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“Instraviata” : l’opéra de Verdi transformé en BD sur Instagram

Le 04/03/2019 par Pauline Vallée

Élitiste et dépassé, l’opéra ? Arte Concert entend bien casser cette image. Le compte Instagram de la chaîne franco-allemande lance “Instraviata”, une adaptation en bande-dessiné librement inspirée de La Traviata. Les trois actes du célèbre opéra italien ont été découpés en trente épisodes, diffusés à la suite sur le réseau social pendant tout le mois de mars.

L’histoire d’amour passionnée entre Alfredo et la demi-mondaine Violetta, inspirée du roman d’Alexandre Dumas fils La Dame aux camélias, se retrouve ainsi scindée en publications et “stories” d’une quinzaine de secondes pour s’adapter aux contraintes du réseau social.

Un défi de réécriture qui a passionné Léon Maret, l’auteur du projet : “Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ‘La Traviata’ est un drame facilement ‘feuilletonnable’. On peut le comparer aux mangas sentimentaux des années 1980, ou aux soaps comme ‘Plus Belle la vie’. Les contraintes du média ont été un vrai terrain de jeu.”

Opéra façon manga

Exit les décors et les costumes du XVIIIe siècle. Dans cette adaptation modernisée produite par Bigger Than Fiction, l’héroïne Violetta déboule à sa fête au volant d’une Porsche canari, se fait entretenir par un beauf aussi riche que ridicule, et chante son amour pour Alfredo en combinaison pyjama. 

La Traviata, c’est l’histoire d’une nana qui meurt de la syphilis. Il fallait adapter cette réalité pour le grand public, explique Léon Maret. L’esthétique manga permet de donner de la fantaisie et d’inclure une ambiguïté sexuelle, une dimension queer qui n’existait pas dans l’oeuvre originale.”
 

“La Traviata c’est aussi la pub pour le jambon Herta !”
Vous l’aurez compris, cette Traviata 2.0 bouscule joyeusement les codes du genre en lorgnant sur le jeune public. “Je viens d’un milieu socio-culturel où l’opéra est considéré comme une pratique sociale kitsch et bourgeoise. Je n’avais pas de tabou pour toucher à ‘La Traviata’, qui de toute façon a été déjà désacralisée. ‘La Traviata’ c’est aussi la pub pour le jambon Herta !

Découvrir le métier de cantatrice

Un projet pionnier donc, même si le groupe Arte n’en est pas à son coup d’essai en matière de BD sur Instagram. Nous vous avions déjà parlé de son feuilleton Été , chronique sentimentale à succès publiée depuis 2017 sur le compte @ete_arte

Le projet Instraviata, plus expérimental, a nécessité toute une année de travail avant sa sortie officielle. La bande-dessinée s’accompagne d’une mini-série documentaire sur le métier de cantatrice, aux côtés de la soprano franco-danoise Elsa Dreisig. 

Gestion du trac, travail de la voix ou difficulté à équilibrer vie professionnelle et vie privée… La soprano,  sacrée “Révélation lyrique” aux Victoires de la musique classique 2016, nous plonge dans son quotidien.

Entre l’héroïne en mini-short et son interprète au franc-parler, Instraviata donne décidément à l’opéra un sacré coup de jeune.

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