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L’IA à toutes les sauces : les 5 grandes tendances technologiques à suivre en 2025

L’année 2025 s’annonce comme un tournant technologique majeur, porté par des innovations en intelligence artificielle, cybersécurité, robotique, énergie nucléaire et chaîne d’approvisionnement. Focus sur ces cinq axes stratégiques.

Le 30/12/2024 par Florence Santrot
2025 dans les technologies
À quoi ressemblera 2025 sur le plan des technologiques ? Éléments de réponses avec Capgemini. Crédit : da-kuk / iStock.
À quoi ressemblera 2025 sur le plan des technologiques ? Éléments de réponses avec Capgemini. Crédit : da-kuk / iStock.

Alors que l’année 2024 touche à sa fin, une période décisive s’annonce pour le secteur des nouvelles technologiques en 2025. Pour l’année qui se termine, “comme prévu, les semi-conducteurs ont été au centre de l’attention en 2024 avec une évolution significative induite par l’utilisation massive de l’IA et de l’IA générative“, explique Pascal Brier, Directeur de l’Innovation de Capgemini et membre du Comité Exécutif du Groupe. Il a aussi dévoilé, entouré d’experts de chaque thématique, les cinq grandes tendances technologiques à surveiller pour 2025. Ces évolutions, fruit de milliers d’entretiens menés avec des clients et partenaires de Capgemini, marquent des avancées significatives dans la transformation numérique.

“Nous avons identifié les technologies qui atteindront un point d’inflexion ou un nouveau stade de maturité en 2025, notamment grâce à l’impact transformateur de l’intelligence artificielle dans tous les secteurs”, explique Pascal Brier. Certains domaines sont assez évidents, comme l’IA générative ou la cybersécurité, mais d’autres sont plus surprenants, comme le nucléaire, ou vont être bouleversés par l’intelligence artificielle, comme la robotique ou les chaînes d’approvisionnement.

1. IA en 2025 : l’avènement des systèmes multi-agents

L’intelligence artificielle ne cesse d’évoluer et ce sera encore vrai l’an prochain. Alors que les grands modèles de langage (LLM) restent incontournables, 2025 devrait introduire une révolution : les systèmes multi-agents, des agents spécialisés et interconnectés. Ces écosystèmes d’IA combinent efficacité, spécialisation et adaptabilité pour aller au-delà des simples interactions conversationnelles.

Le concept repose sur un fonctionnement décentralisé, le “brokered multi-agent system”. “Une grande LLM centrale, capable d’interpréter une tâche globale, délègue des sous-tâches à des agents plus petits, chacun spécialisé dans un domaine spécifique, explique Pascal Brier. Ces agents, en constante communication, s’organisent pour atteindre les objectifs définis tout en s’adaptant en temps réel à leur environnement.” On aura donc un super agent orchestrant plusieurs IA.

Des écosystèmes d’IA qui pourraient même devenir autonomes 2026

“Le futur de ces systèmes repose sur leur capacité à collaborer et à apprendre. En 2026, ils pourraient être autonomes et flexibles, capables de se coordonner sans supervision humaine directe”, suggère-t-il. Si, aujourd’hui, la centralisation prédomine encore, l’évolution des multi-agents promet de redéfinir les chaînes d’organisation, avec des gains majeurs en efficacité, en personnalisation et en précision. Plus fiables et basés sur des preuves, ces systèmes d’IA sauront gérer des tâches complexes comme la maintenance prédictive ou la chaîne d’approvisionnement sans supervision constante. La montée en puissance d’un super agent orchestrant plusieurs IA optimisera leurs interactions, ouvrant la voie à des écosystèmes innovants et efficaces dans tous les secteurs.

L’intégration de ces systèmes pourrait transformer les entreprises en leur permettant de créer des solutions uniques adaptées à leurs besoins spécifiques. Ce sera notamment crucial dans des domaines très exigeants comme la santé, le droit ou encore la finance. Ces agents peuvent fonctionner avec des données internes, garantissant ainsi un avantage concurrentiel. Cependant, pour maximiser leur potentiel, il faudra des systèmes légers et des infrastructures adaptées.

2. La cybersécurité à l’ère de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle bouleverse également la cybersécurité. Si elle constitue un outil puissant pour protéger les systèmes, elle est aussi une arme redoutable dans les mains des cybercriminels. Les attaques basées sur l’IA, notamment à travers les deepfakes ou l’ingénierie sociale avancée, augmentent en fréquence et en complexité.

Marco Pereira, chef mondial de la sécurité cyber chez Capgemini, rappelle que “ce n’est plus une question de savoir si une organisation sera attaquée, mais combien de fois.” Cette intensification des menaces s’explique par deux facteurs principaux : l’expansion de la surface d’attaque avec le télétravail, l’IoT (objets connectés) et le cloud, et enfin l’adoption rapide des technologies par les acteurs malveillants.

Afin de réduire les risques en la matière, les entreprises doivent se concentrer sur trois axes :

  1. Détection avancée : l’IA peut identifier les anomalies et alerter sur les attaques en cours, en particulier celles basées sur des algorithmes sophistiqués.
  2. Investigation facilitée : en résumant rapidement des quantités massives de données, les outils d’IA réduisent le temps nécessaire à l’analyse des incidents.
  3. Réponse automatisée : grâce à des systèmes capables de réparer les vulnérabilités de manière autonome, les entreprises peuvent limiter les dommages en temps réel.

