Du mobilier design fabriqué à partir de vieux avions

Que deviennent les vieux avions arrivés en fin de vol ? Après 30 à 40 ans de bons et loyaux services, ces géants des airs finissent souvent dans un cimetière d’avions où ils seront entièrement démantelés. Les pièces sont ensuite revendues, recyclées ou détruites.

Les fondateurs de la start-up Piece of Sky, tous deux salariés chez Airbus, ont décidé de leur donner une seconde vie en revalorisant les morceaux d’avions en mobilier design.

L’entreprise se charge de récupérer les matériaux auprès de démanteleurs ou dans les ateliers de crash-test puis de les fournir à une équipe de designers qui les transforment en luminaire, coiffeuse, table basse ou fauteuil.

Le résultat, aussi beau qu’original, sera disponible à la vente au premier trimestre 2020 dans les magasins et sur le site Voltex. Comptez 400 euros pour une lampe-bielle, 850 euros pour la table basse-hublot… les prix pouvant s’envoler pour les pièces exclusives, comme ce fauteuil “Cloud” bicolore issu d’un radôme d’A350.

C’était un vrai défi pour les designers, ils étaient contents de travailler avec des pièces évocatrices et des matériaux peu commun comme le carbone ou le titane“, souligne Anaïs Mazaleyrat, co-fondatrice de Piece of Sky.

La chef de projet chez Airbus se souvient notamment de la confection d’une chaise à partir d’un rib (nervure interne d’une aile), où le designer avait réussi, contre toute attente, à plier cette pièce pourtant solide et extrêmement rigide pour la transformer en dossier. 

Le recyclage d’avion, un secteur d’avenir

S’il s’apparente encore à un secteur de niche, l’upcycling de pièces d’avion pourrait bien décoller dans les prochaines années.

On estime que 12 000 avions vont être retirés du circuit aérien d’ici 2040, appuie Anaïs Mazaleyrat. Ceux que nous récupérons ont été mis en service il y a 30 ans, à une époque où le trafic aérien n’était pas aussi dense qu’aujourd’hui.

Seulement trois sites en France se chargent pour le moment du démantèlement des anciens avions de ligne : celui de Bartin Aero Recycling à Châteauroux et ceux de Tarmac Aerosave à Tarbes et Toulouse. La matière des modèles récupérés est recyclée à 80 % mais les pièces originales sont généralement peu valorisées au regard de leur coût originel.

Le projet Piece of Sky présente le double avantage de redonner plus de valeur à ces matériaux tout en faisant travaillant des démanteleurs et artisans locaux, dans un esprit 100 % économie circulaire.

Onze personnes ont travaillé sur les meubles en 2019, et l’entreprise projette de s’agrandir en 2020 à une quinzaine de designers. À plus long terme, la co-fondatrice n’exclut pas de lancer des entreprises jumelles sur d’autres sites Airbus, comme celui d’Hambourg en Allemagne.

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