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France : découvrez les communes qui utilisent le plus de pesticides

Depuis le mercredi 22 juin, chacun peut vérifier en quelques clics l’utilisation des pesticides dans sa commune. Solagro vient de dévoiler la première carte interactive pour connaître l’ampleur de l’utilisation des polluants des sols dans l’Hexagone. Cette association qui lutte en faveur de la transition agroécologique et alimentaire veut ainsi mettre en lumière les risques encourus.

Car ces produits phytosanitaires ont un impact sur la santé de la terre mais aussi sur notre santé, par l’entremise des aliments qui finissent ensuite dans nos assiettes. “Plus de 90 % de nos sols sont pollués par au moins un insecticide, un fongicide et un herbicide. A minima trois polluants présents, c’est énorme”, rappelle à WE DEMAIN Marc-André Selosse, biologiste spécialiste des sols et professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris.

Une carte interactive des pesticides en libre accès

La carte est disponible en libre accès sur Adonis, la plateforme de Solagro. Elle vient pallier le manque de cartographie et d’analyse permettant de mesurer l’empreinte des pesticides. Pour rappel, le plan Écophyto a vite montré ses limites. Lancé en 2007 par le ministère de l’Environnement, il prévoyait de réduire de moitié l’usage des pesticides en l’espace d’une décennie. Les dix années se sont écoulées et… l’usage des pesticides a augmenté de près de 15 % dans l’intervalle. L’ambition a été retardée à l’horizon 2025. Cet outil clair et transparent vise à accompagner des politiques de réduction efficaces.

Croiser les données liées aux pesticides

La carte est précise à l’échelle communale. Elle détaille le type de cultures et le type de traitements (herbicide, insecticides, fongicides, traitements de semences…). Elle affiche aussi l’ampleur de l’utilisation de produits phytosanitaires. On parle alors de l’indice de fréquence de traitement phytosanitaire (IFT).

Pour parvenir à cartographier l’utilisation des pesticides en France, Solagro a collecté et croisé les données du

  • Registre Parcellaire Graphique (RPG) 2020, qui donne accès à toutes cultures
  • Les enquêtes Pratiques Culturales concernant les grandes cultures, l’arboriculture, la viticulture et le maraîchage, qui donne un IFT moyen décomposé (insecticides, fongicides, herbicides et traitements de semences) par ancienne région administrative
  • Les parcelles en bio fournies par l’Agence bio.

Une valeur référence

”Nous savons tous les risques qu’engendre l’utilisation de pesticides. Ce type d’outil est indispensable pour parvenir à une réduction de l’usage et donc des risques”, assure Nadine Lauverjat, déléguée générale de Générations Futures, avant d’ajouter qu’il s’agit d’un “premier pas vers la transparence phytosanitaire. Ce qu’il manque maintenant c’est une volonté politique”.

Les résultats obtenus deviennent alors une valeur de référence pour les agriculteurs. Ils mettent également en lumière les risques de pollution de l’eau, de l’air et des aliments liés à l’usage des produits phytosanitaires en agriculture. “Nous voulions mettre ces données à disposition de l’ensemble des acteurs – l’État, les agriculteurs, les collectivités territoriales, les associations mais aussi les riverains. C’est un outil d’accompagnement dans l’objectif de réduction de l’usage de produits phytosanitaires”, résume Aurélien Chayre, agronome en charge des projets agroécologie-biodiversité de Solagro.

L’Indice des pesticides évités, le nouvel indicateur en faveur de la transition

Volet supplémentaire de cette carte : faire voir la quantité de pesticides évités. Calqué sur le modèle de l’empreinte carbone, l’Indice de pesticides évités (IPE) s’adresse tout particulièrement aux entreprises du secteur alimentaire. Ces entreprises pourront ainsi facilement calculer leur empreinte pesticide.

L’IPE, calculé à partir du même référentiel utilisé pour la carte, offre un double degré de lecture. Seront ainsi révélés le nombre de traitements chimiques évités ainsi que le nombre d’hectares préservés. “Avec l’IPE, nous appelons les acteurs de l’agroalimentaire à se saisir de cet enjeu et prendre leur part de responsabilité”, prévient Christophe Barnouin, président d’Ecotone.

Pour Vincent Bretagnolle, chercheur en écologie au CNRS, le rôle néfaste des produits phytosanitaires sur la biodiversité n’est plus à démontrer. “Il y a un consensus quasi total sur le déclin de la biodiversité lié aux produits phytosanitaires. Ce n’est pas anodin sur la santé environnementale et j’espère que cet outil permettra de changer les pratiques et de convaincre agriculteurs et communes.” A minima, cela permettra à chacun d’avoir une meilleure vision de la santé des sols autour de chez soi.

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