Partager la publication "Le monde d’après le Covid-19 vu par ceux qui le feront"
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Corisande, 17 ans : “Changer de modèle, j’ai envie d’y croire”
Mes propos vont peut-être sembler être un rêve immature d’une gamine de 17 ans, mais moi, j’ai envie de croire à cette utopie. On est à un moment où des consciences s’éveillent.
Revenir à la société qu’on a “laissée” avant le confinement serait un désespoir pour beaucoup de gens, étant donné qu’il mène à la perte de l’humanité (notamment avec le réchauffement climatique). Il n’est pas trop tard pour mettre en place une justice sociale et climatique, alors RÉVEILLONS-NOUS !”
Léna, 18 ans : “Cela n’a pas changé mes rêves”
Poème de Flavie, 18 ans
Et après, est-ce que ça changera ?
Et après, qu’est-ce qui se passera ?
J’aime voir l’espoir
J’ai envie d’y croire
La bonté n’est pas perdue
Et l’humanité non plus
Mais j’ai aussi peur
Car il y a les erreurs
Que l’on n’apprend
Jamais à corriger
Malgré le temps
Et celles passées
Et après, comment tu verras ?
Et après, qu’est-ce que tu feras ?
J’écrirai, je raconterai
Jamais je n’oublierai
Je continuerai d’avancer
D’essayer d’expliquer
Aux esprits étriqués
Que le monde doit changer
Que les mentalités sont parfois périmées
Et que les choses peuvent être améliorées
Si une personne grâce à moi,
D’avis changera
Alors je saurai que le monde n’est pas figé
Dans un marbre âgé et glacé
Et après, profiteras-tu ?
Et après, consciente seras-tu ?
Les petits bonheurs apparaissent
Plus forts que jamais
Ils disparaissent
Dans les souvenirs si près
Pourtant si lointains
Une autre vie, un autre chemin
Les cafés entre amis
Les profs en face de toi
Ils étaient proches de soi
Aujourd’hui d’une autre vie
On ne se rend compte de ce que l’on aime dans l’instant
Que lorsque l’on est loin de ces petits moments
Un chocolat chaud manqué
Un après-midi au ciné
Des projets par milliers
Qui ont été basculés
Dans une nouvelle réalité
D’une triste vérité
Et après, quelles leçons ?
Et après, que retiendra-t-on ?
La santé est l’une des choses les plus chères
Que la solidarité est le nerf de la guerre
La communication est trop oubliée
Il faut la converser et l’exploiter
La liberté et la spontanéité
Ne sont pas toujours gagnées
L’air frais est précieux et sain
Pour nos esprits de demain
Et après, je respirerai
Et après, je recommencerai
Et après, je serai grandie
Et après, je profiterai de la vie
Flavie, 18 ans : “Devenir professeure d’Histoire-Géographie”
Cette crise est donc l’occasion pour les grandes puissances de remettre en question le poids que peuvent avoir les pays émergents, et surtout le continent africain.
Je pensais que le confinement allait être une dure épreuve pour moi, mais ce fut une occasion de faire toutes les choses pour lesquelles je ne prenais pas le temps, comme approfondir mes cours ou encore trier de vieilles affaires. Ce confinement a aussi été l’occasion de m’écouter un peu plus et de passer du temps avec mon petit frère et ma petite sœur, que je vois moins depuis mon entrée à la fac. Avec cette crise sanitaire j’ai également pris conscience de l’importance du métier que je veux faire plus tard. Devenir professeure d’Histoire-Géographie me permettra de transmettre à mes élèves les outils pour comprendre le monde et ses problématiques.”
Sonnets confinés de Clarence, 15 ans
Toutes choses le craignent, et lui vit sans souci.
Tous ses pauvres obstacles, il les a abolis.
La mort n’est plus grand-chose et tout bien est à lui.
Sans aucun ennemi, les guerres ont commencé.
Riche de son pouvoir, les inégalités,
Entre lui et les autres, elles n’ont jamais cessé.
L’égoïsme germait. Et la fraternité ?
