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La Grande Muraille solaire : la Chine transforme un désert en champion de l’énergie verte

Dans les vastes étendues du désert de Kubuqi, autrefois surnommé la “mer de la mort”, s’élève aujourd’hui un projet titanesque : une muraille solaire destinée à alimenter l’équivalent de la ville de Beijing en énergie verte. Le désert Kubuqi est une longue bande de dunes s’étendant sur 262 kilomètres d’Est en Ouest. Septième plus grand désert de Chine, il se situe en Mongolie intérieure. Il y a quelques siècles, cet espace était constitué de prairies vertes mais le surpâturage, notamment, a fini par rendre la zone désertique.

Entre sable et ciel bleu, la Chine a entrepris d’installer des milliers de panneaux photovoltaïques. Un projet pharaonique, au point qu’il est comparé à celui de la Grande Muraille, visible depuis l’espace. Avec cette initiative ambitieuse, la Chine veut transformer non seulement le paysage, mais redéfinir également les standards mondiaux en matière d’innovation énergétique. Une fois en activité, autour de 2030, cette ferme solaire colossale sera capable de générer 100 gigawatts d’énergie solaire. À ce jour, environ 5,4 gigawatts ont déjà été installés, selon les autorités chinoises.

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Un emplacement idéal pour ce projet de Grande Muraille solaire

“Le climat ensoleillé de Kubuqi, son terrain relativement plat et sa proximité avec les centres industriels en font un endroit idéal pour la production d’énergie solaire, explique la NASA dans un communiqué. Des panneaux sont installés dans une longue et étroite bande de dunes, juste au sud du fleuve Jaune, entre les villes de Baotou et de Bayannur.” Les images satellites capturées par les satellites Landsat 8 et 9 de la NASA montrent l’expansion impressionnante des parcs solaires entre décembre 2017 et décembre 2024. Une véritable muraille de lumière qui émerge au cœur du désert. Un parc éolien devrait venir compléter le dispositif.

Vue satellite au démarrage du projet, le 20 décembre 2017. Crédit : Nasa Earth Observatory.
Vue satellite de l’avancée du projet au 8 décembre 2024. Crédit : Nasa Earth Observatory.

“Le désert de Kubuqi, en Mongolie intérieure, était autrefois réputé pour être une ‘mer de la mort’. Plus récemment, ses champs de dunes sont devenus une mer de possibilités photovoltaïques, transformées par une vague de panneaux solaires récemment installés”, ajoute la NASA. Cette construction fait partie du plan pluriannuel de la Chine visant à construire une grande muraille solaire, conçue pour générer suffisamment d’énergie pour alimenter Beijing.”

Junma : le cheval solaire galopant

Ce projet géant est en réalité constitué de plusieurs initiatives. Parmi ces installations, la centrale solaire Junma se distingue particulièrement. Achevée en 2019, elle a établi un record Guinness pour la plus grande image formée par des panneaux solaires, représentant un cheval au galop. Composée de plus de 196 000 modules photovoltaïques, elle génère environ 2 milliards de kilowattheures d’électricité par an, suffisant pour alimenter entre 300 000 et 400 000 personnes. “Junma” signifie “cheval élégant” en mandarin.

Vue aérienne du cheval solaire Junma. Crédit : State Power Investment Corporation Nei Mongol Energy Co.

Au-delà de sa capacité de production énergétique, la centrale Junma pourrait aussi jouer un rôle dans la lutte contre la désertification. Selon les personnes en charge du projet, les panneaux solaires, en fournissant de l’ombre, réduiraient l’évaporation et pourraient permettre la croissance de plantes fourragères et d’autres cultures en dessous. L’implantation des panneaux solaires aident aussi à stabiliser le sable du désert.

Cette approche serait donc susceptible de favoriser la revégétalisation du désert, offrant un habitat à la faune locale et améliorant les conditions de vie des habitants alentour. Des observations satellites menées par Landsat sur des projets similaires menés en plein désert en Chine ont bien montré à un verdissement du désert ces dernières années. À voir cependant si les travaux liés à l’implantation de ces panneaux solaires et leur exploitation ne vont pas perturber la biodiversité locale.

La Chine en tête de la révolution solaire mondiale

En 2024, la Chine a battu son propre record mondial en termes d’installations de capacités de production d’énergie verte. Depuis plus d’une dizaine d’années, le pays est le leader mondial en termes de capacité opérationnelle de parcs solaires et il ne cesse d’accélérer sa transition énergétique. Avec 386 875 mégawatts, il possède environ 51 % des capacités opérationnelles photovoltaïques du monde. Loin devant les États-Unis, deuxièmes avec 79 364 mégawatts (11 %), et l’Inde avec 53 114 mégawatts (7 %). Des performances qui reposent sur des investissements massifs : la Chine y a consacré 50 milliards de dollars de 2011 à 2022, selon des données de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE).

Entre 2017 et 2023, la capacité solaire opérationnelle de la Chine a augmenté en moyenne de près de 40 000 mégawatts par an, une croissance impressionnante comparée aux 8 137 mégawatts annuels des États-Unis sur la même période. L’an dernier, en 2024, c’est quelque 277 gigawatts (GW) de nouvelles capacités solaires que le pays a installé (217 GW en 2023). En parallèle, elle a aussi installées pour 80 GW de nouvelles capacités en éolien. Reste cependant une réalité : la Chine reste encore très dépendante du charbon. La production liée à ce combustible fossile représentait en 2024 environ 53 % du total (contre 60 % en 2023) tandis que les énergies renouvelables étaient à 26,4 % (moitié hydroélectricité, moitié solaire et éolien).

La part des énergies propres dans la consommation totale d’énergie en Chine est passée, au cours de la dernière décennie, de 15,5 % à 26,4 %.

Agence de presse chine nouvelle, 2024

50 000 emplois verts créés d’ici 2030 grâce à la Grande Muraille solaire

Un projet écologique mais aussi économiquement rentable. Le projet dans son ensemble devrait permettre de créer environ 50 000 emplois d’ici 2030. Un vrai soutien à une économie locale qui souffre dans cette région aride. Mais il faudra que ces équipes prennent garde à un vrai défi pour le bon fonctionnement de ces fermes solaires géantes : assurer une maintenance irréprochable pour éviter l’accumulation de sable et de poussière qui pourraient détériorer rapidement les panneaux solaires.

Outre la création d’emplois directs, l’exploitation de cette énergie solaire devrait aussi attirer de nouvelles activités économiques dans la région. Des entreprises soucieuses de produire avec une empreinte carbone limitée et d’avoir accès à une ressource en électricité aussi abondante que peu onéreuse. Cette Grande Muraille solaire sera peut-être capable de transformer une région assez ingrate en pôles d’activité dynamiques grâce à des projets d’énergie renouvelable. Un exemple pour bien d’autres régions du monde en déclin économique.

La Grande Muraille solaire de Chine illustre comment des défis environnementaux peuvent être convertis en opportunités d’innovation. En exploitant les vastes étendues désertiques pour la production d’énergie solaire, la Chine répond non seulement à ses besoins énergétiques croissants, mais contribue également à la lutte contre le changement climatique. C’est aussi la preuve que même les environnements les plus arides peuvent devenir des centres de progrès et de durabilité.

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