Grille-pain, imprimante, télévision : Comment les recycler quand on vit en ville

La petite tente bleue se dresse sur la place du Général-Brosset, face à la gare des Brotteaux, en plein cœur de Lyon. En ce samedi matin de juin, elle accueille la quatrième “collecte solidaire de quartier” organisée par Éco-systèmes. Dès l’ouverture, les donateurs défilent et remplissent les chariots : un aspirateur vaincu par la poussière, une bouilloire qui ne chauffe plus, une cafetière qui n’a pas vu couler de café depuis des années…

Pour les plus gros appareils, Benjamin, Jaime et Abdel, chargés de la collecte aujourd’hui, tiennent leur diable à disposition. Les voilà partis récupérer une télévision chez une dame qui habite au bout de la rue. Devant la tente s’entassent déjà plusieurs machines à laver et un réfrigérateur.

Autant de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) qui vont retrouver une seconde vie grâce à Éco-systèmes. L’éco-organisme agréé par les pouvoirs publics a mis en place ces collectes en ville, d’abord en Île-de-France puis à Toulouse et à Lyon et Bron, pour récupérer et recycler petits et gros appareils, réparables ou hors d’usage. Une tâche considérable puisque chaque Français en stockerait 58  kg chez lui.

Des performances de collectes plus faibles en ville

“En ville, les performances des collectes sont plus faibles qu’en milieu rural : les déchetteries sont moins accessibles et les gens pas toujours véhiculés, explique Mélissa Bire, d’Éco-systèmes. Les collectes solidaires constituent de nouvelles solutions.”

Et elles ont du succès : alors que 9  kg d’appareils électriques sont recueillis par personne et par an en France toutes collectes confondues, les contributeurs de ces rendez-vous de proximité sont venus avec en moyenne 13,3 kg de déchets. Un couple s’arrête pour déposer une imprimante qui fonctionne : “Il suffit de remplacer les cartouches.” Une dame a chargé son vélo de ses propres appareils défectueux et de ceux de ses voisins : “D’habitude, je vais à la déchetterie, mais ici, c’est plus pratique.”

Gaz, fluides ou métaux dangereux

Premier objectif d’Éco-systèmes : la remise en état. Le petit électroménager est trié et, si possible, réparé par des structures telles qu’Emmaüs. “Depuis janvier, nous avons reçu 3 249 objets. Et 388 étaient en état de fonctionner”, rapporte Marc Perdereau, agent de traçabilité au foyer Notre-Dame des sans-abri, autre partenaire à Lyon. Ces objets sont ensuite revendus à prix modique : 5 euros pour un grille-pain ou un cuiseur vapeur.

Quant aux gros appareils, l’entreprise de réinsertion Envie les récupère et les teste. “On va par exemple brancher un frigo pendant vingt-quatre heures avec des sondes, pour vérifier la conformité des cycles de froid, détaille Grégory Bouchet, responsable du développement. Après un lavage complet, il sera revendu 20 % à 50 % moins cher que sur le marché, garanti un an.”

“Le bien-fondé de ces collectes, c’est aussi la dépollution, souligne Mélissa Bire. Certains appareils contiennent des gaz, des fluides ou des métaux dangereux pour l’environnement et la santé.” Ces substances sont extraites et détruites dans des centres spécialisés. Les autres éléments (plastique, métaux ferreux, etc.) sont triés et recyclés. Lorsque vous déposez votre Frigidaire dans une collecte solidaire de quartier, 83,4 % de ses composants trouvent une seconde vie.

Camille Jourdan.

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