Partager la publication "La “méthode carton”, ou comment cultiver sur des déchets"
C’est ici que Marcus Henderson, un militant afro-américain, a entamé la création d’un potager pour ce qu’internet surnomme “La Zone”. Sa méthode a fait l’objet de nombreuses moqueries sur les réseaux sociaux. Elle implique en effet un “système D” : planter les jeunes pousses au travers, voir sur des cartons étalés sur le sol.
The “People’s Garden” in the Seattle CHAZ. pic.twitter.com/IgdPCAVjGY
— intelwave (@inteldotwav) June 11, 2020
Pourtant, la méthode employée par Henderson a déjà fait ses preuves. L’apprenti fermier, détenteur d’un master en urbanisme durable, est influencé par les règles de la permaculture, à laquelle il a été formé par l’Institut Heartwood, en Californie.
Cultiver sans labourer pour préserver la santé des sols
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Marcus Henderson parle de jardinage sans labour. En France, on utiliserait plutôt le terme d’agriculture de conservation. Le principe ? Ne pas retourner la terre en profondeur avant de semer ou de planter des jeunes pousses.
Pour les adeptes des “techniques culturales simplifiées” – un autre terme pour désigner le non-labour – l’important est de favoriser la vie microbienne du sol : la clé de sa fertilité. Bactéries, champignons, acariens et vers de terre aèrent naturellement le sol et décomposent les restes végétaux. Le labour perturbe leur environnement, exposant à l’air libre les organismes vivant en profondeur et enfouissant, à l’inverse, ceux qui ne survivent qu’en surface.
Le carton, paillage insolite mais efficace
La ferme écologique Seeds of Solidarity, qui propose des programmes d’éducation dans le Massachusetts, détaille cette “méthode carton” dans une des vidéos de sa chaîne Youtube. Ricky Baruc, co-fondateur de la ferme, explique qu’il est possible de planter les jeunes pousses en pleine terre, au travers du carton, mais aussi de semer des graines directement sur ce paillage improvisé.
“Il faut délimiter les espaces où vous allez planter”, explique-t-il. Armé d’un marqueur, il dessine plusieurs cercles sur le carton qu’il découpe ensuite au cutteur. Il creuse, dans ces espaces, un trou juste assez profond pour y planter ses pousses de bok choy : c’est le seul travail du sol nécessité par cette technique nécessite.
La terre ainsi prélevée est étalée sur les cartons, pour éviter qu’ils ne s’envolent mais aussi pour accélérer leur dégradation. La jeune pousse est ensuite plantée dans un mélange de compost et de terre. Ricky Baruc l’assure : une saison suffit faire pourrir le carton sous sa couche de terre, révélant un espace parfait pour cultiver. Et ce sans retourner la moindre motte de terre.