Partager la publication "Gastronomique et pas cher, ce bistrot emploie et forme des réfugiés"
Bienvenus à la Table du Recho, un restaurant recommandé à plus d’un titre : savoureux, économique, il est aussi écologique et solidaire. “Restaurer le monde en restaurant les hommes”, telle est son ambition, qui n’est pas qu’un bon slogan.
L’adresse se cache dans le XVIe arrondissement, au fond de l’ancienne caserne Exelmans transformée en tiers-lieu par l’association Aurore, déjà à l’origine des Grands Voisins. Pendant deux ans, ce lieu baptisé “les Cinq toits” sera occupé par 37 porteurs de projets sociaux ainsi que 350 résidents précaires ou réfugiés. Sept d’entre eux ont été embauchés par la Table du Recho, et apprennent le métier aux côtés d’une cheffe expérimentée.
“Créer un restaurant dans ce quartier me semblait une super façon de provoquer le dialogue entre réfugiés et riverains, des publics qui ne se rencontrent pas forcément, de faire tomber les a priori, se réjouit Vanessa Krycève, l’une des cofondatrices du projet. Et pour cela, il fallait obligatoirement une cuisine de qualité.” Comédienne et cuisinière de formation, Vanessa Krycève n’en est pas à son premier coup socio-culinaire.
Ateliers cuisine dans les camps de réfugiés
Puis elle s’installe dans des camps de réfugiés, dont celui de Grande-Synthe, où elle nourrit jusqu’à 350 personnes par jour en faisant cuisiner ensemble toutes les nationalités. À Arras, après avoir décroché 300 000 euros de mécénat, elle crée aussi le Grand Recho, un festival de cuisine solidaire faisant dialoguer réfugiés et population locale pendant une semaine.
En 2019, après trois ans sur la route, Vanessa cherchait un endroit pour poser ses casseroles, développer ses projets. La Caserne tombe donc à pic. En cuisine, elle fait appel à la cheffe Valentine Guenin, passée par de belles tables bistronomiques, comme le Berty dans le 13e arrondissement de Paris. Tous les produits qu’elle travaille sont locaux, achetés dans des coopératives ou chez de petits producteurs comme Zone Sensible à Saint-Denis (93). Le poisson est livré par l’entreprise de pêche durable Poiscaille. Valentine le précise également, elle “épluche au minimum ses légumes” puisqu’ils sont bio et se fait “un plaisir de transformer les restes pour avoir un frigo vide en fin de semaine !” Les sept réfugiés qui apprennent à ses côtés, afghans, soudanais ou érythréens, comme Iscay qui l’accompagne ce jour-là, sont aussi invités à partager leurs recettes.
Un modèle de restaurant à répliquer ?
Pour demain, la Table du Recho a encore d’autres projets. Des ateliers cuisine sont peu à peu organisés les samedis, avec un repas gratuit à la clé pour susciter d’autres occasions de rencontre entre les réfugiés de la caserne et le public extérieur, ainsi que des soirées ciné-débat. Enfin, Vanessa cherche à consolider son modèle économique avec l’aide d’Antropia, l’incubateur de l’Essec. Pour l’heure, le projet, qui reçoit diverses subventions, couvre ses frais mais ne génère pas de profit. La création d’une SAS dont l’association sera actionnaire devrait permettre de développer davantage le service de traiteur, de former des réfugiés au maraichage, de trouver un lieu pérenne. Et, qui sait, de créer d’autres Tables du Recho ?
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