“Digital After Love” : que restera-t-il de nos amours numériques ?

Retrouvez également notre dossier “L’amour en illimité” dans le dernier numéro de la revue We Demain. Disponible en kiosques et sur notre boutique  en ligne.
 

Que restera-t-il de nos amours ? Voilà la question qui nous tourmente l’esprit lorsqu’on referme le déroutant “Digital After Love ”, né du travail du photographe Oan Kim et de la compositrice Ruppert Pupkin. Le petit livre mêlant photographies, textes graphiques inspirés de SMS, et compositions musicales (que l’on peut écouter sur un CD inclus), a tapé dans l’oeil du jury de la fondation Swiss Life qui lui a décerné son prix “à 4 mains”.

Un travail original inspiré du glitch art, dans lequel le duo interroge la pérennité de nos relations amoureuses et leur sanctuarisation à l’heure du tout-numérique. “Nous étions tous deux fascinés par ces albums photos jaunis que l’on retrouve au marché aux puces, remplis de visages d’inconnus”, explique Emmanuelle Destremeau, alias Ruppert Pupkin, auteure, compositrice et réalisatrice.

Digital After Love raconte une rencontre, celle entre un homme et une femme, la passion des débuts, puis les premières disputes, l’éloignement… jusqu’à la rupture et aux regrets. Un voyage amoureux où le smartphone prend le relais des lettres d’amour ou du journal intime, dans la mise en scène du quotidien et l’entretien du souvenir.

Se glissant dans la peau d’archéologues 2.0, les deux artistes ont creusé cette mémoire brute pour retracer le fil d’une obsession, et nous dépeindre la fragilité des sentiments à l’ère digitale. “L’idée n’était pas de dire ‘l’amour ne meurt jamais’, mais plutôt de souligner que la passion amoureuse laisse des traces”, insiste Oan Kim. “Je trouve ça plutôt rassurant, de se dire qu’il y ait la possibilité d’une trace d’immortalité, même à travers le numérique.

Dans Digital After Love, la mémoire numérique a pourtant perdu de sa toute-puissance. Les photos et SMS pixelisés, incomplets, abîmés, renvoient à la propre fragilité du souvenir humain. “Le numérique peut se résumer à une succession de 1 et de 0, c’est quelque chose de très froid”, ajoute Ruppert Pupkin. “Ce qui nous intéressait justement était de parvenir à raconter une histoire intime derrière tous ces 1 et ces 0, de faire surgir l’humain.
 

  • Une installation en lien avec l’œuvre sera exposée dans le cadre de l’exposition Doisneau et la Musique, organisée par le musée de la Musique – Philharmonie de Paris du 4 décembre 2018 au 28 avril 2019.

Recent Posts

  • Déchiffrer

Christophe Cordonnier (Lagoped) : Coton, polyester… “Il faut accepter que les données scientifiques remettent en question nos certitudes”

Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…

17 heures ago
  • Ralentir

Et si on interdisait le Black Friday pour en faire un jour dédié à la réparation ?

Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…

24 heures ago
  • Partager

Bluesky : l’ascension fulgurante d’un réseau social qui se veut bienveillant

Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…

2 jours ago
  • Déchiffrer

COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…

3 jours ago
  • Déchiffrer

Thomas Breuzard (Norsys) : “La nature devient notre actionnaire avec droit de vote au conseil d’administration”

Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…

4 jours ago
  • Respirer

Les oursins violets, sentinelles de la pollution marine en Corse

Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…

4 jours ago