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“L’increvable” : une machine à laver conçue pour durer 50 ans

Un jeune designer français a décidé de s’attaquer à l’obsolescence programmée de nos appareils électroménagers : il a conçu un lave linge simple, évolutif, et surtout réparable.

Le 26/03/2015 par WeDemain
Un jeune designer français a décidé de s’attaquer à l’obsolescence programmée de nos appareils électroménagers : il a conçu un lave linge simple, évolutif, et surtout réparable.
Un jeune designer français a décidé de s’attaquer à l’obsolescence programmée de nos appareils électroménagers : il a conçu un lave linge simple, évolutif, et surtout réparable.

Julien Phedyaeff démonte des objets depuis qu’il est tout petit. Un passe temps qui s’est transformé en passion, au point de devenir son sujet de mémoire, à l’issue de ses études à l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI).

Mais en vingt ans de bidouille, les objets sont devenus de plus en plus difficiles à démonter : vis spéciales, plastiques cassants, soudures… tout semble désormais fait pour décourager le réparateur.

Derrière ce phénomène se cache une stratégie industrielle : l’obsolescence programmée , qui, selon Julien Phedayeff,“dicte notre consommation d’objets” et “permet de faire croître à l’envi la production et l’économie, souvent dans l’irrespect le plus total des ressources, des consommateurs et de la planète.” Pour preuve, si, au début des années 2000, un lave-linge fonctionnait entre 10 et 12 ans, sa durée de vie n’est aujourd’hui plus que de 6 à 9 ans, selon un rapport des Amis de la Terre.

Pour contrer cette tendance, il a créé L’increvable . Une machine à laver conçue pour durer. Tambour, pompe, tableau de commandes… tous les composants sont simplifiés et fabriqués dans des matériaux durables. Mais si sa mécanique semble “rétro”, la machine, qui existe aujourd’hui à l’état de prototype, est pourtant prête à affronter le futur : l’usager peut opter pour un tableau de commande connecté. D’autant que, pour ne jamais se lasser de la voir, il est possible de personnaliser son habillage.

À RÉPARER SOI-MÊME

Conçue pour durer au moins 50 ans, la machine est aussi rodée pour les déménagements. Adieu mal de dos : le traditionnel poids en béton a été remplacé par un réservoir d’eau de 30 litres, qui se remplit tout seul au premier lavage. Et au cas où votre escalier serait trop étroit, la machine est entièrement démontable. Une caractéristique qui permettra également de la vendre en kit à monter soi-même, à la façon des meubles Ikéa. Et donc, à un prix compétitif.

Julien Phedyaeff fait ainsi le pari qu’en montant lui même sa machine, l’usager pourra, à l’avenir, la rafistoler lui-même en cas de pépin. En guise d’assistance, il a créé un site Internet qui guide l’utilisateur à travers toutes les étapes de la réparation, de l’identification de la panne au remontage, vidéos à l’appui. Et s’il ne se sent pas l’âme d’un bricoleur, il pourra toujours faire appel à un pro.

Le jeune designer voit déjà plus loin. Après la machine à laver, il compte fabriquer un réfrigérateur, lui aussi “Increvable”. “À travers cette marque, je ré-évalue la condition de certains objets de grande consommation, qui répondent au concept d’objet ‘stable'”. C’est à dire des objets ayant peu évolué technologiquement et formellement dans un temps donné et qui répondent efficacement à un usage intemporel.”

Outre sa nomination au prix Observeur du Design, qui sera décerné fin 2015 par l’Agence pour la promotion de la création industrielle , L’increvable est également candidate aux James Dyson Award. Si le concept a de quoi séduire le consommateur, il reste cependant à savoir si un industriel sera prêt à fabriquer un objet si peu rentable. Car jamais remplacé…

Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain
 

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