Partager la publication "Elephant Haven : en limousin, la retraite bien méritée des éléphants en captivité"
Après une vie passée en captivité, Gandhi a finalement été accueillie le 14 octobre 2021 par Sofie Goetghebeur et Tony Verhulst. Le couple, originaire de Belgique, s’est lancé dans un projet ambitieux : ouvrir le premier sanctuaire pour éléphants d’Europe. Si lui était déjà au contact des pachydermes lorsqu’il travaillait au zoo d’Anvers, elle était alors en charge des grands singes. Dès 2012, le couple est face à une double interrogation. D’une part, ils sentent que la législation européenne quant à l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques est en train d’évoluer. D’autre part, ils déplorent l’absence d’un lieu de repos en Europe pour ces grands mammifères.
Après avoir sillonné le continent à la recherche d’un lieu propice, le couple s’installe dans… le Limousin. “Il y a toujours de l’eau ici et beaucoup de foin. C’est vert toute l’année et les arbres sont comestibles”, résume Sofie Goetghebeur. Fort de son expérience au zoo d’Anvers, Tony Verhulst a obtenu son certificat lui permettant d’élever, héberger et entretenir des éléphants. Parallèlement, le sanctuaire s’appuie sur plusieurs vétérinaires, dont la spécialiste des animaux sauvages, Florence Ollivet-Courtois.
Gandhi se met au vert
En captivité depuis 1973, Gandhi est désormais maîtresse des quatre hectares de terrain mis à sa disposition. Si l’éléphante garde de l’arthrose et des abcès comme séquelles de cette longue période, le couple ne veut pas blâmer les circassiens et propriétaires de zoos. “Nous sommes dans une démarche positive. Nous voulons aider et travailler avec eux pour offrir une retraite méritée aux éléphants !”, assure la fondatrice du sanctuaire. Selon les estimations, une centaine d’éléphants est en captivité dans les cirques européens. La création de sanctuaires pour les accueillir au fur et à mesure que les pays interdisent leur exploitation semble donc primordiale.
Gandhi vagabonde désormais librement entre la partie intérieure et extérieure de son étable. Elle rythme ses journées comme bon lui semble. Tous les matins, des soigneurs viennent vérifier sa santé et ses blessures mais elle reste entièrement libre de ses mouvements. “Elle doit s’habituer et comprendre que c’est pour son bien, explique Sofie Goetghebeur. Mais elle nous connaît maintenant et se laisse mieux faire.”
Un refuge pour éléphants qui n’est pas ouvert au public
Comme son nom l’indique, le sanctuaire est exclusivement un lieu de repos et reste fermé au public. Si, à terme, le couple envisage de proposer des journées portes-ouvertes et des programmes éducatifs, il souhaite surtout se préparer à la venue prochaine de Delhi, une éléphante de 39 ans.
L’enjeu est de taille : ce sont des animaux sociaux. Sofie Goetghebeur et Tony Verhulst espèrent que les deux congénères s’apprécieront mais rien ne l’assure. Dans tous les cas, leur bien-être sera l’absolue priorité et elles disposent de suffisamment d’espace pour s’épanouir ensemble ou séparément.
Un sanctuaire solidaire
Si le couple est ravi d’offrir une seconde vie reposante aux éléphants, ils reconnaissent que cela n’aurait jamais été possible sans l’engouement des donateurs. “C’est vraiment grâce à tous ceux qui participent que le sanctuaire existe”, s’enthousiasme Sofie Goetghebeur. En effet, le sanctuaire est dépendant des dons. S’occuper d’un éléphant revient à près de 50 000€ par an, un budget conséquent. Outre le soutien de grandes associations comme la Fondation Brigitte Bardot ou World Animal Protection, des particuliers peuvent parrainer Gandhi à l’année moyennant un don de 45€. “C’est essentiel pour subvenir à ses besoins quotidiens, précise la fondatrice du sanctuaire. Un éléphant consomme environ 10 kilogrammes de fruits et légumes par jour, sans compter le foin.”
D’autres partenariats ont été mis en place, comme le don des fruits et légumes invendus des supermarchés environnants chaque mardi. De la préparation de la nourriture au débroussaillement du terrain, un réseau de bénévoles vient ensuite prêter main forte. Des entreprises françaises et européennes mettent également la main à la pâte. Pelleteuse, isolation des structures ou encore livraison d’argile… une réelle communauté bienveillante est en train de se mettre en place. Sofie Goetghebeur se souvient de l’étonnement des riverains lorsqu’ils ont su que des éléphants allaient s’installer dans le Limousin : “Ils nous ont d’abord pris pour des fous ! Mais maintenant qu’ils ont vu notre sérieux, ils comprennent le principe du sanctuaire.”