Kraft, fibre naturelle, bioplastique… Quelle est l’alternative la plus écolo aux sacs plastique ?

Distribuer des sacs à plastiques à usage unique aux caisses des supermarchés est désormais hors la loi. Cette mesure, qui entre dans le cadre de la loi de transition énergétique, est entrée en vigueur ce vendredi 1er juillet. Elle concerne tous les sacs d’une épaisseur inférieure à 50 microns, excluant donc les sacs réutilisables comme les cabas et les sacs plastique plus épais.

Le consommateur a eu le temps de s’adapter. Depuis une dizaine d’années déjà, les supermarchés font payer des sacs réutilisables en caisse. Résultat, la distribution de sacs plastique a chuté de 12 milliards par an à 700 millions entre 2002 et 2011.

La première enseigne à s’être engagée dans cette démarche, c’était Leclerc, il y a 20 ans. La marque s’en amuse d’ailleurs aujourd’hui dans une publicité en interpellant la Ministre de l’environnement : “Eh oui, Madame Royal, c’était en 1996 et nous avions déjà supprimé nos sacs de caisse. (…) Une loi, 20 ans après ? Pourquoi pas, il n’est jamais trop tard pour bien faire!”

Là où la mesure peut surprendre, c’est qu’elle s’appliquera partout à partir du 1er janvier 2017, c’est-à-dire même dans les rayons de fruits et de légumes, boucheries ou fromageries. Or les consommateurs sont encore nombreux à utiliser les sacs plastique mis à disposition dans ces rayons pour peser et emballer leurs denrées alimentaires. 

Depuis l’annonce de cette interdiction, les alternatives se multiplient pour remplacer les sacs plastique jetables, chacune se voulant plus écolo que l’autre. Laquelle choisir pour minimiser son impact sur l’environnement ? We Demain vous dit tout.

Le remplaçant officiel : le sac en plastique biosourcé

Imperméable, souple, léger et solide, le sac plastique “biosourcé compostable au compostage domicile” s’annonce comme le digne héritier du sac plastique en polyéthylène. Non recyclable, il peut, en revanche, être composté à la maison.

Il est en effet composé en partie de matière biosourcée “d’origine biologique à l’exclusion des matières intégrées dans des formations géologiques ou fossilisées”, détaille le ministère de l’environnement . Plus précisément, de l’amidon de pomme de terre de maïs. Au 1er janvier prochain, la teneur minimum de matière biosourcée dans la composition de ce plastique devra être de 30 %, pour atteindre  60 % en 2025.

Une matière à ne pas confondre avec le plastique oxo-fragmentable. Les sacs composés de cette matière vont être interdits, sans condition d’épaisseur. Sous l’action de la lumière et de la chaleur, ils s’oxydent et se fragmentent en particules de plus en plus petites… mais sans jamais se désagréger entièrement. Pire, les poissons les assimilent à du plancton, ce qui peut le conduire à finir dans nos assiettes. We Demain évoquait récemment le rapport des Nations unies alertant sur les méfaits de ce plastique faussement biodégradable sur l’océan.

Sur le plan économique, la consécration du plastique biosourcé dans les supermarchés va permettre le développement d’une filière en France, qui pourra faire face à la concurrence internationale. Actuellement, 80 % des sacs plastique à usage unique sont importés d’Asie. Selon Les Échos, la filière du plastique vert pourrait créer de 3 000 à 4 000 emplois en France.

Le remplaçant naturel : le sac en papier

Depuis déjà plusieurs années, certains primeurs proposent d’emballer les fruits et légumes dans des sacs en papier kraft. Ces derniers possèdent plusieurs avantages évidents : la nourriture les supporte bien, il sont biodégradables et recyclables. En moyenne, les sacs en papier kraft peuvent être recyclés entre six et huit fois. Quant à leur coût de fabrication, il est moins élevé que celui des sacs en plastique biosourcé.

