Partager la publication "“En matière d’énergies renouvelables, la France n’est pas à la hauteur de ses responsabilités"
La publication ce jeudi 25 janvier 2024 du baromètre 2023 des énergies renouvelables électriques en France par Observ’ER (Observatoire des énergies renouvelables) met les pieds dans le plat. Il a été réalisé pour le compte de la FNCCR (Fédération nationale des collectivités concédantes et régies) et de l’Ademe (Agence de la transition écologique) et établit un bilan annuel de l’évolution du déploiement de l’éolien, du photovoltaïque, etc. Oui, la France est et reste en retard sur ses objectifs de développement des énergies renouvelables électriques. Non, le fossé ne va pas se combler de sitôt et devrait même se creuser encore un peu plus les années passant.
Malgré une accélération du rythme d’adoption des énergies renouvelables électriques depuis quelques années, la France accuse toujours un retard. Que ce soit par rapport à ses propres objectifs comme par rapport aux autres pays européens. “Nous pouvons largement mieux faire, assure Richard Chamaret, président de la FNCCR. Nous avons encore beaucoup de retard. Nous sommes juste au-dessus de la moyenne, si nous devions donner une note.”
En 2023, le total de puissance EnR électrique raccordée en France était de 71,5 GW. L’an passé, le pays a raccordé 4,5 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires électriques renouvelables. Ce chiffre s’inscrit en retrait par rapport à 2022 (5,3 GW cette année-là) alors même que la France est déjà en retard sur ses objectifs. Si nous avons dépassé les 28 % de part des énergies renouvelables dans notre consommation d’électricité en 2022, l’objectif était initialement fixé à hauteur de 27 % pour 2020. Nous ne sommes toujours pas sur la trajectoire qui permettra à la France d’atteindre les 40 % d’EnR électriques visés à fin 2030.
“La France n’est pas à la hauteur de ses responsabilités en matière d’énergies renouvelables, affirme Vincent Jacques le Seigneur, président d’Observ’ER. Nous ne serons pas à 40 % d’ici 2030, malgré toutes les initiatives sur le terrain. Pourtant, nous n’avons pas des objectifs inatteignables. La preuve avec nos voisins : en Allemagne, la proportion des EnR électriques est de 52 %. Au Portugal, elle est de 61 % et l’Espagne a dépassé les 50 %.” Autre point d’inquiétude : le projet de Plan Énergie Climat qui a été soumis à la commission européenne a été retoqué car il manque des objectifs chiffrés.
“Depuis 2021, le photovoltaïque est moteur de l’électricité renouvelable en France, souligne Frédéric Tuillé, responsable des études à l’Obersv’ER. Ainsi, en 2023, plus de 3GW d’électricité supplémentaire provient du solaire. Il faut notamment souligner l’appétence des Français pour l’autoconsommation, renforcée encore par les hausses du prix de l’électricité. Derrière, l’éolien ne connaît pas la même trajectoire car le secteur souffre de délais très longs de traitement des dossiers et de fortes contraintes réglementaires.”
Certes, 2 012 MW ont été raccordés en 2022, ce qui est la meilleure performance de la filière éolienne terrestre en France depuis le début de son développement, mais cela reste encore limité par rapport au photovoltaïque. Un espoir demeure avec l’éolien maritime (fixe ou flottant) qui présente bien des intérêts mais, hormis le premier parc situé face à Saint-Nazaire qui fonctionne très bien, les autres projets n’ont pas encore vu le jour. Le parc installé compte 80 éoliennes (480 MW) mais il a nécessité pas moins de onze ans après le lancement de l’appel d’offres pour voir le jour… En 2024, le parc de Saint-Brieuc (496 MW) et celui de Fécamp (496 MW) entreront en activité. Devraient ensuite suivre les parcs de Courseulles (448 MW) en 2025 puis des îles d’Yeu Noirmoutier (496 MW) et Le Tréport (496 MW) entre 2025 et 2026.
“Dans le département de la Mayenne, il y a actuellement trois beaux projets d’agri-voltaïsme. Ce sont des projets qui viennent des agriculteurs, du terrain, se réjouit Richard Chamaret de la FNCCR. Pour que les projets fonctionnent, il faut que la valeur ajoutée d’une production locale d’énergie puisse revenir – tout ou partie – au territoire. Cela fait toute la différence avec des projets très centralisés, comme le nucléaire par exemple. La valeur ajoutée doit rester sur le territoire et les habitants doivent prendre part à la production.”
“La valeur ajoutée doit rester sur le territoire et les habitants doivent prendre part à la production des EnR.“
Richard Chamaret, président de la FNCCR.
Stéfan Louillat, chef de service Electricité Renouvelable et Réseaux de l’ADEME, confirme cette nécessité de partager la valeur au niveau local. Et se réjouit aussi de la croissance de l’autoconsommation photovoltaïque. “La progression est réelle d’année en année, explique-t-il. La puissance ainsi générée double chaque année. C’est la preuve que les citoyens s’impliquent fortement et comprennent tout l’intérêt d’une souveraineté énergétique.” Tout le pays bouge mais les derniers signaux politiques ont de quoi inquiéter. Dernièrement, le texte de souveraineté énergétique a justement été amputé de ses objectifs climatiques. Ce n’est jamais une bonne nouvelle…
SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.
Cofondateur de la marque de vêtements techniques Lagoped, Christophe Cordonnier défend l'adoption de l'Éco-Score dans…
Chaque année, comme un rituel bien huilé, le Black Friday déferle dans nos newsletters, les…
Fondé par une femme, Jay Graber, le réseau social Bluesky compte plus de 20 millions…
À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la…
Pourquoi et comment un groupe français de services numériques décide de mettre la nature au…
Face aux pressions anthropiques croissantes, les écosystèmes côtiers subissent une contamination insidieuse par des éléments…