Partager la publication "Design des Territoires : à l’école de l’hyper-local"
En ce mois de septembre, l’École des arts décoratifs a réuni les 35 étudiantes et étudiants de la première promotion de “Design des territoires”. Déclinaison nationale du programme post-master “Design des mondes ruraux”, cette formation est dédiée à l’accompagnement des territoires par le design et à une réflexion sur la diversité des formes d’habiter. “Nous accueillons aujourd’hui 35 recrues – sur 166 candidatures, explique Emmanuel Tibloux, directeur de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad). Ce sont des architectes, des designers, des paysagistes, des artistes… Elles sont appelées à répondre aux différentes problématiques des territoires mais ont toutes vocation à devenir, par le biais de notre école, les concepteurs et conceptrices de nos milieux de vie.”
Durant une année, ces 35 recrues vont s’immerger dans différents territoires pour répondre aux enjeux locaux. Imaginé comme une réponse aux fractures territoriales exacerbées par des mouvements comme celui des Gilets jaunes, ce programme se situe à la croisée de l’expérimentation sociale, de la résidence et du bureau d’études. Ce programme a aussi la vocation à être un laboratoire d’expérimentation et une pépinière pour accompagner ces jeunes à faire émerger un projet professionnel. Il se décline cette année en six écoles de terrain, aux quatre coins de l’Hexagone mais aussi à la Réunion. Chaque projet s’articule autour des spécificités du territoire : forêt, montagne, littoral, campagne, ville ou îles.
Dans la droite ligne du programme précédent, initié en 2018 et qui était uniquement basé dans ce coin du Périgord Vert, une partie des étudiantes et étudiants va poser ses valises en Nouvelle-Aquitaine, dans la commune de Nontron (Dordogne). Leur mission sera de faire le lien entre les forces vives locales avec les politiques publiques (dont les élus locaux). Parmi les sujets qui seront abordés : la souveraineté alimentaire, la désertification médicale, la réinvention des modes de production artisanale, etc. L’accent sera mis sur la connexion entre savoir-faire locaux et innovation design, avec des enjeux politiques et écologiques majeurs, notamment en lien avec les néo-ruraux et la transition agroécologique.
Dans le Puy-de-Dôme, au cœur du Massif central, ce projet s’attache à repenser les paysages de montagne en répondant à différents défis sous la forme de recherche-action : vieillir vivant, l’ avenir des colonies de vacances et de leurs grands bâtiments vides, le développement des communs ruraux, la question des centres bourgs et commerces, celui du tourisme et de l’agropastoralisme… Là encore, les étudiants collaboreront avec des acteurs locaux pour imaginer des solutions durables.
Basé en banlieue parisienne, ce projet se concentre sur la question de la biodiversité urbaine et de l’évolution des espaces publics. En collaboration avec l’Établissement public de la Villette, les étudiants explorent des moyens de recréer des espaces verts (renaturation) et de revitaliser les friches industrielles, tout en s’attaquant aux problématiques de densification, de mobilité dans les villes et des usages collectifs de l’espace publique. L’objectif sera notamment de concevoir des parcs urbains à la fois écologiques et inclusifs pour les populations locales.
Dans les Vosges du Nord, les jeunes designers, architectes, artistes… s’immergeront au cœur d’un territoire forestier complexe. Ici, le Design des mondes forestiers se concentre sur la gestion des ressources en bois et la préservation des écosystèmes dans un environnement difficile d’accès et donc peu peuplé depuis toujours. Les problématiques abordées incluent la multifonctionnalité de la forêt, où cohabitent bûcherons, promeneurs et chasseurs, ainsi que la question de la désindustrialisation. Une grande partie de la réflexion porte sur la formation des compétences locales et la redynamisation des filières bois.
À Trégor, en Bretagne, le Design des mondes littoraux met l’accent sur l’impact du changement climatique sur les côtes. Les étudiants vont notamment travailler sur des projets liés à l’érosion des littoraux, au recul du trait de côte et à la gestion des ressources marines. Ils réfléchiront également à l’équilibre entre tourisme, pêche et agriculture littorale, des secteurs souvent en conflit. En partenariat avec les collectivités locales, le défi est d’imaginer des modèles de développement respectueux de l’écosystème marin tout en préservant l’économie locale.
Le sud-est de l’île de la Réunion est le cadre du Design des mondes insulaires, où les étudiants se confrontent aux problématiques spécifiques des territoires ultramarins. La forte pression démographique et les risques naturels, comme les cyclones et les inondations, forcent à repenser les modes d’habitation. Les projets développés visent à renforcer la résilience des communautés locales face aux catastrophes naturelles tout en valorisant les savoir-faire traditionnels insulaires, notamment dans les domaines de l’artisanat et de la construction écologique.
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.
C'est loin des 1 000 milliards espérés mais c'est toujours mieux qu'une absence d'accord. La COP29…
Réduire sa consommation de viande pour préserver la planète : une idée qui séduit un…
Le biomimétisme, ou l'art d'innover en s'inspirant du vivant, offre des solutions aussi ingénieuses qu'économes…
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…