Dans une interview accordée aux Échos, Pierre Fayard, le président de l’Association française des fabricants de film et de sacs plastique, explique : 
 

“En moyenne, le coût est de 5 euros les 1 000 sacs de plastique classique, contre 15 euros pour l’équivalent en papier et 25 euros pour le plastique compostable à domicile.”

Ce sac n’a pas que des avantages. Fragile, il est généralement à usage unique. Et ses détracteurs le jugent inadapté à certains produits comme la viande, puisqu’il n’est pas imperméable. Mais le principal hic réside dans sa fabrication, particulièrement énergivore. Sa consommation en eau est aussi pointée du doigt, presque huit fois supérieure à celle d’un sac en plastique à usage unique .

Le plus commun : le cabas en fibre synthétique

Les sacs cabas en polypropylène tissé ou non tissé ont été parmi les premières alternatives réutilisables à arriver aux caisses. Les consommateurs les ont rapidement adoptés, particulièrement dans les supermarchés, qui ont transformé ces cabas en supports de  communication.

Le polypropylène (PP) est considéré comme l’un des plastiques les plus prisés du moment. Il présente l’avantage d’être bon marché, permettant de fabriquer des sacs pour un tarif à peine plus élevé que celui des sacs plastique jetables. Très résistants, les cabas en PP peuvent transporter de lourdes charges, jusqu’à 40 kg, selon le-sac-publicitaire.fr . D’autant que le polypropylène est recyclable.

Nécessitant du pétrole et émettant des gaz à effet de serre, le PP reste un plastique. Pas totalement irréprochable donc, il reste néanmoins plus respectueux de l’environnement que les autres plastiques.

Le plus esthétique : le sac en fibre naturelle

Coton, lin, jute, bio ou non… Les cabas en fibre naturelle sont plus chers que leurs équivalents en fibre synthétique. La fabrication de ces sacs issus de plantes est aussi gourmande en ressources, notamment en eau. L’exemple du coton est particulièrement parlant : pour en cultiver 1 kg, il faut plus de 5 000 litres d’eau, selon eaufrance.fr . S’il est issu de l’agriculture biologique, ses besoins en eau sont réduits de moitié. Les principaux avantages de ces sacs en fibre naturelle : ils sont biodégradables et généralement solides.

Mais ces sacs peuvent atteindre des prix assez élevés, surtout lorsque leurs distributeurs jouent la carte de l’esthétique. Un Tote bag, par exemple, sac en toile qui peut servir de sac de course, peut coûter aux alentours de 15 euros. Loin, très loin des quelques centimes que coûte un sac plastique jetable.

La recette la plus écolo ? Réutiliser les sacs

L’alternative la plus efficace aux sacs plastique jetables reste… de ne pas les jeter. Selon une étude de l’Agence britannique pour l’environnement, relatée par Slate , si tous les sacs plastique étaient réutilisés en sacs poubelle, leurs impacts environnementaux en seraient nettement réduits… jusqu’à devenir inférieurs à ceux d’un sac en papier kraft, que l’on n’utilise qu’une fois. Ce dernier devrait être réutilisé sept fois pour être plus respectueux de l’environnement qu’un sac en polyéthylène réutilisé en sac poubelle. Un cabas devrait quant à lui l’être 26 fois et un sac en coton, 327 fois !

Quant à savoir si l’on peut se débarrasser “proprement” d’un cabas, la réponse est non. Car si ce dernier est recyclable, les centres de tri ne sont pas encore en mesure de le traiter. Mais à l’avenir, tous les sacs pourraient devenir biodégradables. C’est ce que laisse imaginer une infographie du nouveau média Qu’est-ce qu’on fait?! . Elle relate une étude publiée fin 2015 par Environmental Science and Technology, qui montre que les vers à farine seraient capables d’ingérer, de digérer et de transformer le polyéthylène en déchets biodégradables.

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