Partager la publication "En Camargue, régénérer la nature contre vents et marais"
Début janvier 2023, l’assureur mutualiste français MAIF annonçait sa volonté d’allouer 10 % de ses dividendes annuels à des projets environnementaux. Ce “dividende” écologique se répartit en deux enveloppes. D’un côté, 60 % est investi dans des projets en faveur de la biodiversité (budget : 80 à 500 000 euros par initiative). De l’autre, 40 % revient à des missions de solidarité-prévention des risques et d’accompagnement.
En 2023, le dividende s’est élevé à 8,2 millions d’euros, dont 4,68 millions de dotation au Fonds MAIF pour le vivant. “Pour identifier les projets dans lesquels investir et assurer leur suivi, nous travaillons en collaboration avec le fonds Nature 2050 de la CDC Biodiversité, explique Catherine Bertrand, chargée de la Stratégie Globale Climat du Groupe MAIF. Le budget consacré n’est pas négligeable : entre 80 et 500 000 euros par projet. Et nous avons prévu un suivi de chaque dossier jusqu’en 2050. On est très loin d’une opération de greenwashing.”
Où en est-on douze mois plus tard ? La MAIF accompagne déjà trois projets de renaturation des milieux et ambitionne d’en ajouter une grosse dizaine en 2024. Elle a retenu, pour 2023, la restauration de la rivière du Lathan, près d’Angers (Maine-et-Loire). Objectif : lui redonner sur 12 kilomètres son aspect initial, modifié par l’homme dans les années 80. “Le but est de redonner un aspect plus naturel au cours d’eau. Et de rrestaurer une vaste zone humide autour d’un bras de la rivière. Ce sera bon aussi bien pour la faune et la flore que pour la recharge des nappes phréatiques”, déclare Hélène Hannoir, présidente du Fonds MAIF pour le vivant.
Autre projet, plus urbain celui-ci : désimperméabiliser une partie de la commune de Rion-des-Landes dans le sud-ouest. Enfin, le dernier investissement, à hauteur d’environ 280 000 euros, concerne la biodiversité en Camargue. Et plus précisément les marais du Vigueirat, gérés par Les Amis des Marais du Vigueirat, une association filiale du Groupe SOS.
“Nous sommes dans une démarche de renaturation des milieux des marais pour une préservation interventionniste de la biodiversité, résume Leila Debiesse, conservatrice de la réserve naturelle des marais, propriété du Conservatoire du littoral. Cette zone représente environ 1200 hectares, situés en Camargue orientale. Réserve nationale depuis 2011, les marais du Vigueirat abritent une biodiversité exceptionnelle.”
On y recense quelque 909 espèces végétales, 2227 espèces d’invertébrés et 408 espèces de vertébrés. Parmi elles, le butor étoilé, un oiseau échassier dont 20 % de la population française vient se reproduire dans les marais du Vigueirat. Même chose pour le héron pourpré. “Nous sommes quasiment leur seul site de reproduction sur le littoral méditerranéen français, assure Leila Debiesse. Le marais est un site extrêmement artificiel, comme tout le reste de la Camargue depuis que le Rhône a été endigué. Pour gérer les remontées de sel dans le sol, il a été nécessaire d’installer un système de canalisation pour amener l’eau douce au cœur du marais. Mais celui-ci est vieillissant par endroits.”
Avec le soutien financier de la MAIF, il s’agit donc de restaurer une partie des ces canalisations. Et d’en créer de nouvelles. Car, avec le réchauffement climatique, la sécheresse gagne du terrain chaque année. En outre, le débit réduit du Rhône irrigue moins bien le delta. Canalisations et “roubines” – les canaux d’irrigation creusés dans le marais – permettent de compenser en partie. Tout en “mimant” le cycle climatique méditerranéen. Les marais du Vigueirat possèdent donc 52 bassins hydrauliques, deux grands canaux d’irrigation et de drainage et 110 ouvrages hydrauliques (dont quatre stations de pompage).
“Avec toutes ces installations pour mettre en eau les marais et préserver la biodiversité, nous essayons de respecter les irrégularités de la nature tout en préservant la gestion pastorale, explique Leila Debiesse. Nous accueillons dans la réserve des troupeaux de taureaux et des chevaux de Camargue. Ils régulent la végétation, même s’il nous faut parfois intervenir pour réduire les plantes exotiques envahissantes comme le tamaris ou la jussie.” Les travaux prendront place entre 2024 et 2026. Pendant cette période, les visiteurs des marais – ils sont 25 000 par an en moyenne – seront sensibilisés aussi au projet. Ils peuvent découvrir la réserve naturelle par le biais de visites libres ou guidées à pied, à cheval et même en calèche. Des méthodes douces pour préserver la biodiversité… et prendre la mesure de la nature.
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