Partager la publication "Les déchets numériques ont bondi de 30 % en 12 ans, selon l’ONU"
Aussi dynamique et impressionnante qu’elle soit, l’ère numérique s’accompagne d’un fléau : ses déchets et son empreinte carbone. Dans notre course effrénée vers la digitalisation, ce spectre inquiétant se profile à l’horizon. Le secteur des TIC a émis entre 0,69 et 1,6 gigatonnes de CO2 en 2020, soit 1,5 à 3,2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et, selon un rapport alarmant de l’ONU, la quantité des rebuts technologiques a bondi de 30 % en seulement 12 ans. Ils ont atteint les 10,5 millions de tonnes au niveau mondial en 2022. Selon le Global e-Waste Monitor de l’Université des Nations unies, les déchets électroniques sont le flux de déchets qui connaît la croissance la plus rapide au monde.
“L’économie numérique porte la croissance économique mondiale, mais elle a aussi un impact environnemental”, souligne la secrétaire générale de la CNUCED (ONU commerce et développement), Rebeca Grynspan. Défi écologique majeur, la question est maintenant de savoir que faire de cette montagne de déchets. On parle par exemple d’ordinateurs obsolètes, de smartphones délaissés et d’appareils électroniques en fin de vie.
Le rapport de la CNUCED met en lumière une réalité préoccupante : seuls 24 % de ces déchets sont correctement collectés pour être recyclés au niveau mondial. Ce chiffre tombe même à seulement 7,5 % dans les pays en développement. Le reste finit souvent dans des décharges informelles, polluant sols et nappes phréatiques. Parfois, ces déchets électroniques sont même expédiés illégalement vers des pays en développement. L’impact environnemental est considérable. La production d’appareils électroniques nécessite l’extraction de métaux rares, générant une empreinte carbone importante… et en forte croissance.
Selon la Banque Mondiale, la demande en minéraux nécessaires au secteur du numérique, tels que le graphite, le lithium et le cobalt, pourrait augmenter de 500 % d’ici à 2050. De plus, leur élimination inadéquate libère des substances toxiques dans l’environnement. Selon l’ADEME, “La valeur des matières premières dans les déchets électroniques mondiaux générés en 2019 est égale à environ 57 milliards de dollars américains. Le fer, le cuivre et l’or contribuent principalement à cette valeur.” Voilà une belle opportunité économique manquée du recyclage.
Face à ce constat, des solutions émergent. La CNUCED préconise des “stratégies durables et équitables” pour gérer ces déchets et atténuer leur impact environnemental croissant. Cela implique de repenser notre rapport à la technologie, en favorisant la réparation et le reconditionnement des appareils. Des initiatives comme le “droit à la réparation” gagnent du terrain, encourageant les fabricants à concevoir des produits plus durables et réparables.
L’innovation joue également un rôle crucial. Des entreprises et des instituts développent des technologies de recyclage plus efficaces, capables de récupérer une plus grande partie des matériaux précieux contenus dans ces déchets. Parallèlement, des modèles économiques circulaires émergent, proposant – comme Commown – des appareils en location plutôt qu’à l’achat, incitant ainsi à une gestion plus responsable du cycle de vie des produits.
La sensibilisation du public est essentielle tout comme la mise en place d’un Pacte mondial pour le numérique ambitieux. Actuellement en cours de discussion à l’ONU, cet accord doit être adopté lors du Sommet de l’avenir qui se tiendra en septembre 2024. Ce Pacte porte sur la définition de “principes communs pour un avenir numérique ouvert, libre et sûr pour tous”.
Mais, selon le rapport de la CNUCED, il pourrait aussi être “mis à profit” pour la définition de politiques globales. Des politiques favorisant une économie numérique circulaire, minimisant les impacts environnementaux et réduisant la fracture numérique.
Des chiffres clés pour comprendre l’impact de l’économie numérique
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