En 2025, les organisations adoptant ces approches bénéficieront d’un double avantage : une défense proactive et une réduction des coûts liés aux cyberattaques. Mais cette lutte reste un jeu du chat et de la souris où innovation et anticipation sont essentielles.

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3. La robotique boostée par l’IA : des applications au-delà de l’industrie

L’intégration de l’IA dans la robotique représente une autre révolution majeure. Jusqu’ici limités à des environnements contrôlés, les robots deviennent capables de naviguer dans des espaces complexes et de s’adapter à des situations imprévues.

Les grands modèles de langage jouent un rôle crucial dans cette transition. Leur capacité à comprendre des signaux visuels, auditifs et haptiques permet de concevoir des robots plus intuitifs, capables d’interagir avec leur environnement. Sally Epstein, experte en innovation pour Capgemini et basée à Cambridge,  : “Ce qui rend les LLM efficaces pour la conversation peut être réutilisé pour permettre aux robots de planifier, de percevoir et d’agir avec précision.”

Ces avancées s’illustrent notamment dans :

  • La médecine : les robots chirurgiens, équipés d’IA, assistent les praticiens pour améliorer la précision et réduire les erreurs.
  • La logistique : les robots collaboratifs, ou cobots, optimisent les processus dans des environnements industriels ou de stockage.
  • La construction : les robots réduisent les risques pour les travailleurs dans des zones dangereuses ou inaccessibles.

D’après une étude de l’Institut Capgemini, le marché des robots collaboratifs pourrait atteindre 10,4 milliards d’euros d’ici 2035. Cette croissance s’appuie sur la capacité des robots à automatiser des tâches complexes, contribuant ainsi à améliorer les conditions de travail et à réduire les coûts opérationnels.

4. L’énergie nucléaire modulaire : une solution pour répondre aux défis énergétiques

La demande croissante en énergie, notamment pour les centres de données, met en lumière une solution longtemps controversée : l’énergie nucléaire. Les petits réacteurs modulaires (SMR) émergent comme une alternative crédible, offrant flexibilité, modularité et durabilité dans le mix énergétique.

Avec une capacité de production inférieure à 300 mégawatts, ces réacteurs sont plus compacts et nécessitent moins d’espace et de ressources que leurs homologues traditionnels. Ils peuvent également être produits en série, réduisant ainsi les coûts de fabrication et d’installation.

Laurent Bromet, spécialiste en énergie durable, souligne : “Les SMR de génération 3 sont prêts techniquement, mais l’acceptation sociale demeure un défi majeur.” En effet, leur proximité avec les populations soulève des questions sur la sécurité et l’impact environnemental.

Pourtant, leur potentiel est immense. Les hyperscalers (des datacenters à grande échelle), qui sont à la recherche d’énergies bas-carbone, envisagent ces solutions pour alimenter leurs infrastructures. Une partie des Gafam, comme Microsoft, Amazon ou encore Google, tablent tous sur des projets de ce type. Le passage des SMR à une adoption plus large pourrait transformer le mix énergétique mondial, tout en réduisant l’empreinte carbone des grandes industries.

5. Une chaîne d’approvisionnement réinventée grâce aux nouvelles technologies

La pandémie de COVID-19 et les tensions géopolitiques ont exposé les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement traditionnelles. En 2025, ces réseaux se transforment sous l’effet combiné de l’intelligence artificielle, de la blockchain et de l’IoT. Les technologies permettent d’assurer une visibilité en temps réel, de minimiser les perturbations et d’optimiser les opérations. Par exemple, les outils de géofencing et de suivi des stocks permettent de gérer efficacement les pénuries, tandis que la blockchain garantit la traçabilité des matériaux.

Un exemple concret est le passeport numérique pour les batteries, initié par l’Union européenne. À partir de 2027, chaque batterie vendue sur le marché européen devra inclure des informations détaillées sur son origine, son contenu recyclé et son impact environnemental. Emmanuelle Bischoffe Cluzel, experte chez Capgemini, affirme : “Cette transparence renforce la confiance des consommateurs et favorise l’adoption de solutions durables.”

Outre les avancées technologiques, la collaboration entre acteurs de la chaîne est primordiale. Cela implique une communication renforcée entre fournisseurs, fabricants et distributeurs, ainsi qu’une coordination verticale et horizontale. En fin de compte, une chaîne d’approvisionnement agile, verte et connectée est un atout stratégique pour les entreprises dans un monde incertain.

Une convergence technologique en marche

Ces cinq tendances illustrent une convergence des technologies vers un objectif commun : l’adaptation aux besoins futurs, tout en intégrant des valeurs de durabilité et d’éthique. Les systèmes multi-agents révolutionnent la manière de gérer les tâches, tandis que l’IA offre à la cybersécurité et à la robotique des capacités jusqu’ici inaccessibles. Les SMR et les innovations dans les chaînes d’approvisionnement, quant à eux, montrent que les défis énergétiques et logistiques peuvent être relevés grâce à une approche innovante et collaborative.

Pour les entreprises, 2025 est une année de choix stratégiques. Saisir ces opportunités, c’est non seulement rester compétitif, mais aussi contribuer à façonner un avenir plus résilient et durable.

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