Moins de papiers, plus de transparence… les assurances collaboratives débarquent

Devant vous, la berline s’apprête à franchir un stop. Elle s’engage, vous aussi, puis freine soudainement… pas vous. C’est l’accrochage. Rien de méchant, ce n’est que de la tôle et vous êtes bien assuré. À un détail près… la franchise que va vous prélever votre assureur.

Saviez-vous que vous auriez pu l’éviter en souscrivant à une assurance collaborative ? Trois start-up occupent ce créneau en France : Inspeer, We Cover et Otherwise.

“Une assurance collaborative, c’est un pot commun entre les gens d’une communauté, qui est redistribué s’il n’est pas utilisé à la fin de l’année”, résume Louis De Broglie, fondateur d’Inspeer. “Ce modèle, inventé par l’allemand Friendsurance, commence seulement à arriver en France du fait des contraintes réglementaires”. ​

Inspeer : mutualiser les franchises

Lancée en mars 2015, Inspeer est la doyenne française de ces assurances. Faute d’être considérée comme un assureur de plein droit, elle propose une offre limitée aux franchises auto, moto et habitation. “La franchise, c’est la somme dont doit s’acquitter un assuré après un sinistre”, explique Louis de Broglie.

En clair : il faudra payer 300 euros en cas d’accident auto ou de catastrophe naturelle avant d’être indemnisé. Une mauvaise surprise qu’Inspeer permet d’éviter en mutualisant cette somme entre plusieurs personnes, quels que soient leurs assureurs respectifs.

“Il suffit d’inviter ses amis ou sa famille à créer un groupe et de s’engager sur un montant, par exemple 30 euros par an.” Lors d’un sinistre, cet argent est collecté par Inspeer qui le redistribue à l’assuré, moyennant 10 % de commission.“Ainsi, il n’y a rien à payer tant qu’aucun sinistre n’a eu lieu”, explique Louis de Broglie.

We Cover : l’assurance auto hybride

Mais surtout, ce modèle permet de responsabiliser les assurés. Car les autres membres sont notifiés en cas d’utilisation du pot commun. Un modèle particulièrement adapté à l’automobile, les accidents étant très liés au comportement des conducteurs. C’est aussi sur ce créneau que s’est spécialisé We Cover, qui voit plus large :

“D’ici la fin d’année, nous allons proposer une assurance auto dont la moitié sera composée d’un pot commun et l’autre d’un contrat traditionnel”, annonce Brice Le Houérou, cofondateur de la start-up. “Le pot commun paiera les petits sinistres et l’autre moitié l’assurance pour les accidents plus graves – pour lesquels le pot serait insuffisant – ainsi que les taxes et frais de fonctionnement.”

Pour les assurés, cela permet d’être en partie remboursé en fin d’année, tout en payant un prix équivalent à celui d’un contrat classique. Sauf qu’ici, inutile de démarcher ses proches : We Cover a choisi de regrouper ses clients selon leur style de vie. “C’est beaucoup plus simple et plus efficace”, assure Brice Le Houérou.

Ainsi, les jeunes parents, les covoitureurs réguliers ou les citadins pourront se regrouper et échanger entre eux, permettant de se responsabiliser collectivement face au risque. À la clé, des économies pour l’assureur et donc des contrats avantageux pour les assurés.

“Nous avons développé une application d’aide à la conduite qui permet d’adopter des comportements vertueux. À terme nous voulons développer des objets connectés.”

Otherwise : l’assurance collaborative tout-en-un

À quand une mutuelle santé collaborative ? C’est là qu’Otherwise entre en jeu. Elle aussi en discussion avec les autorités de régulation, cette plateforme entend, dès la fin de l’année, regrouper toutes les assurances derrière un guichet virtuel unique. Avec la possibilité pour les clients de récupérer 50 % de leurs cotisations grâce au système du pot commun.

“Nous allons proposer différents produits : habitation, animaux, santé, objets nomades… négociés auprès d’assureurs reconnus”, explique Cécile Mérine, cofondatrice d’Otherwise. Si le pot commun est vide, ou le montant des dégâts trop élevés, l’assureur prend le relais. Autre intérêt : les démarches se feront uniquement en ligne. Les phobiques de la paperasse administrative apprécieront.

“C’est un avantage qu’ont les start-up par rapport à nous qui devons changer tous nos processus”, admet Florent Villain, directeur des projets à la MAIF. La mutuelle niortaise suit de près les initiatives de ces start-up et n’exclut pas de travailler avec elles. “Il y a encore beaucoup de barrières légales. Pour l’instant, ce ne sont que des courtiers d’un point de vue juridique mais ces entreprises sont peut-être en train d’inventer le futur de l’assurance. 2017 sera leur année de vérité.”
 

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