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Islande : l’île de la transition

Dans la course mondiale à la transition énergétique, l’Islande est partie avant tout le monde. Dès les chocs pétroliers de  1973 et 1979, ce pays de 360 000 habitants a compris tout le parti qu’il pouvait tirer de sa géologie exceptionnelle. Avec ses volcans, geysers et sources chaudes.

Grâce à la géo­thermie, cette ressource a priori inépuisable qui se trouve dans son sol, le pays a réussi en l’espace de quelques décennies à se passer de fioul et de charbon pour son chauffage. Son électricité, produite à 70 % par la géothermie et à 30 % par l’hydrolique est donc 100 % renouvelable. Un résultat à faire pâlir d’envie la France, avec ses 23 petits pourcents  !

Pays pionnier, l’Islande a toute­fois un problème de riche. Que faire de toute cette électricité, qui dépasse largement les besoins de sa population ? Elle ne peut être exportée, l’île étant située à plusieurs centaines de kilomètres des plus proches terres habitées. Depuis les années 1990, les gouvernements successifs ont plutôt choisi d’attirer des industries à forte consommation énergétique sur le territoire. Comme les usines de production d’aluminium – ou aujourd’hui les fermes de serveurs informatiques.

Cette article a initialement été publié dans WE DEMAIN n° 33, paru en février 2021. Un numéro toujours disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne

Le paradoxe islandais

En 2016, le secteur industriel représentait 85 % de la consommation électrique de l’île. Contre moins de 5 % pour les ménages. Un phénomène auquel s’ajoute l’augmentation des trafics routier et aérien suscités par le récent boum du tourisme. Qui a permis au pays de se relever après la terrible crise financière de 2008. Tout cela aboutit à ce paradoxe islandais. Malgré une énergie de plus en plus verte, les émissions de gaz à effet de serre par habitant ont continué à augmenter pour devenir les plus élevées d’Europe  !

Avec des glaciers qui disparaissent à vue d’œil, le réchauffement climatique est une réalité très concrète sur l’île. Voilà qui n’échappe pas aux habitants ni à la coalition au pouvoir, menée depuis 2017 par une écologiste, Katrín Jakobsdóttir. Le pays a mis en place un plan climat volontariste. Avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2040, soit dix ans avant l’UE. Pas question pour l’Islande d’abandonner son rôle de pionnier écolo ! 

Légende photo : Merci la géothermie ! C’est la clé de la réussite énergétique islandaise depuis les années 1970 : l’île, située dans l’une des zones volcaniques les plus actives du monde, dispose dans son sous-sol d’une source d’énergie renouvelable à faible impact environnemental. Inaugurée en 1977, la centrale de Krafla a montré la voie. Seulement, aujourd’hui, cette énergie que l’on imagine souvent inépuisable est surexploitée pour répondre à une demande industrielle toujours croissante, et certains puits ont déjà perdu en puissance.


Des algues pour séquestrer le carbone

(Crédit : Simone Tramonte)

Des algues pour séquestrer le carbone : Du fait de l’absence de bois sur l’île, les Islandais ont longtemps utilisé la tourbe ou les algues pour se chauffer. Depuis la généralisation de la géothermie, les algues ont trouvé un autre emploi : la start-up israélienne Algaennovation s’est ainsi implantée aux abords de la centrale de Hellisheiði, dont elle utilise les émissions de carbone pour nourrir ses microalgues. Qui servent ensuite d’aliments pour la pisciculture ou sont utilisées dans la production de colorants.


Reboiser l’Islande

(Crédit : Simone Tramonte)

Reboiser après les Vikings : Les Islandais disent souvent que chez eux, trois arbres suffisent pour constituer une forêt. La faute à leurs ancêtres vikings : venus de Norvège au IXe siècle, ils ont eu la hache facile en colonisant cette terre inhabitée, transformant les forêts de bouleaux en pâturages. Depuis les années 1950, on assiste toutefois à un spectaculaire effort de reboisement de l’île. Des bénévoles comme Hrefna aident les associations forestières en plantant des arbres. L’objectif est à la fois modeste et ambitieux : recréer un couvert forestier de 5 % dans les cinquante prochaines années.


Serre zéro carbone

(Crédit : Simone Tramonte)

Serre zéro carbone : Dans cette serre de 2 000 m2 poussent dans de la pierre ponce quelque 130 000 plants d’orge utilisés par une firme de cosmétique, l’entreprise Bioeffect. Le bâtiment est chauffé par l’énergie géothermique fournie par la centrale électrique voisine de Svartsengi.


Pêcheurs d’Islande

(Crédit : Simone Tramonte)

Pêcheurs d’Islande : Si elle n’est plus la principale activité du pays depuis le boum touristique des années 2010, la pêche continue de représenter quelque 60 % des exportations et 8 % du PIB, et fait travailler 5 % de la population. Sur la côte est du pays, comme ici à Faskrudsfjordur, l’aquaculture est en pleine croissance. Ce qui ne ravit pas forcément les habitants du coin, inquiets de voir disparaitre des paysages d’une majestueuse sauvagerie.

À lire aussi : Comment l’Islande et les Baléares ont réussi à encadrer le tourisme de masse


Salades hors sol

(Crédit : Simone Tramonte)

Salades hors sol : Très à la mode depuis les années 2010, les projets de fermes verticales sont un moyen de contourner les contraintes climatiques extrêmes et de réduire la distance parcourue par les fruits et légumes. Vaxa, fondée en 2018 par deux jeunes entrepreneurs pour cultiver des légumes hors sol à proximité du centre de Reykjavik, est la première du genre en Islande. 

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