Partager la publication "L’intelligence artificielle, championne du recyclage ?"
Ces robots ont été surnommés Sorty McSortface and Sir Sorts-a-Lot. Au-delà de cette touche humoristique, leur efficacité au centre de recyclage du comté de Boulder (Colorado) est réelle. Le premier système robotisé trie les métaux et les plastiques sur la ligne de papier mixte. L’autre extrait le plastique PET et les cartons sur la ligne des déchets en tous genres. Objectif : les envoyer ensuite en recyclage dans des usines avoisinantes.
Au total, l’installation traite plus de 60 000 tonnes de déchets par an, avec l’aide notamment de ces deux robots. Il s’agit en réalité de bras mécaniques articulés dotés d’une griffe en métal à l’extrémité. Ce système a été développé par AMP Robotics à Louisville (Colorado). Au-delà du principe mécanique, l’intérêt de Sorty McSortface and Sir Sorts-a-Lot est qu’ils utilisent l’intelligence artificielle pour trier, sélectionner et attraper les matériaux. Et ce, avec une vitesse et une précision élevées.
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À date, AMP Robotics a installé ses robots dotés d’intelligence artificielle (IA) dans quelque 80 centres de tri à travers les États-Unis. Son modèle, entraîné à “séparer le bon grain de l’ivraie” en quelque sorte, se nomme AMP Neuron. Il utilise la vision par ordinateur pour reconnaître les matériaux recyclables spécifiques dans un flux de déchets complexe. On parle ici d’objets brisés, pliés, en lambeaux, de formes diverses et variées et de détritus combinés ensemble. Même pour un œil humain expérimenté, la tâche peut être ardue.
AMP Neuron est capable de distinguer différents polymères plastiques, divers types de papier, des conteneurs métalliques et même des emballages multicouches. Après scan du tapis roulant, l’IA guide le robot qui attrape les objets à recycler ou les contaminants à éliminer. Et grâce au principe du Machine Learning (apprentissage automatique), le système ne cesse d’en apprendre davantage sur les divers matériaux. Tout en améliorant sa capacité à réaliser un tri efficace. Elle trie déjà plus de 70 milliards d’objets chaque année sur l’ensemble des installations qui utilisent cette IA.
À n’en pas douter, à mesure que la nécessité de mieux recycler les déchets sera prise en compte par les populations à travers le monde, l’IA y aura de plus en plus souvent sa place. D’autant plus que, selon la Banque mondiale, la production mondiale de déchets devrait augmenter de 70 % d’ici 2050 par rapport à 2016.
La précision de l’intelligence artificielle et l’automatisation des robots sont de vrais arguments pour installer de tels systèmes robotiques avancés dans les centres de tri. D’ailleurs, AMP Robotics est loin d’être le seul acteur sur ce marché. On peut également citer outre-Atlantique les sociétés Bulk Handling Systems (USA) et MachineX (Canada).
En Europe, le britannique Recycleye Vision et la société finlandaise ZenRobotics développent leurs propres solutions. Pour ce dernier, son robot, nommé ZenBrain, attrape et trie quelque 6 900 déchets par heure. En outre, il est capable d’identifier jusqu’à 350 types de détritus. On parle de différentes sortes de bois, des emballages noirs ou multicouches, du plastique dur, des déchet de l’industrie du bâtiment… En France, l’éco-organisme Citeo a annoncé en 2022 soutenir six projets autour de l’IA.
Ces technologies couplant reconnaissance d’images et intelligence artificielle permettront d’optimiser la qualité des matériaux recyclés. Un vrai besoin. Car seulement 51 % des Français trient leurs déchets de manière systématique, selon l’Observatoire du Geste de Tri. .
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