif se révèle aussi intéressant. Bernard et Sylvie, les hôtes de Julien, cultivaient 50 hectares de noyers, d’ail, d’haricots et de céréales, en partie en bio, sans arriver à boucler leurs fins de mois. Il y a dix ans, ils entendent parler du dispositif et se lancent dans l’aventure.
 
Bernard rénove lui-même une partie délabrée du corps de ferme pour en faire cinq studios qui ne désemplissent plus, offrant au couple un complément de revenu et une “tranquillité bien appréciable”.
 
Si l’investissement de départ peut être plus important lorsqu’on délègue les travaux à des professionnels – il s’élève en moyenne à 40 000 euros –, les aides de la région et de l’Union européenne atteignent 30 à 40 % du montant des travaux, afin de développer l’offre de logements sociaux.
 
“Je suis aussi contente car cela m’a permis d’entretenir mon patrimoine, typique de la région, une ferme au carré en tuiles flamandes qui tombait en ruines“, ajoute Bernard.

Apéros entre étudiants et agriculteurs

Surtout, propriétaires et locataires vantent les liens humains qu’ils ont tissés. “On rencontre des gens de partout, l’échange est extraordinaire ! Des jeunes nous ont même invités en vacances dans leur famille”, s’émeut Bernard, qui ne manque pas une occasion de convier ses locataires à l’apéro.
 
“Cela met de la vie et permet à nos deux filles de voir du monde car nous sommes dans un coin un peu isolé”, ajoute François Luysserrt, l’exploitant qui héberge Clara.
 
Des échanges encouragés par l’association. Les hôtes doivent au minimum proposer un diner par semestre et un “panier paysan” par mois, avec des produits du terroir. Sans compter les petits coups de mains spontanés.
 
“Si j’ai un souci, par exemple avec ma voiture, je sais que je peux compter sur mes propriétaires, ils sont toujours prêts à dépanner”, souligne Clara, partie du nid familial juste après le bac. “À 18 ans, être accueillie par un foyer m’a pas mal rassurée !”

 À noter : certains hôtes proposent même des lits doubles et accueillent les jeunes couples. Un cadre rassurant donc, mais qui n’empêche pas de vivre pleinement sa vie d’étudiant.
 

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