Partager la publication "Les designers vont sauver le monde, la preuve en 10 objets"
C’est ce que s’attelle à démontrer l’exposition Invention/Design : Regards croisés, au Musée des Arts et Métiers, à Paris. Visible jusqu’au 6 mars 2016, elle a été conçue en collaboration avec le studio de designers Les Sismo pour contribuer à changer l’image du design dans la société. Frédéric Lecourt, l’un des commissaires de l’exposition et cofondateur des Sismo, en est convaincu : “face au spectre de la dématérialisation, le designer est loin, très loin de disparaître”. Mieux, il pourrait bien représenter l’avenir !
“L’idée est de montrer notre point de vue sur ce qu’est en train de devenir le métier de designer, sur ce qu’est une invention.”
“En dix-huit ans d’expérience, raconte Frédéric Lecourt, on est passé par plein d’étapes. J’ai l’impression d’avoir changé trois ou quatre fois de métier.”
Pour faire face aux mutations actuelles, le cabinet Les Sismo s’est entouré “d’ingénieurs, d’architectes et de programmateurs autodidactes“. Une diversification nécessaire, pour mieux répondre à des enjeux économiques, numériques et environnementaux de plus en plus prégnants au sein de la société. Autant de contraintes avec lesquelles le designer doit composer. “Le designer adore les contraintes. C’est ce qui le différencie de l’artiste“. Artiste qui est, de son côté, libre de créer.
C’est ainsi qu’avec le moins de matière possible, dans un souci de simplicité et de fonctionnalité, deux designers ont par exemple mis au point le LeafBed. Un lit capable de supporter jusqu’à 300 kilos, construit à partir d’un matériau accessible partout : le carton. Déjà utilisé par l’ONU, au Kenya et au Panama, l’objet s’est avéré particulièrement utile lors de catastrophes naturelles, face à la nécessité d’un hébergement d’urgence.
“Il ne faut pas avoir peur des mouvements naturels. Quand une personne commence à dire “de mon temps” je lui demande si elle est morte ! Notre temps, c’est maintenant. Le fait que tout le monde puisse produire et être designer, nous oblige à devenir des chefs d’orchestre“.
Pas question cependant de le nier : les designers “chefs d’orchestre” devront s’adapter à ce nouveau paradigme. Pour le designer, les nouvelles technologies sont de formidables outils qui doivent être utilisés à bon escient. D’autant que, dans une profession en quête perpétuelle de solutions, leurs vertus expérimentales permettent de mieux dompter une donnée incontournable : l’échec.
“On participe prochainement à une conférence à Toulouse : un fail camp, pour parler uniquement de nos échecs car c’est là qu’on apprend, même si c’est très mal vu en France.”
Jean Duffour
Journaliste à We Demain
@JeanDuffour
Tous les objets cités au cours de l’article sont exposés au Musée des Arts et Métiers du 2 juin 2015 au 6 mars 2016.
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