Puis est venu le grand, le terrifiant bidule,
L’effrayante chose, qui a remis l’humain
Dans sa petitesse, de son poids ridicule.
L’homme a peur de nouveau, a peur du lendemain.
Mon être jeune encore, est saisis et surpris.
Le monde croyait prendre, et voilà qu’il est pris.
Le silence règne, dans la rue, là-dehors.
C’est le silence qui, sans un bruit, me réveille,
Nouveau maître des rues, dans lesquelles on ne sort
Que pour quérir ses soins ou ses douces groseilles.
Je me mets au travail ; c’est l’absence de bruit,
Qui, fort sournoisement me distrait de ma tâche.
Dans un silence froid, digne des sombres nuits…
Les mathématiques, et le français me cachent,
M’évitent de penser, à ce présent si dur.
Le silence est parfait. Une voiture passe,
On court vérifier, on veut être bien sûr…
Le silence a tout pris, écrase de sa masse,
Nos molles et tristes vies. Toute l’humanité,
Son souffle retenu, ne peut pas l’expirer.
III – Désespoir
Ecoutent terrifiés, leur triste indigestion
De réel désespoir (absence de fiction…),
Aussi ainsi nommée : journal télévisé.
Et l’on découvre alors, si on l’a oublié,
Que les morts s’accumulent, et ne font qu’augmenter.
Que dehors c’est la guerre, on ne peut plus le nier !
On doit donc s’inquiéter, on doit désespérer ?
Si l’anxiété nous serre, il n’est pas nécessaire,
De vouloir qu’elle monte, au cou, et nous strangule.
Nous avons assez peur pour ceux qui nous sont chers.
La tristesse nous prend, nous enferme en sa bulle…
Mais, je vous en supplie, comment peut-on lutter,
Si c’est l’oxygène que l’on nous a volé ?
Je vois, j’entends parler, de ces hommes, ces femmes,
Qui, depuis le début de cette ère étrangère,
Se lèvent chaque jour, sans glorifier leur âme,
Pour sauver tout un monde, aujourd’hui comme hier.
Que je les admire ! Qu’ils me paraissent grands !
A risquer leur santé, seulement pour aider,
Seulement pour sauver, la mine décidée,
Ces gens me paraissent des colosses géants !
A les voir s’activer, une envie pourrait naître.
Un désir d’être utile, la vocation secrète
De tout une époque, qui connaît ce triste être,
Qui commande nos vies, sous toutes ses facettes.
Et moi, qui peut l’être, serai-je de ces preux ?
Ils paraissent si hauts ! Puis-je monter vers eux ?
Qui désire encore voir des Hommes mourir ?
S’exclamer « personne ! » serait trop optimiste,
Car, las !, il existe des gens trop égoïstes…
Mais pour les gens sensés, tout doit se terminer.
Il sera alors temps de tirer des leçons,
Pour préserver l’Homme de pareilles années,
Pour le rendre meilleur, qu’il change ses façons.
On pourra retenir de ces temps difficiles,
Que l’Homme n’est pas fort, puissant, indestructible.
On se souviendra de ces gens si utiles,
Qui pour nous soulager sont devenues des cibles,
Du virus détesté. On aura surtout soin,
De devenir enfin, réellement, humains.
Dans les rues, dans les parcs, sortir était commun,
Car j’allais au lycée ; à présent, c’est rageant,
Dans ma chambre enfermée, l’inconnu c’est demain.
Autrefois, je pouvais, sans penser à ma chance,
Etre avec mes amis, avec eux discuter,
S’embrasser, se serrer, et pratiquer la danse,
A deux, à quatre, à huit, toujours se rapprocher.
On ne peut plus faire tout ce que l’on voudrait.
Il y a des personnes à vraiment ménager,
On ne peut visiter ses anciens sans apprêts.
Mais si tout a cessé, c’est pour nous protéger.
Et bientôt, très bientôt, quand nous ressortirons,
Un monde magnifique, à créer nous tendrons.
Sonnets réalisés entre le 30 mars et le 2 avril 2020.